Maniaco Deprebis

Ultime film de Massimo Dallamano, Section de choc tente de marier le poliziesco traditionnel et les outrances propres au genre à un polar plus social qui se voudrait le reflet le plus exact possible de l'Italie d'alors. Si le résultat n'est pas forcément des plus convaincant, le film n'en est pas pour autant inintéressant. Avec le soin et le sérieux qu'on lui connaît, Dallamano décrit une Italie (ici Turin) au bord du gouffre en proie au terrorisme tout en accumulant les clichés réactionnaires sur un scénario plutôt conventionnel qui à défaut d'être toujours crédible ne souffre d'aucun temps mort. Ainsi, Section de choc tourne autour de la vengeance d'un policier dont on a tué l'épouse. Les autorités dépassées par la violence, incapables de faire face à ce terrorisme galopant, laissent donc place à l'auto-justice que personnifient ces supers flics en jeans, cette section d'élite créée par ce policier vindicatif et déterminé.
La banalité de l'histoire est largement relevée par une mise en scène efficace et puissante. En véritable professionnel, Dallamano filme de main de maître les scènes d'action agrémentées de cascades impressionnantes et de courses-poursuites époustouflantes.
Bénéficiant d'un montage et de cadrages étonnants, Section de choc ne lésine pas sur l'horreur de certaines séquences particulièrement sanguinolentes notamment lors des attentats à la bombe où la caméra s'attarde sur les corps des victimes et les assassinats gratuits de femmes et d'enfants. Photographe à la base, Dallamano une fois de plus joue sur les couleurs et les ambiances mettant en valeur les paysages hivernaux d'un Turin malade sous l'emprise de la terreur.
L'interprétation est ici fort convaincante menée haut la main par un Marcel Bozzuffi sobre et Ivan Rassimov toujours aussi talentueux dans la peau d'une véritable ordure. A leur cotés, la fragile Carole André, Giancarlo Sisti , l'apparition trop brève de Franco Graofalo dont on se débarrasse trop vite et Ezio Miani qu'on put voir dans Les nuits rouges de la gestapo et Les vierges damnées où il incarnait un Satan psychédélique. On se prend par instant à imaginer ce que cet agréable poliziesco aurait pu donner si Dallamano avait fait preuve d'autant de rigueur dans son scénario que dans sa mise en scène. Mais en l'état Section de choc est un film hautement efficace bien plus intéressant que bien d'autres polizieschi du même acabit.