Song of the loon
Autres titres:
Real: Andrew Herbert
Année: 1970
Origine: USA
Genre: Aventure/ Erotique
Durée: 78mn
Acteurs: John Iverson, Morgan Royce, Lancer Ward, John Evans, Brad Fredericks, John Kalfas, Martin Valez, Michael Traxon, Lucky Manning, Brad Dalla Valle, John Drake, Robert Vilardi...
Résumé: 1870 - Ephraim, jeune chasseur solitaire, parcourt les montagnes et les forêts en compagnie de son ami Cyrus. Il est poursuivi par deux mystérieux amants dont la jalousie le trouble. Ephraim, en quête de sa véritable identité et pris de doutes existentiels, doit partir à la rencontre d'un vieux shaman qui l'aidera à trouver les réponses aux questions qu'il se pose, à savoir s'il lui est possible d'aimer plusieurs hommes à la fois sans se sentir pour autant coupable...
Tiré du roman de Richard Amory écrit en 1966 et longtemps resté épuisé avant une ressortie en 2006, Song of the loon est une oeuvre toute particulière et totalement délirante, une sorte de gemme du cinéma gay.
Song of the loon est une sorte de fable existentielle dans laquelle on suit le jeune Ephraim parti en quête de lui même dans les forêts et montagnes de Californie. Il doit y rencontrer un vieil indien, une sorte de shaman, qui l'aidera à trouver les réponses à ses questions et ses doutes quant à sa sexualité.
Qui sont ces personnages qui traversent le film, nous ne le saurons pas et qu'importe car ici ce ne sont pas les protagonistes le plus important mais l'aboutissement de leur quête. A travers Ephraim, jeune chasseur solitaire blond parcourant les montagnes et les forêts, son ami Cyrus et deux énigmatiques amants qui poursuivent par jalousie l'éphèbe aux cheveux couleur blé, Herbert nous invite à un voyage introspectif dont le but est de démontrer que l'Homme peut faire abstraction de tout désir et envie et vivre une vie libérée de toute haine, rancoeur et égoïsme dont l'amour en serait la quintessence. C'est le seul moyen pour l'Homme de prendre conscience de qui il est réellement, de trouver sa véritable identité et de l'assumer pleinement.
Hormis cette réflexion philosophique, principale base du film, Song of the loon est avant tout le reflet de toute une époque, celle des années 70 et de ses idéologies. On y retrouve en effet tous les éléments propre à ces années d'insouciance dont l'amour libre. La grande peur d'Ephraim et le but de sa quête est de savoir s'il peut oui ou non aimer plusieurs hommes à la fois sans ressentir un sentiment de culpabilité.
A cela s'ajoutent la recherche de pureté, les inquiétudes existentielles et la fuite de la civilisation pour un retour à la nature le tout mâtiné de rêves hallucinogènes.
L'homo-érotisme est ici décuplé par le fait d'avoir tourné cette quête sous forme d'un western dans de sublimes paysages naturels faits de prairies verdoyantes, forêts, lacs et montagnes. Herbert multiplie les séquences de feu de bois devant lesquels les protagonistes s'avouent leurs sentiments, les baignades dans des eaux cristallines dans lesquelles les amants se baignent nus avant de s'ébrouer et s'étendre au soleil, le corps ruisselant, les chevauchées viriles et les rencontres avec de jeunes et beaux indiens dont les micro pagnes dévoilent la virilité.. et ces derniers ne se font guère prier pour aimer avec sagesse plus d'un homme à la fois. En ce sens, Song of the loon est une véritable ode à la masculinité, à la beauté de l'homme, un concentré explosif d'homo-érotisme made in Far West.
La longue séquence où Ephraim sous l'emprise des drogues que le Shaman lui a fait absorber restera un grand moment de bonheur filmé en négatif. Le jeune chasseur, nu, s'imagine faire l'amour à son ami et à de multiples hommes, au milieu des prairies et des lacs. La caméra d'Herbert n'en finit plus de lécher les courbes de ces dieux, de caresser leur corps ruisselant, de s'attarder sur chacune des parties de leur être, sur une goutte de sueur qui trés lentement coule le long d'un front recouvert de cheveux en bataille. Les corps se mêlent et s'étreignent, tombent et roulent tandis que le jeune chasseur découvre enfin qui il est, accepte ce qu'il est. Plus qu'un hommage au naturisme, indissociable de ces années, par delà le tabou du nudisme lui même, cet éblouissant final est en fait un coming-out fort original et c'est délivré de ses angoisses qu'Ephraim partira à la conquête de nombreux autres partenaires tandis que défile le générique de fin accompagné d'une ravissante chanson country, The way of the loon.
Song of the loon reste plutôt pudique quant aux scènes de nu, et ce ne sont que quelques pénis que le réalisateur dévoile, préférant s'attacher à la beauté du corps masculin et aux amitiés viriles qui naissent entre ces chasseurs, cow boys et indiens tous bâtis comme de véritables statues grecques.
Par instant, le film d'Herbert dont ce fut le seul essai cinématographique fait songer à Pink narcissus, non seulement pour son coté étrange et onirique, mais aussi pour le puissant homo-érotisme qu'il dégage trés inspiré de l'imagerie gay traditionnelle.
Parfois maladroit, par instant un rien amateur, cette tendre fable existentielle tout à l'eau de rose est certes militante mais surtout fort naïve et cette naïveté en fait son charme et la rend profondément attachante.
Si cette adaptation ne parvient pas à retrouver toute la richesse du roman d'Amory, ode à l'homosexualité, elle n'en demeure pas moins quasi unique. Voilà un joli plaidoyer qui cherche à démontrer qu'il n'y a aucun mal à être gay. L'homosexualité est en soi bonne, il faut la vivre fièrement, avec honneté et largesse d'esprit afin de combattre les contraintes et la négativité de notre société.
Quant au blond éphèbe Morgan Royce qui incarne Ephraim, gageons qu'il en fera chavirer plus d'un! Le Grand Esprit en est encore tout émpoustillé.