No il caso é felicemente risolto
Autres titres: No the case is happily resolved / Betrachten wir die angelegenheit als abgeslosschen
Real: Vittorio Salerno
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Drame / Polar
Durée: 88mn
Acteurs: Enzo Cerusico, Riccardo Cucciolla, Enrico Maria Salerno, Martine Brochard, Junie Vetusto, Umberto Raho, Enzo Garinei, Loredana Martinez, Antonella Dogan, Claudio Nicastro, Nazzareno Natale, Gualtiero Rispoli, Franco Mazzieri, Eleonora Mauro, Giangiacomo Elia, Roberto Santi, Ornella Ghezzi, Luigi Antonio Guerra, Sandra Locci, Elio Marconato, Riccardo Mangano, Giovanna Mainardi, Enrico Marciani, Piero Mazzinghi, Riziero Pauselli, Marco Mariani, Fernando Cerulli...
Résumé: Fabio, un petit ouvrier, est entrain de tranquillement pêcher au bord d'un étang lorsqu'il est alerté par les cris d'une femme. Il aperçoit un homme entrain de tuer la malheureuse à coups de barre métallique. Il s'enfuit mais l'homme le suit. Il parvient à le semer et regagne son domicile, terrifié à l'idée d'aller à la police. Il préfère se taire lorsqu'il découvre avec horreur dans la presse qu'on le prend pour le tueur. Un témoin l'aurait vu fuir le lieu du crime. Il découvre vite que le témoin n'est autre que le tueur lui même, un homme respectable, qui lui a fait endosser le meurtre...
Frère du grand Enrico Maria Salerno, Vittorio Salerno plus connu comme scénariste s'essaya à la mise en scène en réalisant dés 1973 trois films, deux polars, No il caso è felicemente risolto et le violentissime Fango bollente, et un tout petit film d'horreur totalement dispensable, Les forces du mal. Premier de la liste No il caso è felicemente risolto annonce par certains aspects son film suivant ne serait ce que par la violence du meurtre qui ouvre le film, malsain, complaisant, complètement gratuit, mais également par l'improbabilité d'un scénario pourtant intelligent mais malheureusement bâclé dans son développement.
Fabio Santamaria pêche au bord d'un étang lorsqu'il entend des appels au secours. Intrigué, il s'avance dans les champs avoisinants et aperçoit un homme, une barre de métal couverte de sang à la main. Il vient de massacrer une femme, une prostituée qu'il venait de lever quelques heures plus tôt. Fabio s'enfuit, monte à bord de sa voiture et tente de regagner Rome. L'homme le suit mais il parvient à le semer. Terrorisé par ce qu'il a vu, Fabio ne sait que faire. Il hésite à aller voir la police de peur d'être accusé. Le lendemain le crime fait la une des journaux. Il est loin d'imaginer que le tueur, un professeur d'université et honnête citoyen aimé de tous, s'est rendu au commissariat en tant que témoin du crime. Il a décrit
Fabio comme étant celui que les journaux appellent désormais le monstre de Rome. Pris au piège, se sentant traqué, Fabio fuit sa femme et se terre. A bout, il finit par aller chez le professeur, le menace de tout révéler mais l'homme a tout prévu. Non seulement il le convainc que ce sera sa parole contre la sienne mais que s'il se rend il dira aux forces de l'ordre lors de l'authentification qu'il ne le reconnait pas. Ainsi Fabio sera libre et le professeur vivra toute sa vie avec l'horreur du geste qu'il a commis, la seule et unique punition qu'il recherche, plus atroce que n'importe quelle peine d'emprisonnement. Malheureusement rien ne se passe comme prévu. Fabio est accusé, jugé et emprisonné malgré les doutes qui
n'ont jamais quitté un journaliste qui a suivi l'affaire, persuadé dés le départ que le véritable criminel était cet homme si tranquille bien sous tout rapport.
No il caso è felicemente risolto avait tout au départ pour être un excellent film, fort, intelligent, teinté d'émotion, qui collait parfaitement à son époque, celle d'une Italie en plein chaos qui n'avait plus foi en sa justice. Le cinéma italien en avait fait un de ses thèmes privilégiés, celui du malfonctionnement de la justice, des carences tant administratives que structurelles de la magistrature et les tares d'un système judiciaire dépassé qui se base plus sur les preuves oculaires que sur les faits eux mêmes. Salerno joue donc la carte de la dénonciation sociale
tout en tentant une analyse de l'âme humaine comme l'ont si bien fait des réalisateurs tels que Damiani, Petri ou Rosi. Le cinéaste se veut avant tout sincère tout en étant amer tout au long de cette histoire axée sur deux personnages principaux: un honnête petit ouvrier manipulé, trompé puis progressivement détruit par un professeur universitaire aimé de tous, un homme sans scrupule qui pour sauver sa peau n'hésitera pas à faire de la vie de ce malheureux un véritable cauchemar en jouant de sa position sociale. C'est la culture et le pouvoir, la représentation d'une certaine petite bourgeoisie contre le prolétariat vers laquelle Salerno pointe son doigt accusateur par le biais d'un crime odieux, barbare, celui là même
qui ouvre le film dans une atmosphère particulièrement maladive, une scène d'anthologie qui pourra mettre mal à l'aise durant laquelle on voit une jeune prostituée, terrifiée, courant à travers champs, poursuivie par un homme armé d'une barre de fer. Elle ne pourra lui échapper. Une fois à terre, l'homme, incontrôlable, véritable bête sauvage, se met à la frapper violemment avant de se rendre compte de l'abomination qu'il vient de commettre. Malheureusement pour lui, un témoin l'a vu. Le bras de fer peut alors commencer entre ses deux hommes. C'est par la suite que les choses se compliquent.
La première partie du film est particulièrement prenante. On assiste à la descente aux enfers
de ce pauvre ouvrier, terrorisé par ce qu'il a vu, incapable d'aller à la police par peur d'être accusé, d'être la victime d'une justice qui frappe toujours sur les plus faibles, les plus pauvres, loin d'imaginer que l'assassin allait faire preuve d'une étonnante perversion. Lorsqu'il découvre qu'il a retourné la situation contre lui en le faisant passer pour le coupable, c'est pour lui le début d'une spirale infernale qui va l'entrainer au fond du gouffre. Salerno dresse d'un coté le portrait d'un homme accablé, terrifié, révolté par un tel comportement, de l'autre celui d'un homme d'une extraordinaire froideur, calculateur, cruel mais ravagé par le remord et le souvenir de l'acte inhumain qu'il a commis avec lequel il devra désormais vivre
toute sa vie. Salerno fait jusque là preuve de rigueur, la mise en scène est sèche, l'intrigue malgré quelques failles reste crédible, le rythme est alerte, l'émotion bel et bien présente. Pourquoi diable semble t-il s'être relâché dés la seconde moitié du film qui s'attache à la trahison du professeur, l'arrestation de Fabio et sa condamnation ?
Dés lors il accumule en effet les invraisemblances, les improbabilités, fait parfois fi de toute logique, les évènements s'accélèrent, tout va très vite ce qui donne parfois l'impression que le metteur en scène veut en finir au plus vite. Tout le récit perd alors de sa force et les personnages plus précisément celui de Fabio sombre dans un certain ridicule, perd de sa
crédibilité, frise par moment la parodie. S'il était jusque là attachant, s'il inspirait la pitié, il devient irritant tant il est naïf. On espère alors un revirement de situation, un nouveau rebondissement qui pourrait redonner au film son énergie, raviver le feu de l'émotion. Que nenni! Salerno préfère intégrer quelques scènes pseudo humaines qui ne fonctionnent pas vraiment notamment par le biais de l'épouse de Fabio, un simple fantôme, et la petite fille, jusqu'au final, un des plus frustrant et décevant du cinéma d'alors. Comment Salerno a t-il pu imaginer une conclusion aussi précipitée, une sorte de greffon scotché au film si absurde dans sa présentation? Voilà qui renforce le sentiment que le cinéaste semblait pressé d'en
finir. L'explication est pourtant autre: ce final raté fut été imposé par le producteur, forçant Salerno à revoir la fin originelle (rétablie sur l'édition vidéo). L'idée particulièrement mauvaise casse un peu trop le discours du réalisateur et gâche un film qui malgré ses inégalités reste une oeuvre très bien pensée, riche et intelligente.
On saluera la prestation des deux principaux protagonistes, le trop tôt disparu Enzo Cerusico (Overtime, CInq jours à Milan...), et Riccardo Cucciola. Le film doit beaucoup à leur excellente interprétation tout en nuances, toujours très juste. A leurs cotés, Enrico Maria Salerno, en journaliste méfiant, est toujours aussi bon. Son rôle annonce d'une certaine
façon celui qu'il tiendra dans Fango bollente, second film de Vittorio dans lequel il dénonçait cette fois l'aliénation sociale et le mal être de la petite bourgeoisie milanaise.
Accompagné d'une solide partition musicale signée Riz Ortolani et d'une magnifique chanson thème, Mamma giustizia, chantée par le groupe rock I nomadi (La ragazza di via Condotti), No il caso è felicemente risolto s'il souffre d'une deuxième partie inégale et un peu précipitée n'en demeure pas moins un bon film, saisissant, une dénonciation froide du système judiciaire italien en ces années de plomb. Voilà un beau drame social que tout amateur aura plaisir à découvrir.
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