Maniaco Deprebis

Après sa trilogie surréaliste ouverte avec Spell qui représente l'apogée de sa carrière, Alberto Cavallone traversa une période beaucoup plus noire. Après l'échec prévisible de La gemella erotica, un thriller érotique particulièrement mauvais dont il abandonna le tournage, et I padroni del mondo qui demeura inédit en salles suite à la faillite de la maison de production, Cavallone se tourna vers le hardcore. C'est ainsi qu'il en réalisa trois à la suite durant l'été 1981, Baby sitter, Pat una donna particolare et le médiocre E il terzo gode. Le réalisateur n'a jamais caché qu'il détestait ces trois films et les avait fait uniquement pour l'argent. C'est ainsi qu'il refusa que son nom apparaisse au générique et les signa du pseudonyme Baron Corvo.

Baby sitter tout comme Pat una donna particolare vaut essentiellement pour son coté malsain et surtout la présence d'un nain crédité sous le nom de Petit Loup alias Giuseppe Sottile parmi les protagonistes principaux.
Baby sitter, beaucoup moins désespéré dans son contenu narratif et surtout auteurisant que Pat, raconte les mésaventures d'une jeune baby sitter qu'un étrange couple a décidé d'employer afin qu'elle s'occupe de leur fils. Elle va vite se retrouver séquestrée et découvrir qu'en fait le supposé fils est un nain pervers qui va faire d'elle son jouet sexuel sous l'oeil réjoui des deux maîtres de maison.
Connu en France sous le titre ridicule Petites fesses juvéniles pour membres bienfaiteurs qui correspond à sa sortie en salles et sous son titre vidéo plus accrocheur et surtout plus proche du contenu du film, Violée par un nain, Baby sitter malgré l'indigence de la mise en scène n'est pas dénué de tout intérêt.

Outre le coté grotesque de ce nain pervers travesti en petit marin en proie aux pires délires, ce qui retient le plus l'attention dans ce hardcore tourné comme les deux autres films à la villa Riano Romano prés de Rome, la même qui servit de décor à Horrible de Joe D'Amato, est le coté baroque et malsain qui rappelle par instant les oeuvres justement de D'Amato. Si ce n'était pas son caractère ouvertement pornographique, on serait presque devant un film d'horreur typiquement Bis dans la grande tradition italienne. Les personnages eux mêmes dont ce nabot excentrique, les éclairages, les cadrages, les décors, les plans gore, bon nombre de points rappellent un certain cinéma d'épouvante italien des années 70 auquel se mélangent ici les éléments de l'euro-trash traditionnel.

Baby sitter distille par instant une étrange et oppressante atmosphère, mêlée à un sadisme dont les italiens sont passés maîtres. Le film contient en effet son lot de séquences particulièrement malsaines et perverses. Attachée, la malheureuse jeune fille connaitra toutes les humiliations possibles de la part du nain joliment armé de toute une série d'ustensiles et autres objets insolites dont une collection de clystères, vibro-masseurs et surtout de godemichés qu'il utilise avec beaucoup d'imagination dont un frontal qui le transforme en licorne lubrique. Lavements, viols, électrification et bien d'autres réjouissances sont ainsi au rendez-vous tandis que Madame profite par le biais de caméras du supplice enduré par la baby sitter, s'inspirant des jeux du nain qui est en fait son mari, pour stimuler sa libido et demander à sa maîtresse de la faire souffrir pour qu'elle puisse jouir.
Malheureusement rythmé par une insupportable musique et les incessants rires sadiques du nain, Baby sitter dont il existe multiples versions, plus hardcore les unes que les autres, risque pourtant d'avoir raison de son public même avide de sensations interdites. Particulièrement long, le film avoisine les 100 minutes dans sa version intégrale, les jeux du nain, la partie la plus intéressante donc, sont trop souvent interrompus par les interminables copulations de Madame et du chauffeur filmés de façon trop insipide. L'une d'elles atteint quasiment les dix minutes et la plupart sont le plus souvent fortement ennuyeuses. Elles ramènent malheureusement le film à un simple X de bas étage. On est alors tenté de faire avance rapide tant le temps semble être long.

Tout se terminera bien pour notre baby sitter, sauvée par son valeureux fiancé qui transpercera le nain d'un javelot et tuera Madame. C'est par une toute aussi interminable fellation qu'elle le remerciera avant que ne tombe le mot fin sur l'écran.
Devenu au fil du temps une oeuvre quasiment culte, très recherchée par les amateurs du genre, Violée par un nain doit essentiellement cette réputation à son nain vedette et ses diverses perversions qui en font une oeuvre ô combien malsaine. Hormis cela, le film en lui même est assez ennuyant et ce ne sont ni la mise en scène plutôt affligeante, ni la photographie franchement laide encore moins l'interprétation approximative qui risquent de changer les choses.

Hormis Petit Loup, on reconnaitra la lolita des porn-stars du hardcore transalpin, la professionnelle et convaincante Sabrina Mastrolorenzi dans le rôle de la baby sitter, les françaises Dominique Saint Clair et Nadine Roussial ainsi que l'italo-kurde Serwan Hoshyar. Pour l'anecdote, Petit Loup, après quelques pornos, il se serait tourné vers la télévision.
On signalera que dans la version soft, la plus courte, ont été rajouté des scènes qui n'existent pas dans la version intégrale hardcore. Un personnage à été rajouté, celui de la meilleure amie à qui la baby sitter raconte son calvaire sur la plage et dans une voiture.