Il castello dalle porte di fuoco
Autres titres: Le monstre du château / Ivanna / El castillo de Frankenstein / Ivanna: El castillo de la puerta de fuego / Scream of the demon lover / Castle of blood / Altar of blood / Killers of the castle of blood
Real: José Luis Merino
Année: 1970
Origine: Espagne / Italie
Genre: Horreur
Durée: 93mn
Acteurs: Erna Schurer, Agostina Belli, Carlos Quiney, Cristiana Galioni, Mariano Vidal Molina, Enzo Fisichella, Antonio Jimenez Escribado, Ezio Sancrotti, Giancarlo Fantini, Franco Moraldi, Renato Paracchi, Javier De Rivera...
Résumé: Biochimiste réputée Ivanna Radovski arrive au château du baron Dalmar pour l'assister dans ses travaux sur les origines de la vie. Ni la vague de meurtres sauvages qui déferle sur la région ni la maléfique réputation du baron n'effraie la jeune femme qui décide de rester au manoir au grand désespoir de la gouvernante Olga. Dalmar lui révèle qu'il conserve le corps carbonisé de son frère dans un bain spécial afin de régénérer ses tissus et le ressusciter. Très vite Ivanna est prise de cauchemars. Elle se voit assaillie par un monstre...
Auteur de toute une série de westerns, de films d'aventures et de guerre le prolifique espagnol José Luis Merino a également commis quelques petits films d'horreur dont fait partie Il castello dalle porte di fuoco plus connu en France sous le titre Le monstre du château dont la seule originalité est de mélanger l'épouvante gothique traditionnelle au giallo, un genre alors en plein essor en Italie. Un pari au quart réussi ou au quart raté selon le coté duquel on se place.
Au XIX siècle quelque part en Europe centrale, la séduisante Ivanna Radovski, biochimiste réputée, doit se rendre au château du baron Janos Dalmar afin d'assister le châtelain dans ses expériences sur les origines de la vie et la longévité. Dés son arrivée au village elle se heurte à l'hostilité des autochtones terrifiés par le nom même des Dalmar. Il faut dire que depuis quelques temps des jeunes femmes sont retrouvées brutalement assassinées, une série de meurtres qui laisse l'inspecteur chargé de l'enquête perplexe. Tout désignerait le baron et ses chiens comme parfait coupable d'autant plus que son frère Igor fut autrefois tué dans un incendie qui ravagea le château. L'homme vit depuis reclus avec sa gouvernante Olga et ses domestiques et se livre à d'étranges expériences. Courageuse Ivanna se rend
cependant au château où Olga l'accueille froidement. Malgré cet accueil et l'étrangeté du baron elle décide de rester au grand désespoir de Olga qui la voit comme une rivale. Elle est en effet amoureuse du baron tout comme Cristiana la jeune domestique. Très mal à l'aise Ivanna est sur le point de quitter le manoir lorsque le baron l'invite dans son laboratoire secret pour lui révéler l'objectif de ses incroyables expériences. A l'origine de l'incendie dans lequel Ivan trouva la mort il maintient dans un horrible liquide le corps carbonisé de celui ci en espérant régénérer ses tissus et lui redonner vie. Impressionnée par un tel travail de recherches Ivanna décide de rester et de l'aider. Dés lors elle est en proie à de terribles
cauchemars où elle se voit enchainée nue dans une crypte, une main monstrueuse caressant son corps. Incapable de discerner rêve et réalité Ivanna est de plus en plus troublée tandis que l'assassin continue ses méfaits dans la région. Une ombre épie sans cesse la jeune femme. Le baron qu'elle finira par épouser est de plus en plus mystérieux. Est il le meurtrier? Est-il lycanthrope, la plupart des assassinats ayant lieu à la pleine lune? y a t-il une créature monstrueuse tapie au château? Ivan est il encore en vie? Ivanna trouvera la réponse à ses questions dans l'aile privée du domaine qui lui était strictement interdite.
A la lecture du scénario on peut rester bouché bée devant une histoire aussi peu probable qui mange à tous les râteliers. Dans la plus grande confusion Merino mélange les genres et les thèmes faisant fi de tout bon sens. L'ombre de Frankenstein est présente durant tout le film bien entendu par le biais du baron Dalmar à laquelle s'ajoutent une touche de lycanthropie, un nuage de thriller sadomasochiste sur fond de complot, une pincée de films de créatures monstrueuses, l'ensemble baignant dans une atmosphère d'épouvante gothique à l'italienne et de malédiction. Merino n'est pas le premier à avoir tenté de tels mariages, tout irait même pour le mieux s'il savait exactement quelle direction prendre. Un des gros soucis du film est qu'il part tout azimut, s'égare et par la même égare le spectateur
déjà peu concerné par cette abracadabrante intrigue desservie par de longs dialogues souvent peu crédibles frisant l'absurde et une interprétation sans relief peu convaincante encore moins convaincue. Pensant ainsi brouiller les pistes et obscurcir son énigme Merino a cru bon de rendre flous ses personnages dont on ne comprend guère les motivations et leurs divers agissements. D'Olga la sombre gouvernante rongée par la haine, l'amour, la jalousie aux vieux domestiques en passant par Cristiana, la belle et trouble servante qui au final n'a aucun rôle réellement défini si ce n'est de se faire tuer un peu comme si le cinéaste ne savait plus en faire aucun ne semble suivre une véritable logique. Le plus ironique est
que tout cela est bien inutile puisqu'il est très facile de percer le secret de ce château, de très vite comprendre les tenants et aboutissants d'une histoire qui se veut complexe mais cependant si limpide et surtout rabâchée.
Exit donc le suspens assez mal entretenu par tous ces vains efforts et ce n'est guère sur l'érotisme, les effets sanglants ni même l'atmosphère qu'on pourra malheureusement se rattraper. On devra en effet se contenter de quelques brefs plans de poitrines dénudées et de nus très pudiques. Les rares meurtres (trois en tout et pour tout) sont pour la plupart hors champ ou suggérés. Quant à la créature elle nous ramène au bon vieux temps des films de monstres des années 50 et fait soudainement basculer cette petite série B vers la pure série Z, un masque en latex pré-Freddy Krueger, d'énormes mains également en latex, une perruque jetée lors du plan final et le tour est joué.
Tourné en partie au château de Montechiarugolo Le monstre du château ne parvient à aucun moment à profiter de son décor encore moins à créer une véritable ambiance, cette atmosphère propre à l'épouvante gothique. Merino n'en fait qu'utiliser les principaux éléments (nuits d'orage, longs corridors, crypte, ombres menaçantes...) sans grande imagination, de manière fade, sans jamais créer le moindre frisson si ce n'est au bout d'un moment celui de l'ennui. Surnagent ça et là quelques bons moments notamment la confrontation entre les deux frères dans la pièce secrète de l'aile.
Quant aux reconstitutions studio elles sont tout aussi pâles et trahissent un évident manque de budget. Le laboratoire de Dalmar en devient presque hideux.
On pourra se réjouir de revoir Erna Schurer, superbe, en biochimiste façon dix neuvième siècle, une caractéristique qui fera beaucoup rire car déjà si invraisemblable. Erna est belle, Erna est très belle, Erna est une femme décidée, Erna ose quelques nus discrets mais on sent Erna bien peu convaincue par son rôle, incapable de donner un peu de crédibilité à l'histoire à l'instar de ses partenaires. Carlos Quiney qui incarna Zorro dans les adaptations de Merino fronce beaucoup les sourcils mais il est un piètre baron. L'anonyme Cristiana Galloni espionne et fusille du regard Erna tout au long du métrage mais est incapable de donner une dimension inquiétante à son rôle de gouvernante austère et jalouse. Quant à Agostina Belli encore débutante elle traverse le film sans but précis tant son personnage est mal écrit et plutôt inutile.
S'il y a peu de chance que Le monstre du château, tardivement sorti sur nos écrans en 76, satisfasse tant les amateurs assidus de gothique, de thrillers horrifiques, que les amoureux de films de monstres il reste néanmoins un modeste divertissement à voir comme une curiosité italo-espagnole d'un autre temps dans laquelle rayonne surtout Erna. Absurde, souvent risible mais ludique Le monstre du château montre surtout l'incapacité de Merino à mettre en scène un bon film d'horreur gothique à des lieues d'égaler ses pères italiens que sont notamment Mario Bava et Antonio Margheriti. Fort heureusement il se rattrapera quelques années plus tard avec cette fois une pépite de l'horreur ibérique, l'excellent Les orgies macabres avec un Paul Naschy voyeur et nécrophiles particulièrement inquiétant.