Il signor Robinson... mostruosa storia d'amore e d'avventure
Autres titres:
Real: Sergio Corbucci
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Comédie / Aventures
Durée: 102mn
Acteurs: Paolo Villaggio, Zeudi Araya, Percy Hogan, Anna Nogara...
Résumé: Le bateau sur lequel le farfelu Robi et son épouse Magda font leur croisière fait naufrage sur une splendide ile déserte. Robi est le seul survivant. Dans un premier temps il doit apprendre à survivre avant de trouver ses marques sur ce petit paradis. Les mois passent, Robi s'est organisé une petite vie lorsque surgit une ravissante indigène qu'il nomme Vendredi. Tout deux vont cohabiter, apprendre l'un de l'autre mais la civilisation et ses travers manquent terriblement à Robi dont les envies sexuelles commencent à poindre. Malheureusement pour lui le dieu de Vendredi lui interdit toute relation avant le mariage. C'est alors que débarque sur l'ile le prétendant de la jeune femme. D'autres épreuves attendent alors le pauvre Robi...
Aussi éclectique que soit la filmographie deSergio Corbucci un point commun relie cependant une bonne partie de ses films, à savoir un humour souvent noir et surtout un goût évident pour la satire. Réalisé en 1976 Il signor Robinson... mostruosa storia d'amore e d'avventure, une des quelques parodies et autres adaptations du célèbre roman de Daniel Defoe que l'Italie mit en scène dans les années 70, ne fait pas exception à la règle.
Robi, un homme farfelu, et son excentrique épouse Magda sont esclaves de notre société de consommation. Même si Robi a une peur bleue de l'eau et des voyages maritimes le couple
se prépare à partir en croisière. Le bateau fait malheureusement naufrage. Robi est le seul survivant. Il s'échoue sur une splendide ile déserte sur laquelle il va devoir apprendre à survivre, un difficile et parfois douloureux apprentissage. Au fil des mois notre Robinson des temps modernes s'organise. Il s'est habitué à cette vie solitaire même si la civilisation, ses facilités comme ses travers lui manquent beaucoup. C'est alors qu'il s'aperçoit qu'il n'est peut être pas seul sur cette ile. Une mystérieuse silhouette dissimulée sous un masque de paille tourne autour de sa case. Il parvient à la capturer. Il s'agit d'une splendide indigène qu'il décide de nommer Vendredi. Tout deux apprennent à cohabiter ensemble. Robi lui enseigne
ce qui pour lui sont les rudiments de la civilisation: le langage bien sûr mais aussi la télévision, le foot ou plutôt le totocalcio, la mode... mais ce sont surtout ses pulsions sexuelles qui parlent. Robi ne tarde pas à vouloir lui faire l'amour, une choses qu'elle refuse car le Dieu Magnu interdit toute relation sexuelle. Robi va devoir refouler ses envies. C'est alors que débarque Mandingo, le fiancé de Vendredi, qui les amènent dans leur tribu. Robi va devoir subir une série d'épreuves non seulement pour en faire partie mais aussi pour devenir l'époux de la jeune fille. L'issu de ces tests révéleront qui de Mandingo et Robi épousera Vendredi. Robi les remporte finalement. Il a désormais le droit de faire l'amour à sa
prétendante. Alors qu'il s'apprête à lui voler sa virginité le son d'une radio lui parvient jusqu'aux oreilles. Un coffre appartenant au navire naufragé vient de s'échouer sur la plage, avec lui tout ce qui a tant manqué à Robi: des journaux, des publicités, des canettes de coca, les résultats du foot, des billets de banque... Cet inattendu retour de tous ces symboles de notre civilisation font comprendre à Robi qu'il ne peut vivre éternellement sur cette ile. A Vendredi il préfère nettement notre monde moderne et ses futilités. Lorsque Magda et les sauveteurs débarquent sur l'Ile, Robi va devoir choisir entre Vendredi et son épouse acariâtre elle aussi de retour.
Les vingt premières du film peuvent laisser présager du pire. Un pitre un peu niais qui rappelle Alvaro Vitali et son autoritaire de femme partent en voyage sur un faux bateau dans un décor studio et des hublots factices derrière lesquels défilent des images de poissons! On s'agite, on crie comme dans un vaudeville, le spectateur prend peur, une vague déferle sur le navire de studio et... voilà notre luron en pleine mer entrain de nager vers la plage, une vraie mer et plage bien réelle cette fois. Corbucci filme enfin en décors bien réels plantant sa caméra en Sardaigne, sur la plage et les paysages paradisiaques de Cala Luna et ses environs, Cala Gonone et Cala Baunei. Lentement mais surement Il signor Robinson... mostruosa storia d'amore e d'avventure prend sa vitesse de croisière pour se transformer
rapidement en une agréable comédie portée par les fantaisies de Paolo Villaggio, le fameux acteur comique italien qui pendant bien des années incarna le tout aussi fameux personnage de Fantozzi. Paolo / Robi se contente donc de reprendre les grimaces et pitreries de Fantozzi mais de manière un peu plus travaillée, plus mature même, effaçant ainsi le coté un peu débile du personnage. Les gags ne sont pas très originaux mais ils fonctionnent quasiment tous, aussi absurdes ou excessifs soient ils, en grande partie grâce au jeu d'un Villaggio en grande forme qui n'en fait jamais trop.
Le film se scinde en deux parties. La première est exclusivement consacrée à Robi, seul en
scène sur son ile qu'il découvre, aux prises avec une végétation récalcitrante (la noix de coco incassable), une faune parfois peu sympathique (araignées, serpents, un crocodile factice mais crédible et un gorille tout aussi faux mais pas crédible sont au menu) et des conditions climatiques parfois difficiles. Voilà l'occasion pour Villaggio accompagné de son cacatoès de se donner à fond et de faire son show sans pour autant ennuyer ou agacer. Malgré un coté un petit peu répétitif on sourit, on rit, on se distrait , un trait qu'on retrouve dans la seconde moitié du métrage avec l'arrivée de Vendredi interprétée par la toujours aussi ravissante Zeudi Araya en indigène particulièrement sexy et mutine. Et son arrivée coïncide également avec
un léger changement de ton. Le film se teinte par moment d'une plaisante touche d'émotion donnant à Villaggio l'occasion de se montrer plus humain, plus attendrissant sans pour autant sombrer dans un sentimentalisme débordant mais sans jamais pour autant perdre son sens de l'humour. Cet équilibre entre le comique, l'absurdité et l'émotion donne au film son principal atout que renforce la beauté des décors naturels sardes et la qualité de l'interprétation, Villagio et Zeudi en tête mais également l'américain Percy Hogan dans le rôle de Mandingo (clin d'oeil à l'hollywoodien Mandinga), le fiancé de Zeudi ainsi que tous les
acteurs indigènes qui forment la tribu de Vendredi, d'une part crédible, d'autre part évitant de sombrer dans le cliché ridicule .
Si Il signor Robinson... est une comédie c'est avant tout une satire de notre société moderne, de notre civilisation, de la société de consommation dont Corbucci se moque tout en montrant ses travers. Le discours n'est pas nouveau, le cinéaste n'apporte rien de très neuf. Il se contente de mettre en parallèle notre monde occidental dit civilisé et celui bien plus rudimentaire mais tellement plus naturel et profond des peuplades dites primitives qui détiennent la véritable valeurs des choses, de la vie. Le problème du racisme est quant à lui
souvent en filigrane laissant sous entendre que deux êtres de couleur différente ne peuvent vivre ensemble du point de vue bien sûr du blanc. "Tu es noire, je suis blanc" dit Robi à Vendredi qui lui rétorque: "Non je suis noire et toi tu es un idiot" lors de l'émouvant final où chacun retrouvera sa place.
Quelque peu différent des comédies et sexy comédies qui envahissaient alors les écrans Il signor Robinson... mostruosa storia d'amore e d'avventure est une pellicule tout à fait divertissante, fraiche, drôle, une sympathique comédie exotique satirique teintée d'un zeste de tendresse que l'amateur prendra d'autant plus de plaisir à visionner que Zeudi Araya dont le mari est le producteur du film la traverse tel un rayon de lumière tropicale. Quant aux fans de Fantozzi ils retrouveront leur idole en parfaite forme ou d'une pierre (à feu) deux coups!
Zeudi Araya tournera de nouveau pour Corbucci en 1978 dans le thriller politique Giallo napoletano avec Marcello Mastroianni.