The right side of my brain
Autres titres:
Real: Richard Kern
Année: 1984
Origine: USA
Genre: Horreur/ X
Durée: 24mn
Acteurs: Lydia Lunch, Henry Rollins, Clint Ruin, Brian Moran, Sally Ven Yu Berg, Eric Willembrink, Norman Westburg...
Résumé: Une jeune nymphomane se laisse aller à ses fantasmes les plus pervers dans lesquels elle allie sexe et violence. Elle s'imagine être la proie de divers hommes qui lui font subir les pires perversions, totalement soumise à leurs désirs abjects...
Photographe et metteur en scène Richard Kern s'est dés le début des années 80 fait remarquer pour une série de films qui très vite l'élevèrent au rang de maitre de la transgression tout en se mettant à dos la critique. En mélangeant un certain cinéma d'auteur à l'horreur la plus cinglante, la pornographie, la dépravation et la perversion, Kern a su créer un univers nauséabond fort particulier dans lequel il marie sexe et violence de manière agressive, oppressante qui transforme ses oeuvres en véritables cauchemars indélébiles. Devenu le leader incontesté de toute la vague cinématographique underground des années 80, chef de file de la culture punk et new wave Kern fut régulièrement taxé de misogynie tant la femme fut souvent maltraitée dans ses fantasmagories morbides et brutales où auto-mutilations, sadisme, masochisme, sadomasochisme, déviances sexuelles de toutes sortes et bien d'autres plaisirs extrêmes étaient au menu. En s'interdisant toute limite, Kern a ainsi donné au cinéma transgressif sa forme la plus outrageante, dérangeante et controversée. The right side of my brain ne fait pas exception à la règle.
Réalisé en 1984 The right side of my brain fait partie de toute une série de courts-métrages hardcore réunis sous l'appellation The death trip films que le cinéaste tourna durant la décennie. Le film dont le titre alternatif pourrait être Les mésaventures sexuelles d'une nymphomane folle traite de la relation obscure illustrée en petits segments qui lie la sexualité dans le sens le plus pornographique du terme au sentiment d'amour et de haine. Eveillée ou plongée dans un sommeil tourmenté, l'héroïne se laisse aller à ses fantasmes sexuels les plus débridés, les plus violents, ceux qui la consument, la dévorent. C'est l'excitation, le plaisir exaltant de s'imaginer être violée, abusée, maltraitée, être à la merci de l'autre, l'objet de ses désirs les plus odieux pour mieux se sentir vivante et profiter de ces instants d'ivresse aussi interdite qu'extrême. Chaque saynète est reliée par des plans où la jeune femme se caresse, se masturbe, à demi nue ou simplement enroulée dans une serviette. Le film s'ouvre sur un homme qui après une série de pompes la rejoint et pointe le
canon d'un fusil entre ses jambes. Plus que de la peur c'est de l'excitation qu'elle ressent. Elle est ensuite la proie d'un jeune homme qui entre deux étreintes nerveuses la maltraite, la roue de coups de poing. Elle se débat, le repousse mais succombe de plaisir sous la violence de l'acte. Elle rejoint ensuite un jeune punk crasseux dans une pièce immonde. Après s'être senti et léché les aisselles puis masturbé il la force à lui faire une fellation avant de la repousser avec mépris au moment où le feu du désir montait en elle. On la retrouve ensuite au milieu des bois, pourchassée par un homme qui la maltraitera et la violera sur le lit d'une vieille cabane sous les yeux d'un enfant. Il s'en prendra ensuite au petit garçon après que celui ci l'ait attaqué avec un couteau. Il le maitrisera et le battra avant de le clouer au plafond. Il reviendra ensuite vers la jeune femme qu'il rouera de coups jusqu'à ce qu'elle perde conscience. L'enfant revient et profite de cet instant pour jeter un regard sous la chemise de la femme. L'ultime séquence montre l'héroïne en compagnie d'une jeune asiatique adepte des plaisirs sadomasochistes, ceux là même qui marient le plaisir à la souffrance. A travers ce dernier
segment, Kern associe sensualité et violence. Après une longue étreinte passionnée, la jeune fille pendra sa partenaire à des crochets pour mieux profiter d'elle.
Le film tout entier est rythmé par le long monologue nihiliste que récite l'héroïne d'une voix atone dans lequel elle évoque de façon effrayante ses désirs les plus ignobles qui allient la pornographie la plus crue à une violence où même les enfants trouvent un certain plaisir pervers, cette soif de sexe dévorante qui la consume, cette folie qui la ronge. Tourné en Noir et Blanc en super 8, il se dégage de The right side of my brain quelque chose de particulièrement malsain. En quelque minutes Kern parvient à instaurer un climat oppressant, étouffant, poisseux qui ne fera qu'aller crescendo aidé par une photographie crasse, une image granuleuse et une bande son morbide avant-gardiste composée par l'héroïne elle même, Lydia Lunch, et le groupe Foetus. Reine du mouvement new wave, égérie décadente de l'univers post punk, Lydia fut une personnalité de tout premier plan dans
l
a culture underground new-yorkaise des années 80. Artiste, comédienne, chanteuse, elle collabora avec de nombreux groupes dont Sonic youth, Nick Cave et Brian Eno. Elle réalisa également une kyrielle de films, écrivit et mis en scène ses propres spectacles transgressifs. Il n'est donc pas étonnant que Kern ait lui aussi fait appel à son talent. A ses cotés on retrouve l'ex-artiste punk Henry Rollins alors à ses débuts de comédien et le dépravé Clint Ruin de son vrai nom James George Thirlwell en punk abject qui se fait sucer, superbe occasion pour admirer son membre fort éloquent! Thirlwell fut lui aussi un des pionniers de la scène underground new wave, chanteur, compositeur, artiste qui collabora régulièrement avec Lydia.
Mise en images des fantasmes sexuels les plus abjects et misogynes qui aiment marier sexe et violence de la manière la plus crue, illustration de la soumission extrême en tant que plaisir, The right side side of my brain est un bel exemple du travail de Kern qu'un public non averti vomira très certainement mais que tous les amateurs de déviances sexuelles particulièrement sombres et morbides, d'univers crasses et sordides apprécieront au plus haut point. Voilà un court excrémentiel idéal pour tout ceux qui comme Le Maniaco ont toujours préféré au romantisme à l'eau de rose mielleux la puissance de la face sombre de la sexualité humaine.