La tua vita per mio figlio
Autres titres:
Real: Alfonso Brescia
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 90mn
Acteurs: Mario Merola, Antonio Sabato, Maria Fiore, Rik Battaglia, Aldo Canti, Marco Girondino, Ugo Bologna, Paolo Villarosa, John Benedy, Emiliano Di Meo, Nicola Di Gioia, Bruno Romagnoli...
Résumé: Ancien mafioso Francesco st aujourd'hui un honnête citoyen qui a construit une famille. Toute sa vie va se trouver bouleversée lorsque son ex-boss resurgit dans sa vie. Il lui demande en effet un ultime travail, tuer Don Asciolla, une des têtes de la mafia milanaise. Francesco lui demande un délai de réflexion mais son jeune fils est kidnappé. Francesco est persuadé que son ex-boss a organisé le rapt...
Septième polizesco d'une série de onze qui deux ans plus tôt marqua la collaboration entre l'infatigable cinéaste Alfonso Brescia et l'acteur napolitain Mario Merola La tua vita per mio figlio se résume à son simple titre. Si Brescia abandonne cette fois Naples pour Milan on retrouve cependant le schéma habituel des films de cette interminable saga, celui d'une vengeance en milieu mafieux, ici celle d'un père prêt à tout pour récupérer vivant son jeune fils kidnappé par un clan rival.
Ce père c'est Don Francesco Acardo, un ancien mafioso devenu un commerçant respectable
depuis maintenant dix ans. Malheureusement pour lui un vieil ami qui l'a jadis aidé, Antonio, et surtout son ancien boss rentré des Etats-Unis, Don Calogero, le rappellent à eux et exigent un ultime travail, un travail qu'il leur doit. S'il veut vivre en paix il devra tuer Sante Asciolla, un boss mafieux proche de Don Michele. Il demande à Don Calogero une journée de réflexion mais son jeune fils Gennarino est kidnappé entre temps à la sortie de l'école. Persuadé que Calogero est le ravisseur il accepte de tuer Asciolla. Au moment où il s'apprête à le tuer il y renonce mais Asciola s'écroule soudainement, tué par un homme embusqué. Au même moment l'épouse de Francesco reçoit un appel anonyme. Les ravisseurs veulent désormais
une rançon de 900000 lires en échange du jeune garçon. Francesco découvre que son boss n'est pas l'auteur du rapt. Ce dernier promet d'aider Francesco à retrouver son fils. Il s'agirait en fait d'un kidnapping organisé par Don Michele, le chef d'un clan rival. Francesco va jouer le tout pour le tout pour sauver la vie de son fils jusqu'à l'affrontement final. Mais dans ces guerres des clans qui joue réellement franc-jeu et qui trompe qui?
Pour ce septième opus des aventures de Mario Merola au coeur de la mafia quelle soit napolitaine, romaine ou milanaise Alfonso Brescia ne s'est pas vraiment compliqué la vie. Coécrit avec Piero Regnoli La tua vita per mio figlio est un simple drame mafieux qui tend
essentiellement à viser la corde sensible du spectateur. Brescia joue en effet à fond la carte du sentimentalisme, principal élément de ce film qu'on peut aisément diviser en trois parties.
La première plus précisément l'ouverture du film est quasiment le copier-coller de celle de Italia a mano armata de Marino Girolami que Brescia pompe allégrement, une ouverture sur les chapeaux de roues que tous les amateurs de courses-poursuites échevelées apprécieront. Le rythme se ralentit par la suite pour laisser place au drame familial qui va occuper la majeure partie du film. C'est dire qu'il ne passe plus grand chose trois bons quarts d'heure durant du moins au niveau de l'action ramené au degré zéro. On s'apitoie, on
pleure. Entre deux chansons, un exercice auquel on ne peut échapper dans une bande dont Mario Merola est le protagoniste, ce dernier fait une crise de paternalisme aigüe. En mari exemplaire et père aimant, fou de son fils, Merola poussé par le désespoir se transforme en vengeur prêt à affronter seul les ravisseurs de la chair de sa chair sous un flots de violons et de sanglots. L'ultime partie soit les vingt dernières minutes renoue avec l'action et surtout la violence de départ lorsqu'on découvre qui sont les véritables kidnappeurs de Gennarino, un petit twist sans grande surprise qui conduira au face à face des deux clans rivaux, Merola prêt à sacrifier pour son fils qui lors de l'affrontement sera blessé.
Malgré son rythme inégal La tua vita per mio figlio est un intéressant film de gangsters, tout à fait classique, qui à l'agressivité, la violence, l'aspect noir propre aux oeuvres mafieuses préfère dessiner des personnages clairs obscurs et surtout mettre plus en avant des valeurs bien plus humaines et sentimentales. L'affection, l'amour, la douleur mais également la reconnaissance et la justice sont ainsi mis en avant mais ce n'est guère surprenant puisque Merola a toujours aimé interpréter ce type de caractère récurrent dans sa filmographie. Brescia sombre par instant dans une certaine mièvrerie de bon aloi (l'enfant qui désire que son père lui chante une chanson, les nombreux plans sur son vieil ours en peluche et ses
jouets, un ours et des jouets très laids soi dit en passant qui ne sont plus vraiment de l'âge de ce pré-adolescent), le tout accompagné d'une partition musicale à l'avenant. Mis en scène avec professionnalisme, La tua vita per mio figlio réserve quelques passages inspirés réalisés avec soin notamment celui des montres, le flash-back qui obsède Merola et le très beau final tourné dans la carrière abandonnée.
Fort heureusement Brescia n'oublie pas d'intégrer à l'ensemble une petite dose de fureur et d'effets sanguinolents afin de nous rappeler que nous sommes dans un polizesco dont le massacre des joueurs de tennis et la course-poursuite qui s'ensuit, des corps criblés de
balles, l'affrontement final et sa conclusion explosive et surtout les maltraitances subies par l'enfant notamment frappé à coups de pied au visage puis plus tard d'un coup de poing. Il fallait oser Brescia l'a fait et on le remercie pour de telles scènes bien difficilement pensables aujourd'hui. Plus efficace qu'une fessée pour les calmer, plus jouissif que les Bisounours!
L'interprétation sans être exceptionnelle est des plus correcte à l'exception de Ugo Bologna absolument pas du tout crédible en boss mafieux. Merola, qui se contente cette fois d'une seule et unique, est égal à lui même ce qui signifie que ses admirateurs le retrouveront tel
qu'ils l'aiment. Tout en ombres et lumières sont Antonio Sabato et Rik Battaglia. Le générique Aldo Canti, le célèbre cascadeur du cinéma italien rendu populaire grâce à la série des 3 supermen, étonnera dans la peau de l'impitoyable gangster Don Michele, une composition brutale qui marquera la fin de sa carrière. Ce sera en effet son ultime apparition à l'écran quelques années avant sa froide exécution dans un parc publique lors d'un règlement de compte mafieux. Un rôle prédestiné? Maria Fiore est la mère éplorée. Quant à Gennarino c'est le petit Marco Girondino qui lui prête ses traits, Second enfant avec Massimo Deda à interpréter de manière récurrente Gennarino, le petit gavroche napolitain, le titi des
rues italiennes, Marco qui fut très proche de Merola jusqu'à sa mort retrouvera quatre fois ce rôle avant de mettre un terme à sa courte carrière au profit de ses études et de sa famille. Le féru de Bis reconnaitra deux futurs stars masculines du hardcore italien non créditées au générique, Bruno Romagnoli et Pino Curia en uniforme de flics..
Ce septième volet des démêlés de Merola avec la mafia devrait sans nul doute plaire à tous ceux qui aiment le personnage. Sans être très original La tua vita per mio figlio est un petit polizesco suffisamment bien ficelé et efficace pour retenir l'attention, une petite pellicule divertissante, accrocheuse qui mêle plutôt bien bons sentiments et violence débridée. Ne boudons pas notre plaisir.