Femmes de Sade
Autres titres:
Real: Alex De Renzy
Année: 1975
Origine: USA
Genre: X
Durée: 82mn
Acteurs: John Leslie, Ken Turner, Joey Silvera, Annette Haven, Leslie Bovee, Gail Lawrence, Justine Lynne, Samantha Morgan, Candida Royale, Monique Starr, Desiree West, Linda Wong, Enjil von Bergdorfe...
Résumé: Rocky De Sade sort de prison. Il s'empresse de violer la petite amie de son compagnon de cellule après avoir rossé de coups ce dernier. Il erre ensuite dans les quartiers chauds de San Francisco en quête de prostituées à humilier et violer. Son chemin va croiser celui de Johnny, un jeune gérant de sex-shop, qui aime fantasmer sur ses clients. Quand Rocky s'empare d'une entrée pour une soirée orgiaque privée organisée par un ami de Johnny, les amis et amies des prostituées qu'il a agressé vont se venger et le châtier de façon impitoyable pour tous les crimes qu'il a commis...
Réalisateur phare de l'âge d'or de la pornographie américaine, Alex De Renzy qui débuta sa carrière en 1970 avec Pornography in Denmark suivi de l'étourdissant Animal lovers signe avec Femmes de Sade un de ses films les plus connus et surtout les plus réputés. Mais que l'on ne s'y trompe pas. Du Divin Marquis il en est que très peu question ici si ce n'est un clin d'oeil à travers le nom d'un des protagonistes principaux, Rocky De Sade, car Femmes de Sade n'a quasiment rien de réellement sadique encore moins de sadien.
En fait, le film de De Renzy avoisine beaucoup plus le cinéma d'exploitation glauque que le véritable cinéma sadien. On suit ici Rocky De Sade, un ex-taulard, qui aussitôt sorti de prison viole sauvagement la petite amie de son codétenu. On suit ensuite ses errances nocturnes dans les rues chaudes de San Francisco où il agresse les prostituées avant de les humilier. Ses déambulations sont entrecoupées par les fantasmes de Johnny, un gérant de sex-shop, qui finira par rencontrer Rocky dans une gigantesque orgie durant laquelle il sera châtié pour toutes les effroyables exactions qu'il a commis.
A l'instar d'autres pornos de cette époque notamment ceux de Zebedy Colt ou Shaun Costello, ce qui est ici intéressant est la tentative de scénario qui dresse une intrigue certes ordinaire mais qui a l'avantage de retenir l'attention tout au long du métrage. Si elle demeure fort simple elle existe bel et bien et n'est pas un futile prétexte à aligner des séquences pornographiques ennuyantes comme trop souvent dans ce type de productions. Après une ouverture plutôt classique, elle va nous plonger dans les quartiers chauds de San Francisco où sex-shops, clubs pour adultes et cinéma pornos côtoient prostituées et couples en quête de sensations fortes au milieu des néons multicolores et des enseignes géantes, propices à tous les fantasmes. C'est dans cet univers que Rocky, un psychopathe de deux mètres de haut, doté d'un membre surprenant, erre à la recherche de catins afin de se déchainer sur elles en les humiliant et les violant.
Le personnage de Rocky inaugure à sa façon la vague de maniaques qui déferleront quelques années plus tard dans le cinéma, ces êtres violents et sadiques qui errent la nuit dans les bas fonds et quartiers chauds des grandes villes en quête de proies. Rocky De Sade rejoint donc en plus des dangereux psychopathes des années 80 ceux de Zebedy Colt (Sex wish) et Shaun Costello (Waterpower, Forced entry), faisant de Femmes de Sade un mélange parfait de sexe et de violence dans la plus pure tradition du sexploitation.
Si les scènes hardcore restent assez sobres et ne font que reprendre les grandes lignes du porno d'alors tout en gardant un coté classieux, elles devraient cependant satisfaire les amateurs de sexe brutal et autres déviances sexuelles. On retiendra notamment outre le viol légèrement sadien qui ouvre le début du film (la petite amie de l'ex-compagnon de cellule de Rocky est attachée au lit puis sodomisée), le viol de Joyce, qui après avoir été violemment battue et contrainte de mettre un collier de chien est introduite par une bouteille en verre tout en ayant les seins brûlés à la cigarette. Un des plus beaux moments de Femmes de Sade est peut être celui où une jeune femme raconte comment elle fut prise par plusieurs mécanos au fond d'une cale de paquebot alors que l'huile des moteurs jaillit des tuyaux recouvrant rapidement les corps qui se mêlent et s'emmêlent frénétiquement au son des pistons. Il émane de cette étonnante séquence d'orgie quelque chose de puissamment fantasmatique, de fortement érotique. C'est d'ailleurs l'unique séquence du film propre à cette si délicieuse fantasmatique puisque la plupart des autres scènes sont traitées de façon beaucoup plus réelles, proche d'un certain cinéma vérité qu'on rapprochera une fois de plus des oeuvres de Colt et de Costello.
Le final quant à lui nous plonge au coeur d'une splendide orgie carnavalesque et spectaculaire où se retrouvent hétéros, travestis, sadiens et masochistes tous habillés de costumes plus délirants les uns que les autres. Si cette bacchanale reste bon enfant, elle n'en demeure pas moins un surprenant mélange de pratiques et déviances sexuelles de toutes sortes qui une fois encore devraient particulièrement plaire à notre public. Zoophilie (avec un dalmatien), sodomies, fellations sont ainsi au menu avec en dessert une superbe séquence d'urophilie puis de scatophilie. En effet, Rocky s'étant invité à cette fête privée, il sera châtié par les invités pour toutes les abominations qu'il a commis. Après avoir été sodomisé, une invitée urinera sur son corps alors qu'une autre déféquera sur son ventre avant d'étaler les excréments sur tout son corps. De Renzy nous avait d'ailleurs déjà offert un rapide plan d'urophilie lorsqu'il filme en plan serré son maniaque entrain de se vider la vessie après qu'il ait bu son énième canette de bière.
Bénéficiant d'une mise en scène des plus correctes, d'un rythme soutenu, d'une photographie léchée, Femmes de Sade jouit également d'une solide distribution. Outre l'impressionnante carrure de Ken Turner dont ce fut le seul rôle qui campe un très crédible Rocky De Sade et nous gratifie d'une surprenante auto-fellation, on retrouvera le futur roi du X américain John Leslie dans la peau du gérant du sex-shop dont la plus belle performance cette fois reste celle où il s'imagine en gynécologue. L'anatomie intime de la femme n'aura plus aucun secret pour le novice après la vision de cette séquence particulièrement détaillée. On mentionnera aussi la présence d'un autre grand nom du hardcore américain Joey Silvera.
A leurs cotés on reconnaitra la fameuse Annette Haven ici à ses débuts et toute une pléiade d'actrices toute attrayantes et surtout avides de sexe même le plus sale.
On évitera la version française non seulement amputée de quelques plans mais surtout affublée d'un doublage exécrable et de dialogues lénifiants de bêtise qui brisent totalement la férocité de certaines séquences.
Femmes de Sade fait définitivement partie de ces pornos intelligents comme on aimait en faire dans les années 70, mélange imparable de sexe (sale), de violence et de plaisirs plus ou moins raffinés, qui pouvaient aisément se hisser à la hauteur d'un cinéma plus traditionnel. Le film de De Renzy appartient à ces classiques de l'âge d'or de la pornographie qu'on prend aujourd'hui autant de bonheur à visionner. Un must du genre.