O fantasma
Autres titres:
Real: Joao Pedro Rodrigues
Année: 2000
Origine: Portugual
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Ricardo Meneses, Beatriz Forcato, Andre Barbosa, Eurico Vieira, Joaquim Oliveira, Florindo Lourenco, Rodrigo Garin, Jorge Almeida, Luis Zorro, Salomao...
Résumé: Sergio est un jeune éboueur qui vit à Lisbonne. Sans famille, seul, son seul véritable ami est son chien avec lequel il vit une relation quasi fusionnelle. Ricardo aime se prendre pour un chien. S'il entretient un flirt avec une de ses collègues, Ricardo préfère errer la nuit à la recherche de plaisirs violents, sauvages avec des hommes de passage. A travers cette double vie, il oublie sa solitude mais vit surtout ses pulsions les plus bestiales. Un jour il rencontre un jeune homme, incarnation du fantôme de ses rêves, de son fantasme. Il parvient à lui dérober un de ses sous- vêtements qu'il ne quittera plus. Totalement obsédé par ce jeune homme qui ne veut pas de lui Sergio va tout faire pour attirer son attention. son refus va lui faire perdre la tête...
Premier film du réalisateur portugais Joao Pedro Rodrigues, O fantasma fut lors de sa sortie un véritable choc cinématographique qui allait parfaitement définir l'univers du cinéaste. D'accès difficile, O fantasma est une oeuvre marginale qui traite de façon radicale le danger de donner vie à certains de ses fantasmes et de la frontière si ténue qui sépare l'Homme et l'animal.
Situé au nord de Lisbonne, O fantasma nous invite à suivre le parcours d'un jeune éboueur, seul, sans famille, dont l'unique ami est un chien auquel il s'identifie. S'il est le compagnon indéfectible il est aussi cette part d'animalité qui sommeille en tout homme tant dans le comportement que dans l'utilisation de certains sens en l'occurrence ici l'odorat. Au rythme des nuits, Sergio donne libre cours à ses pulsions homosexuelles les plus sauvages lors de rencontres éphémères dans les toilettes, les parcs... Fellations brutales, masturbations et sodomies féroces, dominations, la sexualité de Sergio est aussi sale que son univers est désespéré. A travers ces relations particulièrement dures, il libère la bête qui est en lui. Le facteur animal est d'ailleurs omni-présent dans le film, entierement rythmé par les aboiements des chiens que ce soit celui de Sergio, du doberman témoin de la sodomie de son maître ou des meutes qui résonnent au loin dans la nuit.
La rencontre avec un jeune motocycliste va bouleverser la vie de sergio. Le jeune homme est l'incarnation de ses fantasmes, le fantôme de ce qui l'a toujours cherché d'où le titre du film, fantasma signifiant en espagnol fantasme mais aussi fantôme. Sergi va alors lentement se bâtir un monde à son image.
Le refus du motocycliste à ses avances va faire basculer Sergio dans la folie tandis que la part d'animalité qui est en lui va lentement prendre le dessus. Sa fixation devient vite une obsession à travers laquelle il vit, fétichisant un vieux slip qu'il est parvenu à lui dérober et qu'il ne quittera plus. Cela nous vaut une scène aujourd'hui devenue culte, celle où il se masturbe frénétiquement sous la douche vêtu de ce sous vêtement usagé tout en reniflant le carrelage ruisselant du mur.
La procédure de régression a commencé pour Sergio, une régression qui prendra toute son effarante dimension lorsqu'il urinera sur le lit du jeune homme. Le point de non retour sera atteint lors du final paroxysmique où revêtu d'une combinaison de latex noir, il kidnappera dans son sommeil le jeune homme, le ligottera et le traînera dans la rue pour jouer avec lui comme un chat joue avec sa proie. Créature caoutchouteuse, ombre fantômatique rampant dans la nuit, terrible prédateur, Sergio n'a plus rien d'humain, croquant à pleines dents dans une décharge publique sordide un lapin qu'il a capturé aux premières lueurs de l'aube tandis que défile le générique de fin.
Afin de donner plus de crédibilité à son film, Rodrigues comme il le fera souvent par la suite offre à des comédiens non professionnels les premiers rôles. Semblant sortir droit d'un film de Pasolini, Ricardo Meneses est un Sergio étonnant, offrant son corps à la caméra lors de scènes d'un homo-érotisme foudroyant qui soyons en certain réveillera chez le spectateur de puissants fantasmes.