A... come assassino
Autres titres:
Real: Angelo Dorigo
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Thriller
Durée: 77mn
Acteurs: Sergio Ciani, Mary Arden, Ivano Davoli, Aïché Nana, Charlie Charun, Giovanna Galletti, Gilberto Mazzi, Roland Redman, Giovanna Lenzi, Aldo Rendine, Franco Pesce, Ivano Staccioli...
Résumé: Alors qu'elle rentre au château, Angela découvre son oncle, le comte Prescott, mort égorgé. Toute la famille est réunie pour la lecture du testament enregistré sur une bande magnétique. Si chaque membre en prend pour son garde, ils vont devoir tous cohabiter au manoir durant un mois complet. Seuls les trois derniers membre qui auront tenu se partageront à parts égales l'héritage. Si plus de trois membres venaient à rester, l'héritage serait reversé à une oeuvre de charité. Haine et jalousie se réveillent inéluctablement dans une atmosphère tendue tandis que lentement les divers membres de la famille s'entretuent au fur et à mesure que les relations secrètes se dévoilent au grand jour...
Premier film de Angelo Dorigo, réalisateur peu prolifique dont la carrière se termina en 1967, A... come assassino fait partie de ces films qui peuvent être vus aujourd'hui comme les précurseurs du giallo. Tourné en noir et blanc, A... come assassino tire ses origines notamment des romans d'Agathie Christie et pourrait s'inscrire dans le joli filon des thrillers à l'anglaise s'il n'avait également à son actif outre quelques furtifs éléments des futures bases du giallo à la Argento mais surtout un net penchant pour l'horreur gothique à l'italienne.
Entièrement tourné au fameux château de Balsorano, A... come assassino vaut essentiellement pour cette atmosphère inquiétante que Dorigo tente d'insuffler au film dés le générique d'ouverture traité comme une sorte de comics. En cela, le prologue reste d'ailleurs un des meilleurs moments. Alors qu'elle rentre au manoir par une nuit d'orage, Angela découvre son oncle, le prestigieux comte John Prescott, la gorge transpercée. S'ensuit alors la lecture du testament à laquelle assiste toute la famille réunie sous le portrait menaçant du comte. Enregistrées sur une bande magnétique de sa voix sépulcrale et sentencieuse
résonnant dans un silence quasi religieux, les dernières volontés du châtelain ne vont guère enchanter sa famille qui pour devoir hériter devra vivre un mois complet tous ensemble. Seuls les trois derniers membres qui auront résisté à cette cohabitation forcée touchera l'héritage. Si par miracle il restait plus de trois personnes, l'héritage serait alors généreusement versé à une oeuvre de bienfaisance. Inutile de dire que ce testament inattendu va raviver haine et jalousie au sein des héritiers qui dés lors vont s'entre-déchirer, comploter, s'allier et s'entretuer.
Après ce démarrage sur les chapeaux de roue, on ne retrouvera malheureusement plus guère cette ambiance si délicieusement macabre même si Dorigo s'évertue à utiliser au maximum les principaux éléments du cinéma gothique: orages, portraits aux mines austères, couloirs sombres où déambulent les belles héroïnes munies de chandeliers, orgue tonitruant... tandis que les divers de la famille, tous plus suspects les uns que les autres, complotent au fil des relations qui se font et se défont. L'intrigue écrite par Ernesto Gastaldi n'est pas très originale certes, elle sent le déjà vu, mais Angelo Dorigo parvient tout de même à la rendre intéressante même si le suspens et le sens de l'action ne sont pas
vraiment son fort. Peut être un peu trop bavard et mis en scène de façon un brin mollassonne, A... come assassino n'est pas en soi une surprise et le final n'étonnera pas vraiment les habitués du genre malgré les divers retournements de situation qui jouent ici sur le fameux proverbe Tel est pris qui croyait prendre. On retiendra tout particulièrement les ultimes images empreintes d'une folie qu'on aurait aimé retrouver tout au long métrage, inquiétantes et malsaines à la fois, alors que le fils attardé mental du comte, détenteur du fameux secret, grimpe sur la plus haute tour du château alors qu'éclate un violent orage. Cela reste avec l'ouverture les plus beaux instants de ce petit thriller daté à l'ambiance très anglo-saxonne.
L'interprétation sans être mirobolante est tout à fait acceptable, chacun jouant son rôle de manière plutôt convaincante. On retrouvera avec un certain plaisir la blonde Mary Arden, aussi angélique que perverse et manipulatrice, déjà remarquée chez Mario Bava, la ballerine professionnelle Aiche Nana qui dans les années 50 fut au coeur d'un scandale, se glisse dans la peau d'une danseuse et nous offre un joli numéro avant de mourir de façon mémorable dans les bras de son amant, Giovanna Galletti, grande actrice des années 50 et future Baronne Graps dans Opération peur est une tante Marta austère à souhait tandis que Ivano Staccioli supplante sans mal la plupart de la distribution masculine par son jeu toujours aussi parfait.
A... come assassino et son titre tout spécialement explicatif, le fameux A fait référence à l'initiale du tueur gravée sur un bâton, fait partie de ces petits thrillers pré-giallo fortement datés qui se laissent cependant regarder avec un certain plaisir non seulement en guise de témoignage d'une époque lointaine aujourd'hui révolue mais également pour son ambiance toute particulière, ce coté gothique qui le rattache définitivement à un certain cinéma d'épouvante transalpin so british.
Dorigo récidivera deux ans plus tard avec ce qui sera son ultime film mais avec beaucoup moins de bonheur cette fois en signant L'assassino senza volto.