White pop Jesus
Autres titres: White "pop" Jesus
Real: Luigi Petrini
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Comédie fantastique / Musicale
Durée: 87mn
Acteurs: Awana Gana, Stella Carnacina, Franco D'Onofrio, Crippy Yocardo, Gianni Magni, Gisela Hahn, Tony Schneider, Sandro Ghiani, Gioia Locatelli, Sandra Martinis, Luca Sportelli, Marcello Stramacci, Enzo Valli...
Résumé: Un homme tout de blanc vêtu qui se dit être le Messie débarque dans une petite bourgade et va y jeter le trouble en vivant toute une série d'aventures loufoques. La soeur du commissaire de police tombe éperdument amoureuse de Jésus et décide de le suivre où il aille. Accompagné d'autres disciples Jésus arpente les routes et va se trouver face à un gang de terroristes dont il va déjouer les manigances...
Avant toute chose il est intéressant de parler de la genèse de cette petite comédie musicale qui suit les traces et s'inspire de Jésus Christ superstar et devait être au départ un polar intitulé L'uomo dell'antiterrorismo interprété par Maurizio Merli. Le producteur Candido Simeone avait en effet dans l'idée de tourner un film avec Merli qui bien malheureusement demandait un cachet beaucoup trop élevé. Le projet fut abandonné, l'occasion pour Luigi Petrini de proposer à Simeone le scénario de White pop Jesus qu'il avait écrit quelques temps auparavant. Amateur de comédies musicales, Petrini avait toujours voulu en réaliser
une en s'octroyant les services du chorégraphe Don Lurio. Bien malheureusement rien ne se passa comme il le désirait tant et si bien que le metteur en scène n'a jamais réellement apprécié ce film qui ne peut être convenablement terminé faute d'argent.
Un jeune illuminé se prend pour Jésus. Sorti des flots, tout de blanc vêtu, il débarque dans la petite ville de Taranto où il va vivre toute une série d'aventures plus ou moins inspirées de certains passages de la Bible. La soeur du commissaire de police Vito Ragione, Lattuga pop, membre d'une bande de jeunes hippies menée par Play Boy Smith, tombe éperdument amoureuse de Jésus et décide de le suivre. Lorsqu'elle veut l'embrasser, il la repousse et
s'enfuit. Après l'avoir retrouvé en compagnie d'autre disciples, notamment le jeune Gabriele et quelques filles, elle intègre la bande en parfaite groupie. C'est alors que Jésus rencontre deux nonnes qui sont en fait des mafiosi déguisées et bien armées. Bien malgré lui, Jésus va démanteler une organisation mafieuse qui projetait un attentat terroriste. Il part ensuite porter la bonne nouvelle en ville mais le commissaire arrête la bande de Play boy Smith puis fait prisonnier Jésus qu'il renvoie à l'asile.
Jésus et les différents personnages de la Bible avaient déjà été les héros modernes d'une petite comédie dispensable signée Francesco Massaro. Miracoloni. Certes originale elle
n'avait cependant guère laissé de traces dans les annales du cinéma faute à une mise en scène insipide. White pop Jesus n'est guère plus percutant et rate son objectif, celui de combiner avec force et conviction comédie musicale et comédie populaire. En découle un film très inégal qui entre deux numéros chantés et dansés tente vainement de faire rire. Privée de mordant, toute la partie comique s'effondre aussi vite qu'un château de cartes qu'une mise en scène peu efficace, maladroite, achève de tuer. Mélanger de façon farfelue les Evangiles, le bigotisme de marché, la Mafia, les Brigades Rouges, le polar familial, la toxico-dépendance, l'effet groupie, aurait pu déboucher sur un résultat franchement
intéressant, l'ensemble est malheureusement trop terne et ne parvient jamais à vraiment sortir des sentiers battus. Les dialogues souvent démentiels frisent souvent le ridicule et ne sont au final qu'un coup d'épée dans l'eau. Le comique involontaire prend très vite dessus chapeauté par la voix de Dieu doté d'un accent piémontais!.
En fait la seule véritable grande force du film est ses parties chantées et chorégraphiées, véritables délires visuels aux limites par instant du trash, superbes hérésies pop aux réminiscences psychédéliques qui ne sont pas sans rappeler par instant Hair. Celles où est impliqué Jésus sont particulièrement réjouissantes, joliment blasphématoires et colorées,
un point d'honneur à la première lorsque le Christ est confronté à la bande de voyous de Play boy Smith et la danse des junkies, sulfureuse, presque onirique, au cours de laquelle une danseuse au look très punk se transforme régulièrement en seringue géante. Les chorégraphies sont de manière générale rondement menées, agréablement endiablées et la majorité des chansons plutôt agréables, entrainantes, joyeusement disco même si les textes sont du niveau des dialogues, gentiment ridicules. Ce sont les seuls moments de folie d'un film trop ennuyeux, une folie tant auditive que visuelle qui le temps d'une danse, d'une chanson, tirent le spectateur de sa douce léthargie et lui laissent entrevoir l'extravagance pop
qu'aurait pu être White pop Jesus s'il n'avait pas subi autant de problèmes et avait été dirigé de façon plus téméraire et originale.
Animateur radio, chanteur, compositeur très connu en Italie Awana Gana, le pseudonyme sous lequel se cache Antonio Constantini, campe un Jésus mono expressif bien peu convaincant. Il a au moins l'avantage de savoir chanter juste et de danser correctement, particulièrement investi dans tous les passages musicaux. A ses cotés, l'amateur reconnaitra la pulpeuse Stella Carnacina immortalisée par La possédée. Sexy starlette peu douée pour la comédie, elle fut engagée sur White pop Jesus essentiellement pour des
raisons sentimentales puisqu'elle était alors très proche de Awana Gana qui l'imposa au producteurs au grand dam de Petrini à qui elle donna bien du fil à retordre. Elle refusa de se faire doubler et exigea de chanter elle même les chansons, une catastrophe selon le cinéaste qui avoue qu'elle ne savait pas chanter, une bien jolie ironie puisque Stella après avoir mis fin à sa carrière d'actrice se lança un temps dans la chanson... sans grand succès! Les érotophiles salueront quant à eux la présence de l'allemande Gisela Hahn dans le rôle de Stella Young.
Ayant rencontré très peu de succès lors de sa sortie en Italie, White pop Jesus fait partie de ces films qu'on aime ou qu'on déteste certes. Les camps sont formés, les débats sont ouverts mais il faut cependant admettre que le film de Luigi Petrini est une petite curiosité musicale qui mérite ne serait ce qu'un rapide visionnage de la part de tout amateur de délires comico-hérétique chorégraphiés. Chacun se fera par la suite sa propre opinion en imaginant le réjouissant blasphème qu'aurait pu être White pop Jesus mené avec plus de maestria et surtout de salacité.