Mil nubes de paz cercan el cielo
Autres titres: Mil nubes / Mil nubes de paz cercan el cielo, amor.. jamas acabaras de ser amor / A thousand clouds of peace / A thousand clouds of peace in the sky
Real: Julian Hernandez
Année: 2003
Origine: Mexique
Genre: Drame
Durée: 82mn
Acteurs: Juan Carlos Ortuño, Juan Carlos Torres, Perla de la Rosa, Rosa Maria Gomez, Mario Olivier, Manuel Grapain vaquelarez, Marco Hernandez, Salvador Hernandez, Miguel Loaiza, Pablo Molina, Pilar Ruiz, Llane Fragoso...
Résumé: Gerardo, un adolescent de 17 ans qui assume lentement son homosexualité au grand jour, vient de perdre son amant Bruno. Il l'a quitté sans raison apparente et ne lui a laissé qu'un mot écrit à la main. Rongé par la douleur, il lui est impossible d'oublier cet amour, exclusif, passionnel que rien ne peut remplacer. Afin de trouver un remède à sa souffrance, Gerardo se noie dans des relations éphémères, se prostitue malgré lui mais tous les garçons qu'il rencontre lui rappelle Bruno. Il prend douloureusement conscience que personne ne pourra le remplacer...
Second long métrage du réalisateur Julian Hernandez après le coup d'essai que futHubo un tiempo en que los sueños dieron paso a largas noches de insomnio, l'histoire d'un jeune prostitué mexicain fou amoureux de son ami hétérosexuel, Mil nubes de paz portait déjà en lui toutes les stigmates propre au cinéma du jeune et prometteur metteur en scène. On y retrouve en effet ce noir et blanc classieux, cette touche d'onirisme dans laquelle baigne cette quête d'amour impossible et destructrice, tous ces jeunes garçons en mal d'amour qui se perdent dans leurs désirs, leurs rêves, leur souffrance dans un Mexico souvent triste et sombre. Autant dire que les inconditionnels de Hernandez ne seront pas déçus.
Mil nubes de paz est l'histoire de Gerardo, un jeune mexicain de 17 ans, qui vient non seulement d'affirmer son homosexualité mais de perdre également son grand amour, Bruno, dont il ne lui reste qu'un mot qu'il lui a écrit avant de le quitter. Cette lettre servira de fil rouge au film puisque à travers elle il va tenter de retrouver Bruno qu'il ne parvient pas à oublier. C'est là une quête désespérée durant laquelle Gerardo va rencontrer toute une série de garçons à qui il va se donner, essayer d'aimer. Tous lui rappellent Bruno, tous le ramènent à lui mais son amant l'obsède, son souvenir et son amour le rongent, le détruisent lentement. Tout ce qu'ils peuvent lui apporter se retournent au final contre lui, incapable d'aimer quelqu'un d'autre.
Mil nubes de paz est une histoire d'amour passionnelle, exclusive, celle d'un adolescent fou amoureux d'un autre garçon qui doit en plus faire face au regard des autres, se faire accepter en tant qu'homosexuel et se protéger des menaces, sournoises, des apparences trompeuses, ces pièges qu'on lui tend (le garçon qui feint de le draguer dans un terrain vague pour mieux le frapper, le viol dont il est victime de la part d'un autre garçon rencontré dans la salle de jeux). Prostitué malgré lui, on lui paie chacune de ses étreintes, c'est là la dure réalité de sa difficile quête qui se terminera d'une bien cruelle manière, ces mille nuages de paix lors d'un final aussi onirique qu'étrange où tout le talent de Hernandez éclate. On peut y voir les prémices des futures oeuvres du réalisateur notamment Broken sky mais surtout le sublime Raging sun raging sky.
Mil nubes de paz est un film aussi déroutant que poétique sur la douleur, la souffrance qu'on cherche à tout prix à guérir en se perdant dans des relations aussi vaines qu'éphémères qui au final ne sont que tortures, ces remèdes qu'on sait sans espoir. Autant dire que Mil nubes est un film qui suinte le désespoir dans son discours sur l'amour, volatile et illusoire, dans l'univers gay. Particulièrement contemplatif, Mil nubes par delà ses qualités et la force de son intrigue n'atteint cependant pas complètement son objectif. Particulièrement contemplatif, le film n'est pas à la hauteur des ambitions de Hernandez qui n'a peut être pas eu pour ce deuxième film les épaules assez fortes. Il y a donc une différence assez importante entre les intentions de l'auteur et le résultat à l'écran. Le défaut majeur de ce deuxième film est le peu d'énergie qu'il dégage.
Derrière la beauté des images, le travail énorme de la caméra et sur la photographie, Mil nubes manque d'intensité, cette intensité propre à la force des sentiments et de l'amour, thème principal du l'histoire. Voilà qui est assez surprenant et décevant pour un film censé traiter de ce sujet. Jamais en effet Hernandez ne montre ou même ne suggère la densité de la relation qui unissait Gerardo et son petit ami Bruno. Il se contente simplement de la mettre en images de façon transparente, sans véritable âme. Cela crée une impression d'ennui et on se surprend à regarder de temps à autre sa montre. Ceci est d'autant plus regrettable queHernandez n'a aucunement développé ses personnages qui restent totalement superficiels. Ils ne sont que des visages, des ombres non définies et cela vaut aussi pour son protagoniste principal privé de toute densité. Il est donc difficile de ressentir une quelconque émotion face à sa détresse, son désespoir. Quasiment dénué de dialogues, élément récurrent du cinéma de Hernandez, tout passe ainsi à travers l'image, les regards. En ce sens le travail des jeunes acteurs est comme d'accoutumée excellent mais cela ne fait que renforcer le sentiment d'ennui que le spectateur peut éprouver.
Lors des errances de l'adolescent Hernandez nous présente un Mexico souvent sordide, se balade de terrains vagues en rues tristes, de salles de billard glauques en appartement miteux et voies ferrées abandonnées. Il s'offre de longs plans sur la capitale certes à l'image du désespoir de Gerardo mais qui peuvent là encore paraitre bien ennuyeux au même titre que certaines scènes quelque peu inutiles qui ressemblent fort à du remplissage (la conversation entre les deux femmes). L'intention est bel et bien là mais le film ne fonctionnejamais vraiment faute à une mise en scène trop fantomatique. C'est donc insensible qu'on assistera à la mort fort symbolique du jeune homme lors des ultimes images où l'expression n'a jamais été aussi juste. Quant aux comédiens on ne sera cette fois jamais réellement transcendé par leur beauté, ils sont à l'image du film, quelconques, jamais franchement laids jamais vraiment beaux. Le seul émergeant du lot ne fait que passer et n'a de surcroit aucune scène déshabillée. L'étincelle ne se fait donc pas, peu aidée par une quasi absence d'homo-érotisme ne favorisant guère une véritable réaction fantasmatique.
Récompensé par le Teddy awards au festival du film gay de Berlin, Mil nubes de paz cercan el cielo reste une oeuvre avant tout visuelle, esthétiquement somptueuse, un poème imagé sur un des thèmes de prédilection de son auteur, la quête désespérée de l'amour perdu et la force presque surnaturelle des sentiments, auquel il manque la puissance du désir. Même si ces nuages de paix virent assez vite en nuages d'ennui, soyons tout de même magnanimes et voyons cette tentative comme le brouillon des oeuvres suivantes du jeune cinéaste mexicain, magistrales, que sont Broken sky et Raging sun raging sky avec lesquelles il forme une sorte de trilogie fantastique.