Nous étions un seul homme
Autres titres: We were one man
Real: Philippe Vallois
Année: 1979
Origine: France
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Piotr Stanislas, Serge Avedikian, Catherine Albin, Lucien Guérin...
Résumé: Lors de la seconde guerre mondiale, un jeune campagnard attardé recueille un soldat allemand blessé. Il le soigne et lentement il se prend d'amitié pour lui. Sa convalescence finie, Rolf décide de partir. Guy l'en empêche. Une relation faite d'amour et d'amitié lentement nait entre ces deux hommes que tout oppose. Ils vont se découvrir, s'aimer, se haïr dans cette campagne qui tremble sous l'occupation ennemie jusqu'à ne plus pouvoir se quitter...
Réalisateur ouvertement homosexuel, Philippe Vallois a signé tout au long de sa carrière de très intéressantes oeuvres, intelligentes, à la fois crues et pleines de sensibilité parfois proches du documentaire comme ce fut le cas pour Johan mon été 75 ou plus proche de nous Un parfum nommé Saïd et Sexus Dei. Nous étions un seul homme ne déroge pas à la règle.
Réalisé en 1979, Nous étions un seul homme est une sorte de farandole, une histoire d'amour et de mort dans la tourmente de la seconde guerre mondiale entre deux hommes que tout oppose. L'un est français, Guy, un campagnard apparemment simplet et peu cultivé, l'autre, Rolf, est allemand, jeune soldat érudit venu de la ville. Ils devraient être ennemis mais pourtant va naître entre eux une profonde amitié. D'abord réticent à l'hospitalité de Guy, Rolf va se laisser séduire par ce jeune paysan “dérangé” à la fois touchant et envahissant, chacun jouant des différences de l'autre provoquant ainsi des affrontements parfois violents. Ils se fuient autant qu'ils se rapprochent, se partagent entre amour et haine mais c'est la force de leur relation toute entière, c'est là qu'elle puise et trouve son équilibre. Elle est faite de jeux, de consentements mais aussi de heurts d'autant plus que Guy est un homme entier et fantasque. Ils se découvrent, apprennent à s'apprécier et s'aimer, brisant petit à petit le mur qui les sépare. Vallois en profite pour glisser dans son film quelques scènes plutôt osées voire outrancières notamment une séquence de scatologie lorsque Guy et Rolf défèquent face à face dans la forêt de la plus naturelle des façons tout en s'amusant et s'essuyant gaiement à l'aide de feuilles de magazines. Si certains la trouveront gratuite et déplacée, elle n'est là que pour démystifier les rapports entre les deux hommes qui, en partageant ce moment d'intimité, amorcent cette complicité qui ne les quittera plus.
Deux éléments sont ici nécessaires à la survie de leur amitié, la présence de Jeanine, la fille d'un voisin, avec laquelle Guy entretient une relation et un chien que Rolf a trouvé dans la campagne. Jeanine est une sorte de catalyseur, elle est aussi un objet de convoitise que les deux hommes se partagent, l'élément qui apaise les tensions et entretient l'équilibre de leur amitié au même titre que le chien, élément de jalousie. Possessif, Guy ne peut supporter que Rolf puisse partager son amitié/amour pour cet animal et le tuera dans un accès de folie. Au fil de temps, quatre saisons en fait, l'amitié ambigüe se transformera en amour et se concrétisera par une nuit d'amour passionnée. Les deux hommes ne font plus qu'un seul homme y compris dans la mort.
Avec Nous étions un seul homme, Vallois a réalisé un film original, émouvant, particulièrement riche et tout simplement beau parfaitement maîtrisé à tout point de vue tant au niveau de la mise en scène que de l'histoire en elle même. L'interprétation est à la hauteur, tout en justesse, d'un naturel désarmant. Aux cotés du pornophile Piotr Stanislas, bien connu des amateurs de hardcore français, qui incarne le jeune soldat allemand Serge Avedikian, acteur, scénariste et réalisateur de courts-métrages, est un Guy étonnant qui s'il n'a pas la beauté physique a celle du coeur et de l'esprit.