La ragazza di nome Giulio
Autres titres: Une fille nommée Julien
Real: Tonino Valerii
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée:
Acteurs: Silvia Dionisio, Anna Moffo, Esmeralda Ruspoli, Maurizio Degli Esposti, Gianni Macchia, Riccardo Garrone, Ivano Staccioli, Umberto Raho, Roberto Chevalier, John Steiner, Malisa Longo, Raul Martinez, Livio Barbo...
Résumé: Giulia est une adolescente qui vit dans le souvenir de son père défunt dont elle s'est faite l'image même de la perfection masculine. Sa mère, incapable d'oublier ce mari adoré, a surnommé sa fille Julien en mémoire de cet homme exceptionnel. La jeune fille est élevée par cette mère possessive et une gouvernante acariâtre et lesbienne. Depuis sa plus tendre enfance toute deux l'ont mise en garde contre la méchanceté et la perfidie des Hommes. L'adolescente, devenue frigide, incapable de trouver sa véritable identité sexuelle, a généré une haine profonde envers la gent masculine tandis que faire l'amour devient une phobie. Une expérience homosexuelle ratée avec la gouvernante achèvera de traumatiser la jeune fille qui peu à peu sombre dans une folie castratrice...
La ragazza di nome Giulio n'est jamais que la transposition à l'écran du scandaleux roman éponyme de Milena Milani qui à sa sortie subit les foudres de la censure et valut à son auteur six mois d'emprisonnement pour attentat à la pudeur.
Si c'est à Tonino Valerii, éminent réalisateur à qui on doit quelques fleurons du cinéma de genre tels que La horde sauvage et Folie meurtrière, force est de constater que Valerii semble plus à l'aise dans le western ou le giallo que dans le drame psychologique.
L'histoire est celle de Giulia, une adolescente qui vit dans le souvenir de son père décédé et le giron d'une mère incapable d'oublier cet homme tant et si bien qu'elle surnomme sa fille Julien (ou Jules selon les versions). On assiste à la lente autodestruction d'une jeune fille en plein éveil sexuel qui ne parvient pas à trouver sa véritable identité. Si elle se laisse aimer tant par les filles que les garçons, elle subit pourtant le choc de ses pulsions contradictoires qu'elle n'arrive pas à assumer. Sa différence mais également sa frigidité la rongent comme un cancer, la détruisent car elles empêchent toute forme d'amour. Aimer devient impossible, faire l'amour un calvaire puis une phobie. Incapable de se détacher de l'image de ce père qui représente l'homme parfait, elle nourrit une haine sourde envers la gent masculine entretenue par l'éducation qu'elle a reçu coincée entre deux femmes névrosées, une mère d'une part exagérément possessive et d'autre part la gouvernante revêche et lesbienne qui durant toute son enfance l'ont mise en garde contre les Hommes, créatures veules, perfides et dangereuses. Déchirée entre ses envies et ses blocages elle sombre peu à peu dans une folie irréversible macabre et castratrice qui explosera lors d'un final aussi apocalyptique que cruel.
Si on peut y voir une sorte de drame Bergmanien, Une fille nommée Julien est avant un exemple typique d'un certain cinéma italien qui explore les méandres de la folie d'une adolescente à la sexualité morbide. Si le film joue surtout sur l'atmosphère, désespérée et quasi funèbre, renforcé par cette Venise hivernale triste et grise à l'image de son héroïne, La ragazza di nome Giulio passe malheureusement à coté de son sujet. A aucun moment en effet Valerii ne retrouve la puissance du roman de Milani. Ainsi jetés, les personnages et notamment celui de Julien perdent une bonne partie de leur profondeur pour devenir un peu trop transparents. Privé d'une grande part de psychologie, c'est avec un trop grand détachement qu'on suit la descente aux Enfers de cette adolescente envers laquelle on aura du mal à éprouver quelque sentiment comme on aura peine à s'intéresser et comprendre la malheureuse jeune fille tant Valerii reste en surface. Certaines scènes perdent ainsi beaucoup de leur impact et deviennent alors inoffensives d'autant plus que Valerii a choisi de bien peu montrer afin de peut être privilégier une certaine émotion.
Ceci étant, Une fille nommée Julien est un spectacle morbide parfois fascinant bénéficiant d'une belle photographie hivernale et appuyé par une superbe partition musicale particulièrement mélancolique.
On retiendra aussi une bien belle affiche puisqu'on retrouvera dans le rôle clé une toute jeune Silvia Dionisio, fort belle, mais dont le choix n'est peut être pas des plus judicieux. Outre son inexpressivité et sa froideur, on a un peu de mal à associer Silvia à son personnage d'adolescente, trop mature pour être crédible lorsqu'on sait que dans le roman d'origine Julien avait 13 ans.
A ses cotés on reconnaîtra Malisa Longo dans la peau de cette gouvernante lesbienne, cruelle et égoïste, Ivano Staccioli, le jeune Maurizio Degli Esposti, futur protagoniste de l'incestueux Uccidete il vitello grasso e arrostitelo et John Steiner dont on se souviendra longtemps de la castration.