Maniaco Deprebis

Essentiellement connu pour Homicides par vocation, un très sympathique petit giallo réalisé en 1968 avec pour principale protagoniste Femi Benussi, Vittorio Sindoni qui dés les années 80 se tournera exclusivement vers la télévision mit en scène cette comédie légère caricaturale qui prenait pour base l'éducation sexuelle dans la société très conservatrice des années 70. Certes Amore mio non farmi male pourrait s'inscrire dans toute cette vague de films adolescents un brin scabreux, cette maladolescence si chère au cinéma italien d'alors si Sindoni n'avait pas opté pour un ton particulièrement humoristique souvent grotesque et le burlesque. On ne peut pas même parler de sexy comédie puisque d'une part le cinéaste ne se fait jamais vulgaire et délaisse surtout ce comique grivois situé

en dessous de la ceinture qui définit le genre. En définitive Amore mio non farmi male est une petite comédie enlevée sur l'apprentissage de l'éducation et la maturité sexuelle chez les adolescents dans une Italie où les valeurs morales et religieuses prédominent. Anna et Marcello sont au collège. Ils s'aiment, échangent des baisers mais Anna aimerait beaucoup plus qu'un simple amour platonique. La jeune fille rêverait de perdre sa virginité dans les bras de Marcello. Quelque peu effrayés par le fait de franchir ce cap, ce sont surtout les parents des deux tourtereaux qui sont dans tous leurs états. Extrêmement pieux, ils ne conçoivent pas les relations sexuelles avant le mariage et redoutent la colère de Dieu si leurs enfants faisaient par malheur l'amour. La situation vire pour eux au cauchemar, effrayés à l'idée qu'ils puissent se retrouver et se donner l'un à l'autre. Ils vont tout mettre en oeuvre pour que cela ne puisse pas se produire.

Le sujet n'est pas nouveau, déjà mille fois traité à l'écran en ces glorieuses années, Amore mio non farmi male n'est donc pas très original et s'avérerait même assez quelconque si ce n'était l'extraordinaire jeu d'acteur d'une jolie brochette de comédiens confirmés qui donne au film toute sa force, son énergie et surtout son intérêt. Tout repose en effet d'une part sur le couple Macha Méril / Walter Chiari et d'autre part celui formé par Valentina Cortese et Luciano Salce, les parents respectifs de nos deux amoureux. Ils font ici preuve d'un grand professionnalisme et se donnent à fond dans leur rôle de parents hyper protecteurs mais surtout ultra conservateurs, dévoués aux traditions et à l'Eglise. Sindoni brosse une peinture assez juste non seulement de la société italienne d'alors régie par la morale et la religion

avec parfois une pointe d'acidité mais aussi de cette jeunesse alors en pleine révolution sexuelle coincée entre les traditions et cette liberté à laquelle elle aspire désormais. Le discours est léger, ne va pas très loin et s'il a considérablement vieilli il est suffisamment drôle et divertissant pour captiver l'attention du spectateur 90 minutes durant. On reconnaitra également à Sindoni de savoir tempérer les excès de ces parents avec un certain brio tandis qu'on applaudira leur performance haute en couleur. Qu'on se rassure. L'amour, le vrai, triomphe toujours et c'est dans la joie et la bonne humeur que nos deux jeunes amoureux connaitront les joies du sexe. Voilà de quoi donner des idées à leurs parents qui ne se sont peut être pas assez lâchés durant ces années de mariage. Il n'est jamais trop tard pour rattraper le temps perdu... même dans une voiture!

Du point de vue érotique, le réalisateur reste particulièrement sage et joue la carte de la sobriété. Amore mio non farmi male, un titre joliment parlant pour un film évoquant la première fois, diffère là encore des comédies légères traditionnelles. On aura juste droit à quelques poitrines dénudées et quelques plans très furtifs de nu, c'est pour dire que la salacité n'est pas au rendez-vous. On pourrait même dire que le film avoisine parfois la comédie romantique si les gags et l'attitude exagérément exagérée des parents ne nous rappelaient pas que nous sommes bel et bien dans le cadre d'un film comique et sarcastique populaire.
Aux cotés du carré Méril-Chiari-Salce-Cortese, on aura la joie de retrouver l'une des éternelles et scandaleuses lolita du cinéma d'exploitation transalpin, la toujours aussi délicieuse Leonora Fani, ravissante, un autre des atouts du film. Leonora dont c'était le premier véritable grand rôle à l'écran après quelques apparitions mineures ça et là illumine l'écran de sa brune et candide beauté sans pour autant se déshabiller ou si peu. Son gentil amoureux est quant à lui incarné par un des ex-enfant star du cinéma italien, aujourd'hui un

des plus grands noms du doublage en Italie, Roberto Chevalier. On retiendra également la présence du pasolinien Ninetto Davoli, exubérant, et de quelques noms très intéressants dont Leopoldo Trieste, Enzo Robutti et le regard toujours hypnotique de Gabriella Giorgelli en putain.
Amore mio non farmi male est une gentille et distrayante petite comédie sur l'éveil de la sexualité adolescente en des temps où celle ci était bien hypocritement supposée ne pas exister. Amusante, enjouée, elle . Une séquelle beaucoup moins vivace malheureusement fut tournée l'année suivante avec la même équipe, Son tornate a fiorire le rose.