La morte non ha sesso
Autres titres: Le tueur frappe trois fois / Showdown / Le tueur frappe la nuit / Showdown le tueur frappe la nuit / A black veil for Lisa
Real: Massimo Dallamano
Année: 1968
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: John Mills, Robert Hoffman, Luciana Paluzzi, Renate Kasché, Tullio Altamura, Jimmy il Fenomeno, Carlo Hintermann, Enzo Fiermonte, Loris Bazzocchi, Paola Natale, Vanna Polverosi, Rodolfo Licari, Carlo Spadoni, Bernardino Solitari...
Résumé: L'inspecteur Bulov de la brigade des narcotiques de Hambourg poursuit un dangereux tueur, Max, qu'il a fait libérer. La ville est en effet de plus en plus le coeur de tout un trafic de stupéfiants. En libérant Max, il est certain de pouvoir démanteler le réseau. Malheureusement son enquête est fortement perturbée par sa jalousie maladive. Il est obsédé par le fait que sa jeune et belle épouse le trompe. Son obsession va donner une tournure inattendue à son enquête...
Réalisé en 1968 par Massimo Dallamano juste après son très intéressant western Bandidos, La morte non ha sesso, coproduction Italo-germanique, serait un petit giallo totalement anodin s'il ne présentait quelques tout petits points intéressants notamment au niveau de sa construction.
Situé entre l'ère post-Bava et celle pré-Argento, La morte non ha sesso connu sous différents titres reprend certains éléments de Six femmes pour l'assassin, la tenue que porte le tueur vêtu de gants noirs et d'un pardessus noir jouant sans cesse avec une pièce de monnaie qu'il tient dans la main, et de L'oiseau au plumage de cristal pour le rituel qu'il met en place après chaque meurtre, laissant à coté du cadavre son manteau et ses gants. Les ressemblances s'arrêteront malheureusement là et La morte non ha sesso se transforme vite en un ennuyant thriller qui lorgne irrésistiblement vers le film noir dont la seule véritable particularité est de se dérouler à Hambourg.
Pour le reste, le second film de Dallamano ne présente guère d'intérêt. On suit d'un oeil distrait l'enquête d'un inspecteur des narcotiques maladivement jaloux à la poursuite d'un tueur qu'il a remis en liberté. Persuadé que sa jeune épouse, une ex-repris de justice, le trompe, il ne peut s'empêcher de la suivre. Les choses vont étonnamment prendre une toute autre direction.
Rien de très original ici d'autant plus que tout est prévisible y compris le retournement de situation final que le spectateur aura vite pressenti. Ce manque d'originalité n'est en aucun cas relevé par une mise en scène mollassonne dont la lenteur n'a d'égal que l'ennui que le film génère. Monotone, La morte non ha sesso ressemble à un quelconque épisode de Derrick ouvrant ainsi l'ère des téléfilms policiers. Loin de son habituelle splendide, Dallamano livre ici une oeuvre d'une linéarité stupéfiante, sans relief, convenue, loin de ses futurs films à l'aura souvent sulfureuse. Il ne faut guère compter sur l'érotisme cette fois pour sortir le spectateur de la douce léthargie dans laquelle il sombre inexorablement. Trop discret voire inexistant il renforce cette impression de téléfilm.
Ce n'est pas l'interprétation qui apportera cette fois un peu de nerf à l'ensemble. L'anglais Sir John Mills est un inspecteur fatigué et monolithique, bien plus préoccupé par sa femme que par son enquête, Robert Hoffmann est un tueur playboy bien peu percutant tandis que Luciana Paluzzi, est une épouse certes sexy mais fort ennuyeuse. Quant à l'allemande Renate Kasché, d'habitude si friponne dans mon bon nombre de pellicules érotiques elle est ici d'une sagesse exemplaire.
Ce qu'on retiendra du film c'est peut être sa première partie, le dilemme auquel cet inspecteur doit faire face, rongé par son obsession maladive pour sa femme et son travail représenté par ce tueur implacable mais bien humain, une idée brillante mais assez mal utilisée ici. Du giallo on glisse alors vers le thriller et le film noir pour finir dans la tragédie d'amour, un mélange qui ne prend pas et retombe très (trop?) vite.
Une photographie fort soignée, quelques scènes et idées intéressantes c'est bel et bien les seuls positifs qu'on retiendra de La morte non ha sesso, un insipide thriller qui aura vite raison du spectateur. Si le tueur frappe trois fois, la somnolence, elle, nous a frappé de plein fouet. Voilà qui est dommage!