Das ende der regenbogens
Autres titres: The end of the rainbow
Real: Uwe Freissner
Année: 1979
Origine: Allemagne
Genre: Drame
Durée: 105mn
Acteurs: Thomas Kufahl, Udo samel, Slavica Rankovic, Henry Lutz, Heinz Hönig, Sabine Baruth, Andrew Bergmann, Michael Brennicke, Johanna karl-Lory, Aksunger Dogan, Michael Koppner...
Résumé: Jimmi a 17 ans. Il a quitté le foyer parental qu'il ne supportait plus et se prostitue pour pouvoir survivre. Sans papier d'identité, il ne peut trouver de travail. Il est hébergé chez trois amis qui supportent ses caprices et ses humeurs. Entre trottoir et petits larcins, Jimmi tente de se frayer un chemin dans la vie mais il sait pertinemment qu'il n'a aucun avenir. Il entretient une relation amoureuse avec une jeune fille tout aussi désespérée, hante les clubs jusqu'au jour où il décroche un boulot dans une entreprise de spiritueux dont il est vite viré. Tout bascule le jour où par inadvertance il tue la grand-mère de sa petite -amie...
Quelques années avant Moi Christiane F. 13 ans droguée prostituée le cinéma allemand nous avait déjà donné de la jeunesse berlinoise une bien triste image. Entre drogue et prostitution, elle tentait de survivre tant bien que mal dans la grisaille de ses rues et avenues. Tiré d'une histoire vraie, Das ende der regenbogens / The end of the rainbow n'est jamais qu'une autre vision désespérée de cette jeunesse en plein désarroi.
Premier film du réalisateur Uwe Friessner, The end of the rainbow nous plonge au coeur du quotidien de Jimmi, un adolescent de 17 ans, qui se prostitue tout en commettant de petits larcins afin de gagner un peu d'argent. Il est hébergé chez des amis tout aussi paumés que lui qui acceptent ses caprices jusqu'au jour où Jimmi leur dérobe quelques billets. Sans papier, refusant toute offre de travail, l'adolescent s'enfonce de plus en plus dans une vie sans lendemain. C'est alors qu'il tue par inadvertance la grand-mère de sa petite amie, une jeune droguée tout aussi désillusionnée que lui.
Tout aussi nihiliste que désillusionné, on ne peut pas dire que The end of the rainbow respire la joie de vivre. Friessner nous fait découvrir le quotidien de tous ces jeunes dont le seul moyen de survivre dans un Berlin d'une tristesse désolante est de vendre leur corps et commettre de petits vols, parfois de vivre aux crochets de vieux riches qui les entretiennent et leur promettent monts et merveilles avant de les abandonner au trottoir une fois qu'ils ont eu ce qu'ils désiraient.
Jimmi est l'exemple type de cette génération No future. Incarcéré plusieurs fois dés l'âge de 13 ans, fiché par les services de police, Jimmi a quitté le foyer parental et coupé tout lien avec cette famille qu'il ne supportait plus. Sans argent ni papier d'identité, il lui est impossible de trouver du travail et trouver sa place dans la société. Ce sont des amis à lui qui acceptent de l'héberger malgré leur difficulté à boucler leurs fins de mois et surtout l'attitude désinvolte et paresseuse de Jimmi.
Voilà peut être la faiblesse de cette oeuvre choc, son principal protagoniste. Si bien souvent dans ce type de films, on éprouve une certaine tendresse, une forme de pitié pour ces jeunes désoeuvrés, il est assez difficile de s'attacher à cet adolescent de 17 ans ou lui trouver des excuses tant il est par moment détestable. Profiteur, il vit aux crochets de ses amis, leur emprunte slips et chaussettes sans jamais les remercier mais leur vole le peu d'argent qu'ils ont alors qu'ils doivent se soumettre à ses désirs, désinvolte, paresseux, son manque évident de volonté pour trouver du travail devient très vite énervant, rebelle, peu diplomate,
Jimmi accumule les défauts et s'en sert trop souvent comme excuse. Arrive un moment où son personnage devient irritant et on en vient à vouloir le gifler afin qu'il comprenne qu'il est en parti responsable de son malheur. Certes Friessner a d'une part voulu mettre en avant les deux visages de ce jeune héros, un garçon à la fois cynique, frondeur, rebelle, endurci par cette vie mais qui pourtant a du coeur. Jimmi est aussi un jeune homme vulnérable et tendre dont le seul désir est d'avoir un jour une vie meilleure. D'autre part, il tente de mettre en évidence le refus de Jimmi à vouloir travailler pour la simple et bonne raison que les travaux minables qu'il trouvera ne changeront en rien son avenir. Il a malheureusement peut être un peu trop insisté sur ses mauvais cotés empêchant ainsi toute compassion.
Malgré ce défaut de taille, The end of the rainbow est un film tragique, semi documentaire, dans lequel Jimmi incarne cette jeunesse paumée qui voudrait s'en sortir mais sait pertinemment qu'elle n'a droit qu'au travail le moins bien payé et le plus servile brisant ainsi leur espoir d'améliorer un jour leur vie, d'atteindre un niveau social convenable. Suicide, drogues, alcool sont alors des exutoires, une façon de s'échapper à cette triste réalité, l'amour parfois, une relation qui le temps de quelques projets dérisoires entretient l'illusion d'une vie meilleure.
The end of the rainbow est à l'image des rues de ce Berlin hivernal dont les rues sont recouvertes de neige noircies, gris, terne morose. Friessner traine sa caméra le long des trottoirs, dans le métro et les gares, près des toilettes publiques où ces adolescents offrent leur charme, dealent ou troquent à l'abri des rafles de police, dans les terrains vagues désolés, les vieux immeubles ou appartements délabrés où vivent ces jeunes et leur famille, les clubs où on se défonce à coups de décibels rock. Comme les futurs héros de Moi Christiane F., Jimmi endosse la parfaite tenue du jeune paumé, l'ange des rues déchu, qui arpente les trottoirs, cheveux longs, jean hyper moulant, petite bottines à talons et mini blouson, le minois fuyant et le verbe facile.
Seuls semblant d'espoir et seules notes un tant soit peu positives du film sont les trois amis qui hébergent Jimmi, Monica et d'une part qui lui pardonnent la plupart de ses écarts et se battent avec ce qu'ils ont pour vivre plus ou moins correctement et surtout Dieter, sorte de grand frère protecteur qui lutte à ses cotés et se dévoue malgré des sentiments quelque peu équivoques évidents (le baiser qu'ils échangent).
Rythmé par une intéressante partition musicale aux sonorités rock et froides sur laquelle on reconnaitra notamment l'excentrique Lena Lovitch, Das ende der regenbogen bénéficie également d'une solide interprétation d'une jolie brochette de jeunes comédiens pour la plupart non professionnels. Emerge du lot le jeune Thomas Kufahl qui avait l'âge de son personnage ans lors du tournage dans la peau de Jimmi qui semble tout simplement jouer
son propre rôle, criant de vérité. Le film doit beaucoup à sa prestation et sa beauté crasse et sauvage dont Friessner profite et nous fait profiter notamment lors d'un plan plutôt gratuit sur son sexe puis un autre sur ses fesses, seuls véritables moments de nudité du film qui malgré son sujet ne se fait jamais voyeur. Rares sont ainsi les scènes de prostitution le plus souvent suggérées. Ceux qui s'attendaient donc à une oeuvre complaisante et malsaine seront donc déçus mais .
A la fois cynique et douloureux, le final accentue encore plus l'aspect pessimiste de l'histoire qui se conclura par un panneau où l'on apprend le suicide de Jimmi quelques mois plus tard.
Film choc, Das ende der regenbogens l'est de toute évidence malgré le coté irritant de son jeune héros. Voilà de nouveau une image de l'Allemagne de la fin des années 70 bien éloignée des dépliants touristiques, un Berlin en pleine crise d'une tristesse quasi maladive où se perd sa jeunesse à l'aube de la "No future generation". Le film de Friessner prouve une fois de plus que que le cinéma gay allemand est souvent d'une froideur étonnante mais également à ceux qui pensent que homosexualité rime souvent avec prostitution qu'ils n'ont pas vraiment tort. Voilà un film à découvrir de toute urgence pour tout ceux qui aiment les univers sombres où errent les spectres de jeunes anges à la beauté sauvage.