Maniaco Deprebis

En ce tout début d'années 70 le cinéma Bis transalpin voit apparaitre un sous genre de la sexy comédie né du succès du Décameron de Pier Paolo Pasolini, la décamérotique. On ne compte plus les adaptations de Boccace qui allaient alors envahir les écrans, les comédies moyenâgeuses qui mêlaient avec une certaine audace parfois sexe et bouffonerie. Alfonso Brescia est un des premiers à s'emparer du mouvement en réalisant Poppea una prostituta al servizia dell'impero, un judicieux croisement entre justement la décamérotique et le défunt peplum dans une ambiance allègre qui rappelle assez les films du duo Bud Spencer et Terence Hill.

Le célèbre tandem est simplement remplacé par deux larrons, Ottone le maigre, séduisant tombeur et son éternel compagnon d'infortune Savio le grassouillet, qui vont d'aventures en aventures lorsque Poppée, l'épouse de Néron, tombe amoureuse d'Ottone. Propulsés à la tête d'une armée, Ottone toujours flanqué de son acolyte va alors vivre d'autres aventures tout aussi mouvementées qui conduiront à la destruction de Rome.

Peu original dans son scénario, mais l'originalité est elle de mise avec le genre, cet entrainant hybride entre le peplum et la décamérotique s'avère cependant une assez bonne surprise ne serait ce que pour son dynamisme, cette énergie déployée tout au long du métrage qui avouons le est un des principaux atouts du film d'autant plus que les comédiens ont tous l'air de beaucoup s'amuser et communiquent leur bonne humeur au spectateur.

Poppea una prostituta al servizio dell'impero repose sur les habituelles péripéties et autres pitreries propre au genre saupoudré d'un érotisme toujours léger et jamais graveleux. Là encore, on retrouve les traditionnelles coucheries qui font le délice de ce type de film et en guise de délice pouvait on rêver mieux que Femi Benussi dans le rôle de Poppée, toujours aussi splendide et affriolante dans la peau de cette impératrice, catin au passé bien coupable dont l'appétit sexuel n'est plus à démontrer. La vertu est quant à elle personnifiée par la troublante Eva Czemerys qui incarne la douce vierge des Cappadoces, magicienne à ses heures dont Ottone volera la virginité au grand dam du mage.

Situé dans la Rome antique, le film bénéficie en outre d'une mise en scène pétillante qui accentue la bonne humeur de l'ensemble, d'une réalisation élégante et de décors soignés auxquelles sont par instant intégrés des inserts provenant de vieux péplum notamment pour les plans de foule lors des combats de nos deux apprentis gladiateurs ou lors de quelques chevauchées. On soulignera également une joyeuse partition musicale signée Carlo Savina particulièrement guilleret.

Aux cotés de Femi Benussi, délicieuse en putain impériale, on retrouve le prince de la décamerotique, Don Backy, l'oeil vif, frétillant, dont on pourra ici admirer quelques plans de nu lorsque sa jupette s'envole dont un frontal trop furtif. Vittorio Caprioli cabotine à souhait dans la peau d'un Néron cocufié mais lyrique puisque les infidélités de sa femme lui inspireront la destruction par les flammes de Rome soit un des plans les plus ratés du cinéma d'alors, deux maisons en cartons posées sur une assise qui prennent feu dans un décor miniature absolument ridicule.
Hormis ce léger faux pas, Poppea una prostituta per l'impero est une comédie érotique franchement sympathique, enlevée, pétulante qui devrait plaire aux nombreux amateurs du genre. Brescia tournera un second volet un an plus tard intitulé Elena si ma... di Troia, une revisitation salace de la célèbre guerre de Troie.