Diario di una vergine romana
Autres titres: Livia una vergine per l'impero / Diary of a roman virgin
Real: Joe D'Amato
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Peplum / Erotique
Durée: 75mn
Acteurs: Lucretia Love, Danilo Mattei Attilio Dottesio, Edmondo Tieghi, Stefano Spitoni, Antonio Casale, Emanuele Seguino, Luigi Antonio Guerra, Domenico Maggio, Mimmo Poli, Nello Pazzafini, Luciano Zanussi, Pietro Torrisi, Francesco Anniballi...
Résumé: Après la destruction d'une partie de Rome par l'éruption du Vésuve Livia, une prostituée au service de l'empereur, est approchée par le sénateur Lucius qui souhaite en faire une de ses courtisanes. Elle accepte, y voyant une manière de rapidement grimper l'échelle sociale mais Livia ne peut se contenter d'un seul homme...
Alors que le péplum, genre qui dans les années 50 et 60 connut en Italie un fulgurant succès, s'est lentement éteint de sa belle mort en 1965, l'ultime fut La sfida dei giganti de Maurizio Lucidi, une poignée de réalisateurs continua de temps à autres à le faire revivre à travers quelques oeuvres souvent anodines aujourd'hui bien oubliées. Parmi elles on trouve l'une des plus obscures pellicules de Joe D'Amato, une des plus rares également, ce Diario di una vergine romana connu aussi sous le titre Livia una vergine per l'impero. Réalisé en
1973 juste après une intéressante incursion dans la décamérotique (Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mariti penitenti) Diario di una vergine romana ressemble avant tout à un patchwork de divers films assemblés bout à bout pour donner vie à une nouvelle entité agrémentée de séquences additionnelles tournées par D'Amato qui semble surtout avoir oublié d'écrire un scénario. L'intrigue, si toutefois on peut appeler cela une intrigue, est ici réduite au strict minimum, si embryonnaire qu'il est difficile de la résumer en plus de quatre phrases.
Après que Rome ait été en partie détruite par l'éruption du Vésuve la belle Livia se retrouve
seule. Elle devient vite une des courtisanes de l'empereur César, une des nombreuses prostituées de Luciila. Désormais liée au souverain et à sa maitresse elle ne peut le quitter sous peine de perdre tous ses privilèges et d'être tuée. Le vieux sénateur Lucius séduit par sa beauté lui demande de se rallier en lui offrant la liberté. Elle accepte malgré les risques consciente des avantages que cela lui apportera. Elle fait assassiner Lucilla et séduit Marcus, le fils adoptif de Lucius, qui souhaite l'épouser. Devant le courroux de son père Marcus le tue puis se fait tuer par les gardes romains. Livia tombe ensuite amoureuse d'un esclave, un adolescent nommé Claudio dans les bras duquel elle meurt suite aux
machinations d'un mystérieux conspirateur, Caio Tullio, dont l'ambition est de devenir sénateur. Il est à son tour assassiné. Claudio est libre mais seul.
Face à une histoire aussi embryonnaire on reste souvent pantois. Rien ne justifie justement l'existence de ce peplum d'une consternante pauvreté tant narrative que budgétaire. On cherche en vain un semblant de scénario, une raison d'être à ce film très court entièrement basé sur le personnage de Livia qui n'a en fin de compte rien à dire ni à faire si ce n'est séduire le fils du sénateur puis un jeune esclave avant d'être tuée d'un coup de hache dans le dos. Afin d'atteindre péniblement 75 toutes petites minutes D'Amato comble la vacuité de l'ensemble par un
nombre impressionnant d'inserts, de stock shots empruntés à beaucoup de péplum qu'on pourra s'amuser à identifier (Sansone, Les derniers jours de Pompei, Anno 79: la distruzione di ercolano... tous de Parolini). Cela donne un coté plus prestigieux au film, masque l'absence de tout moyen tout en apportant une certaine ampleur à la pellicule, moins ennuyeuse, mais ce n'est que de la poudre aux yeux. Toujours pour mieux combler et étirer son film au maximum D'Amato multiplie les scènes de combat de gladiateurs totalement inutiles filmées en outre avec une stupéfiante mollesse, lorsqu'elles ne sont pas agrémentées là encore d'inserts venus d'autres péplum, d'où l'apparition fugace de Pietro Torrisi que le spectateur averti reconnaitra. On pourra également se laisser emporter par
l'ouverture du film, l'interminable destruction de Rome sous la lave, dix longues minutes où se mêlent une pléthore d'inserts à quelques plans réalisés par le cinéaste lui même et pas mal de maquettes. Entre cet interminable cataclysme, les séquences d'arènes et celles d'assaut il ne reste donc plus grand chose venant de D'Amato qui se contente d'y ajouter quelques scènes érotiques et de dialogues insipides particulièrement ennuyeux qui souvent se rattachent mal à l'ensemble, renforçant ce sentiment de vide et surtout d'incohérence. Rien n'a vraiment de sens, rien ne se tient par moment, tout est confus. Diario di una vergine romana ressemble à un brouillon, à une esquisse de film qui cependant n'est pas vraiment désagréable à regarder.
Dès les premières images on reconnait la griffe morbide du cinéaste, celle qui le caractérisera tout au long de sa carrière. On appréciera ainsi les quelques effets gore qui parsèment le film, quelques jolis effets sanglants et morts violentes qui pourront faire penser au futur excès de son Caligula, Caligula la véritable histoire, dont l'ombre plane tout au long du métrage. Au crédit du film toujours une reconstruction de la Rome antique plutôt crédible et très esthétique aidée bien sûr par les stock shots utilisés et, c'est peut être là le principal atout, la présence de Lucretia Love dans le rôle titre, absolument divine, qui n'a très certainement jamais été aussi bien photographiée de toute sa carrière, preuve s'il en était
encore besoin des talents de photographe de D'Amato. Elle nous offre en plus de superbes plans de nu intégral, summum d'un érotisme certes sage mais omniprésent tout au long du film. Il est simplement dommage que D'Amato ait si maladroitement filmé les scènes d'amour, notamment celle entre Livia et Marcus, derrière un rideau opaque qui les transforment en ombres chinoises, une scène plutôt hideuse et surtout frustrante qui de surcroit n'en finit plus de se terminer. On retiendra cependant celle où Livia, recouverte de miel, se fait lécher le corps par un client porcin aux étonnants coups de langue.
Autour de Lucretia on aura le plaisir de retrouver quelques noms du cinéma de genre qui font
ce qu'ils peuvent pour donner un tantinet de consistance à des personnages inexistants, simples silhouettes venues remplir un film vide. Ainsi voit on Attilio Dottesio sous la toge de Lucius, Antonio Casale sous celle de Caio Tullio, Edmondo Tieghi sous la capuche du conspirateur et le séduisant Luigi Antonio Guerra, figure générique incontournable de l'exploitation transalpine. La grosse curiosité de cette distribution est la présence d'un tout jeune Danilo Mattei crédité ici sous son véritable nom, Danilo Mezzetti dont c'était la toute première apparition à l'écran avant que Dino Risi ne lance sa carrière quatre ans plus tard avec Âmes perdues. A tout juste 18 ans, véritable petit apollon tout en muscle uniquement
vêtu d'un slip à la romaine, Danilo incarne Claudio, le jeune esclave qui offre non seulement à Lucretia un très sensuel massage mais également une petite scène d'amour malheureusement pour nous trop courte, un joli moment où l'on pourra profiter du corps et de la beauté juvénile de Danilo.
Peplum absolument dispensable dont les maitres mots pourraient être vide et confusion est ce étonnant si Diario di una vergine romana dut attendre cinq longues années avant de trouver un distributeur. S'il fut réalisé en 1973 le film n'en trouva un qu'en 1978. Pourtant il ne connut aucune sortie salles en Italie et disparut presque aussitôt de la circulation, se
transformant au fil du temps en véritable pièce pour collectionneurs. Il ne réapparut qu'au début des années 2000, exhumé des tiroirs où il sommeillait par l'éphémère et défunte chaine italienne Eros spécialisée dans la diffusion de films érotiques la journée et pornographiques la nuit. C'est dans ce cadre que Diario di una vergine romana fut diffusé et c'est à ce jour semble t-il la seule copie du film qui existe encore.
Reste donc un peplum collage rarissime que Lucretia irradie de sa beauté, quelques scènes qui font illusion, la présence de Danilo et ce charme morbide qui caractérise l'oeuvre du cinéaste. De bonnes raisons pour les passionnés de D'Amato et les collectionneurs invétérés de visionner cette pellicule oubliée qu'il ne faut bien sûr pas confondre avec le péplum pornographique qu'il tournera en 1983 Una vergine per l'impero romano.