Fürher ex
Autres titres: Les enfants de la colère
Real: Winfried Bonengel
Année: 2002
Origine: Allemande
Genre: Drame
Durée: 97mn
Acteurs: Christian Blümel, Aaron Hildebrand, Max Richter, Jule Flierl, Max Richter, Steffen Haja, Jasmin Aksan, Luci Van Org, Dennis Grabosch, Dieter Laser, Marco Schulz, Detlef Kapplusch...
Résumé: 1986 - Allemagne de l'Est. Tommy et Heiko sont les deux meilleurs amis du monde, inséparables. Ils trainent dans les bars pour trouver cette liberté que l'Est leur interdit. Un soir, ils décident de passer la frontière pour s'enfuir vers l'Australie. Ils sont malheureusement capturés. Jetés en prison, ils vont découvrir l'enfer carcéral où règne la loi du plus fort. Heiko, le plus faible, devient vite le souffre-douleur de ses compagnons et se fait sauvagement violer. A sa sortie de prison, le mur tombé, Heiko, rongé par la haine, devient le leader d'un groupe néonazi. Il retrouve Tommy mais aprés qu'une fillette ait été tuée lors du massacre d'un groupe de punks, Tommy tente de convaincre son ami de quitter son groupe. Heiko va devoir choisir entre l'amitié et ses idées fascistes alors que l'ombre de la mort plane...
Adapté du livre auto-biographique d'Ingo Hasselbach, ancien neonazi dont le réalisateur tira profit de l'expérience du milieu, Fürher ex nous entraine dans l'Allemagne des années 80, triste et froide, dans lequel se perd une jeunesse désillusionnée facilement embrigadable dans des groupes extrêmistes.
Tommy et Heiko sont les deux meilleurs amis du monde et vivent une relation privilégiée. Perdus dans cette Allemagne qui ne leur offre aucun avenir, ils décident une nuit de franchir la frontière qui sépare l'Est de l'Ouest afin de gagner l'Australie, un pays libre où ils pourront vivre enfin leurs rêves. Ils sont malheureusement pris et emprisonnés. Si Tommy, le plus fort, parvient à se faire une place dans ce milieu où règne la loi du plus fort, Heiko, devient la proie de ses compagnons de cellule. Aprés avoir été sauvagement violé, il s'affaiblit tandis que la haine le ronge de plus en plus. A la chute du Mur, enfin libre, on retrouve Heiko à la tête d'un groupe néonazi. Son ami Tommy le rejoint mais écoeuré par le massacre d'un groupe de punks dans lequel une fillette a trouvé la mort, il tente de convaincre Heiko d'abandonner ses idées fascistes et de partir pour l'Australie avec lui.
Présenté au 8ème festival du cinéma allemand et à la Mostra de Venise, Fürher ex se situe dans la nouvelle vague de films allemands en prenant pour toile de fond la chute toute proche du Mur de Berlin. Le film de Bonengel se veut une sorte de documentaire sur les mouvements néonazis engendrés par le désespoir d'une jeunesse qui ne voit en son pays aucun avenir. Si Bonengel avait déjà signé un documentaire plutôt réussi sur le sujet, Profession: neonazi, Fürher ex échoue malheureusement dans l'objectif qu'il s'est fixé.
A travers ses deux jeunes rebelles punks, Bonengel tente avec ce film brutal et sans concession de retracer l'itinéraire qui mène à l'embrigadement de cette jeunesse dans ces groupes néonazis qui ont alors fleuri. L'envie de liberté s'arrêtera pour les deux jeunes héros à la frontière. Ils découvriront alors l'enfer de l'univers carcéral où ils vont cotoyer les premières influences de l'idéologie néonazie.
C'est là que se situe l'un des gros défauts du film. Bonengel semble s'être plus intéressé à décrire l'enfer des prisons tant et si bien que Fürher ex ressemble dans toute sa moitié à un film carcéral avec son lot de violences, de brutalités, suicides, domination et de viols.
A ce niveau, Bonengel semble s'en donner à coeur joie notamment lors du viol sauvage et particulièrement marquant d'Heiko dans les douches. Certes, cela donne au réalisateur une bonne raison de faire monter la haine chez son jeune héros mais cela est trop insuffisant pour expliquer sa transformation. D'autant plus insuffisant que vu sous cet angle, le viol serait la raison prinicpale pour laquelle Heiko choisira cette voie à sa sortie de prison. Voilà qui est bien peu crédible si on ajoute le fait qu'auparavant, Bonengel n'a fait aucune allusion à d'éventuelles idées néonazies aussi embryonnaires soient elle dans ses gestes, comportements et pensées.
Le film manque aussi cruellement de repères. Ainsi les protagonistes et leur entourage sont bien peu brossés. Ce dernier est quasiment absent, réduit à quelques personnages fantômatiques et le quotidien de nos héros, leur univers, présenté de façon trop brève et surtout trop manichéenne pour suffisamment plonger le spectateur dans une réalité bien existante. Il y a les bons d'un coté, les méchants de l'autre, l'Est synonyme d'oppression et de répression, l'Ouest de cette liberté tant rêvée. De cette présentation trop caricaturale nait un détachement qui nuit à l'ensemble notamment au parcours des deux adolescents auxquels on reste malheureusement imperméable.
Mal amené, le chemin qui mène Heiko à la tête d'un mouvement extrêmiste étonne plus qu'il ne dérange quand il ne se perd pas dans d'inutiles drames sentimentaux. On peut ainsi se demander ainsi présentée quelle est l'utilité de la romance entre Beate et Heiko, trés mal exploitée. Pas assez approfondie, l'évolution psychologique des personnages finit par totalement détacher le spectateur, jamais vraiment convaincu, de l'intensité tragique de cette histoire bien réelle elle. Plus que les raisons qui mènent à embrasser une idéologie aussi effroyable et dangereuse que le néonazisme, on retiendra surtout de Fürher ex toute la partie carcérale, violente et brutale, le massacre d'un groupe de punks et son final aussi sanglant que douloureux ainsi que les plans de nudité masculine et l'ambiguité homo-érotique liant les deux jeunes héros qui plaira à un public ciblé.
On retiendra aussi le jeu des deux jeunes interprètes principaux, Christian Blümel et Aaron Hildebrand , trés investis dans leurs rôles. Ils leur donnent vie de manière trés crédible jusqu'à parfois devenir attachants.
Si Fürher ex rate son objectif il n'en demeure pas un film intéressant mais il est fort dommage que Bonengel ait donné une image aussi étroite et surtout si peu énergique et crédible du néonazisme et des mouvements d'extrême droite, une réalité malheureusement bien réelle et avant tout fort dangereuse qui aurait mérité un traitement beaucoup plus radical et surtout réflechi.