La donna lupo
Autres titres: The man-eater
Real: Aurelio Grimaldi
Année: 1999
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 76mn
Acteurs: Loredana Cannata, Arturo Paglia, Pascal Persiano, Francesco Di Leva, Gianluca Cuomo, Loredana Solfizi, Marcello Aiello, Johnny Scavone, Massimiliano Lagonaro, Nicole Alexandropulos, Marta Bifano...
Résumé: Giulia est nymphomane. Elle multiplie les aventures d'une nuit afin de satisfaire ses besoins de sexe. A chaque nouvelle rencontre, elle change de nom et d'adresse afin que ses amants d'une nuit ne la retrouvent pas. Valerio, un étudiant désoeuvré, croise un jour son chemin. Il tombe amoureux de Giulia mais la jeune femme a une fois de plus disparu. Comme obsédé par cette mystérieuse femme, Valerio va tenter de la retrouver et lui faire changer de vie. Mais Giulia est elle prête à se ranger par amour?
Auteur du magnifique diptyque [Mery per sempre et Ragazzi fuori|/index.php?post/2010/07/06/Que-sont-ils-devenus%3A-Les-jeunes-acteurs-de-Mery-per-sempre-/-Ragazzi-fuori-ou-un-chemin-de-croix%21], Aurelio Grimaldi a débuté sa carrière de metteur en scène en 1992 avec une oeuvre forte mais mitigée, La discesa di Acla a Floristella, sur les actes pédophiles dont de très jeunes adolescents, mis très tôt au travail, étaient victimes au fond des mines de souffre au début du siècle. Spécialisé dans un certain cinéma qui se veut auteurisant, Grimaldi tenta par la suite une sorte de spin-off raté de son fameux diptyque, Le buttane, puis tenta un hommage à Pasolini avec le beaucoup trop fade Nerolio. Si les qualités esthétiques sont évidentes, si l'intention est là, force est de
constater que le talent n'est malheureusement pas au rendez-vous. Le mot ennui résume très bien à lui seul l'oeuvre du cinéaste. La donna lupo ne fait que confirmer cette triste impression.
La femme-louve du titre est Giulia, une jeune et magnifique nymphomane qui pour satisfaire ses insatiables besoins sexuels collectionne les aventures d'une nuit. A chaque nouvelle rencontre elle change d'identité et donne une fausse adresse afin que ses amants ne puissent pas la retrouver. De ses expériences elle aimerait en faire un livre qu'elle a commencé à écrire du moins c'est ce qu'elle fait croire. Elle croise un jour la route d'un
étudiant quelque peu perdu, Valerio, qui tombe sous son charme. Après avoir couché avec lui, Giulia a comme toujours disparu. Epris de cette mystérieuse femme Valerio va tout faire pour tenter de la retrouver. Il y parvient enfin et aimerait l'aider à changer de vie afin de couler des jours heureux auprès d'elle. Après une ultime nuit, Valerio se réveille. Giulia s'est de nouveau évaporée. Elle poursuit sa vie dissolue et continue son livre.
A semblant de scénario semblant de film. La donna lupo est à l'image même de sa simplissime histoire, microscopique, quasi inexistante. 70 minutes durant Grimaldi se contente d'enchainer les aventures sexuellement débridées de cette dévoreuse d'hommes
aussi belle qu'insaisissable. Un homme aisé, deux petits fanfarons et Valerio, un étudiant désoeuvré qui voit en elle la femme de sa vie jusqu'au moment où il découvre qu'elle n'est qu'une putain affamée et va essayer en vain de la faire changer de vie. Cela aurait pu avoir un certain intérêt s'il y avait une intrigue ce dont La donna lupo est totalement dépourvu. Voilà un film vide, exempt de trame narrative et de tout rebondissement, tant et si bien qu'on peut se demander ce que Grimaldi a bien voulu dire cette fois, quel fut son objectif si ce n'est de faire un film érotique à la limite de la pornographie, gratuit et complaisant afin de provoquer, heurter le public et créer ainsi une mini vague de scandale. C'est bel et bien là le seul but de
ce film qui étonnera par son audace à une époque où l'Italie s'était depuis déjà bien longtemps fortement assagie. Point étonnant toutefois de la part de Grimaldi qui a toujours aimé piquer au vif le spectateur même de façon le plus souvent maladroite. La donna lupo représente donc une sorte de summum dans l'outrage qui débute dés les toutes premières images. L'ouverture filmée de manière frénétique, dans un noir et blanc granuleux, laissait en effet augurer du meilleur. On y découvre Giulia entrain d'exécuter un strip-tease sauvage, particulièrement suggestif, au son d'une entêtante, obsédante, musique tribale avant de mimer l'acte sexuel avec un ours en peluche, remplacé un peu plus loin par un serpent
fortement phallique, durant lequel Grimaldi filme de façon contemplative le sexe de la jeune femme qui se frotte contre l'animal. Il s'agit apparemment d'un sex-show, Giulia serait elle artiste? On ne le saura jamais. Cette ouverture, fascinante, prenante, ne semble avoir aucun rapport avec le reste du film qui, mollement, enchaine aussitôt sur les multiples aventures de cette femme. L'ennui gagne assez vite le spectateur bercé par le coté ronflant du film, répétitif, creux. Seul le coté outrancier de l'ensemble le tient alors en éveil puisque aussi surprenant que cela puisse paraitre, Grimaldi flirte sans cesse avec la douce pornographie. A t-on ainsi droit à une très jolie et inattendue fellation filmée en gros plan, très sensuelle, une
masturbation frontale tout aussi détaillée suivie d'un doigtage plus qu'explicite, quelques beaux ébats subaquatiques dans une piscine qui ne cachent rien ou si peu dont un surprenant cunnilingus, une pénétration plus que suggestive et quelques caresses sexuelles particulièrement excitantes. Toujours au crédit du film une superbe photographie qui met en valeur des décors luxueux qui donnent à l'ensemble un coté papier glacé pour érotisme clinquant et le font ressembler à ces mélodrames roses qui envahissent les chaines du câble, une pointe de pornographie chic en plus.
Il est clair que l'intention de Grimaldi était de faire un film érotique d'auteur à la Tinto Brass
sur l'émancipation de la femme sous toutes ses formes possibles et imaginables mais il semble incapable de traiter et d'analyser son sujet qui ne dépasse guère le niveau d'un quelconque film érotique lambda qu'il agrémente de plans hardcore afin de créer un semblant de scandale. Cette provocation gratuite tombe néanmoins très vite à l'eau tant sa mise en scène est transparente, l'intrigue creuse parsemée de scènes ridicules mais très drôles destinées à satisfaire les instincts voyeurs du public n'ayant que peu de rapport avec l'histoire. Un bel exemple est celle des quatre copains qui après une discussion hallucinante sur la fellation vont voir un groupe de travestis prostitués afin de mettre en pratique leurs
allégations. Montés sur le toit d'une voiture, amis et travestis, chacun leur tour, effectuent un strip-tease dans le plus pur style Chippendales. Les deux plus gros sexes se suceront alors de quoi ravir sinon exciter le spectateur vicieux qui sommeille en nous. Cette remarque vaut également pour la scène où Grimaldi filme en plan serré Francesco entrain d'enfiler un préservatif ou de se caresser le sexe avant d'uriner rapidement rejoint par son camarade qui de son coté défèque puis s'affaire à sa toilette intime.
Au final il apparait que Grimaldi n'a tout simplement rien à dire et à démontrer encore moins à montrer si ce n'est les formes et l'intimité de son actrice principale, la désinhibée Loredana Cannata. Plus connue en Italie pour ses revendications contre les maltraitances des
animaux et sa philosophie de vie végétalienne que pour son métier de comédienne, celle qui affirme vivre en buvant 10 litres d'eau par jour a au moins un avantage hormis d'être sauvagement belle et naturelle, celui d'avoir un certain talent d'actrice. Pour sa toute première prestation à l'écran elle s'offre corps et âme à la caméra de Grimaldi, insolente, audacieuse, une prestation qu'elle ne renouvellera plus puisque sa carrière stagnera très vite. A ses cotés comment ne pas être étourdi par la beauté latine d'un tout jeune Arturo Paglia dont on pourra découvrir et admirer le sexe généreux lors de la fameuse fellation. On reconnaitra également
Francesco De Leva lui aussi à ses débuts tout aussi peu timide lors du fameux strip-tease et de ses ablutions.
Des prétentions auteurisantes de Grimaldi il n'en reste quasiment rien si ce n'est quelques infimes traces. La donna lupo est une oeuvre vide dont le seul intérêt reste de satisfaire les instincts voyeurs du spectateur qui se régalera de tous ces détails intimes féminins et masculins... surtout masculins. Au final La donna lupo n'est qu'un banal film de sexploitation revu et corrigé façon années 2000.