Benoit voyou
Autres titres: Tendre et voyou
Real: Benoit Archenoul
Année: 1980
Origine: France
Genre: X
Durée: 65mn
Acteurs: Alain Alvez, Omar Habib, Sylvain Joly, Jean Claude Larzac, Dédé, Mimosa...
Résumé: Benoit est lycéen. Désinvolte et paresseux, il ne va plus en cours et ne cherche pas de travail comme sa mère le lui répète quotidiennement. Il rentre tard, n'en fait qu'à sa tête. Il passe ses journées à trainer dans Paris, dans les parcs et les fêtes foraines où il aime faire des rencontres éphémères. Un jour il fait la connaissance d'un jeune garçon, Alain. Ils font l'amour et décident de se revoir. Après d'ultimes réprimandes de sa mère, Benoit fugue et part retrouver Alain. Ils font l'amour.
Attribué à un certain Vladimir Barsakoff, Benoit voyou connu également sous le titre Tendre et voyou semblerait avoir été réalisé par le pornographe Benoit Archenoul qui officia parfois sous le nom de Emmanuel Dos Santos.
Tendre et voyou à l'instar des Phallophiles, Et Dieu créa les hommes, New York city inferno, Le beau mec et autre Jeune proie pour mauvais garçons fait aujourd'hui partie des grands classiques du porno gay des années 80, ces films rares qui autrefois firent les beaux jours des salles X de Paris puis de la vidéo.
L'histoire est simple si ce n'est simpliste. Benoit est un lycéen perpétuellement en conflit avec ses parents qui lui reprochent de ne pas aller en cours encore moins de chercher du travail. L'adolescent préfère trainer dans Paris et vivre au fil des rencontres qu'il fait dans les parcs et autres lieux publics. Sur ce scénario microscopique, Archenoul fait se suivre quatre petites histoires d'homme, quatre rencontres au coeur de Paris, quatre moments d'une journée de Benoit, le quotidien d'un jeune homme qui vit au fil de ses fugues citadines, de ses étreintes d'une heure pour tenter de chasser son spleen.
La première nous entraine dans une fête foraine où Benoit accoste un homme plus mûr. Sans tarder, ils vont faire l'amour dans l'escalier d'une cave lorsque l'ami de Benoit, Ahmed, les rejoint. Ils ont une relation à trois avant qu'Ahmed ne vole la chaine en argent de l'homme et que chacun parte de son coté.
La seconde nous propulse dans le magnifique parc des Buttes-Chaumont où Benoit aborde un jeune garçon, Alain. Ils se donnent l'un à l'autre à l'abri des regards derrière de somptueuses buttes.
La troisième a pour cadre le métro. Sur une banquette dans un wagon vide, Benoit étreint un jeune voyou. Les deux garçons se suceront mutuellement jusqu'au terminus du train.
La dernière, la plus intimiste mais également la plus longue, se déroule dans la chambre d'Alain à qui Benoit avait donné rendez-vous.
La grande force de ce film est avant tout ses scènes de sexe intelligemment filmées et la judicieuse utilisation des décors extérieurs. Outre le fait que Benoit voyou entraine le spectateur au coeur du Paris de cette fin d'années 70, il utilise à la perfection ses décors naturels afin de créer une véritable atmosphère soit malsaine soit plus douce, plus tendre, parfois même aux limites de la poésie.
Si le film s'ouvre de façon plutôt obscure sur une relation à trois dans l'escalier d'une cave où Benoit et son ami se sucent et se sodomisent avant d'éjaculer sur le visage de l'inconnu et lui dérober sa chaine, il se poursuit dans le parc des Buttes-Chaumont qui a revêtu ses couleurs de fin d'automne. Dans une ambiance embrumée, presque surréaliste, Benoit se donne à un jeune inconnu, tapis dans l'alcôve que forment les rochers aux formes féeriques, entourés de colombes blanches qui volètent au loin. Dans ce décor magique, ils s'aiment et comme dans un rêve promettent de se revoir.
C'est dans un cadre plus urbain que Archenoul continue de filmer les ébats de son jeune héros puisque nous le retrouvons assis sur une banquette aux cotés d'un jeune voyou dans un wagon vide du métro. Rythmé par les arrêts du train, ce segment donne dans l'obscène, ce désir de l'interdit, celui de faire l'amour dans un lieu public au vu de tous, nourrissant de cette façon les désirs d'exhibitionnisme et de voyeurisme de tout un chacun. Ainsi filmées les fellations mutuelles ont un caractère trivial, un doux goût d'interdit, hachées par le contraste du noir des tunnels et des lumières des stations. Le vide du wagon, le fait qu'il n'y ait personne qui monte à bord à chaque arrêt hormis un voyageur voyeur amplifie le coté presque hypnotisant de la relation qui à son tour prend la forme d'un rêve, plus pesant cette fois, presque étourdissant.
Pour poursuivre cette alternance lumière/ténèbres, le film s'achève dans l'intimité d'une chambre où Benoit aime tendrement son nouvel amant.
Si Archenoul joue sur ces contrastes, il filme avec autant de talent les scènes de sexe, la majorité composées de fellations, de sodomies et d'analingus. Jamais violentes encore moins scabreuses, réalisée avec soin et tendresse, elles proposent de fort jolis moments dont l'apothéose sera la sodomie frontale qui clôt le film, où, fièrement dressés, les deux phallus se superposent en un mouvement rectiligne, véritable symbole de l'homosexualité masculine, ce que semble vouloir être ce dernier segment. Voilà de quoi convaincre les plus endurcis à se laisser aller sans plus tarder aux amours masculines!
La beauté des jeunes acteurs, leur corps longiligne, leur visage d'anges des rues et de petites frappes, la beauté des sexes séduiront définitivement le spectateur. Quant à Benoit, interprété par le jeune Alain Alvez, voilà un tendre voyou à la mine boudeuse dont on tombera amoureux dés le premier regard.
On notera simplement le coté un peu maladroit des comédiens dont l'amateurisme apporte cependant au film un coté documentaire ainsi qu'un certain manque de sérieux de Benoit (on devine qu'il se retient de rire lorsque sa mère le réprimande) lors de la séquence d'ouverture. Le plus regrettable est l'utilisation d'un travesti, Mimosa, pour jouer la mère de notre tendre voyou, un des personnages les plus irritants du film.
Aux cotés de Alain Alvez, jeune comédien fétiche de Benoit Archenoul qu'on put voir dans quelques productions du réalisateur entre 1979 et 1982, on se pâmera devant toute une jolie brochette d'acteurs tous amateurs.