Primitif
Autres titres: L'ile de l'enfer cannibale / Les primitifs / L'ile de l'enfer / Cannibales / Primitives / Primitifs / Savage terror / Der todesschrei der kannibalen
Réal: Sisworo Gautama Putra
Année: 1978
Origine: Indonésie
Genre: Horreur / Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Barry Prima, Enny Haryono, Johann Mardjono, Rukman Herman, Jafar Pree York, Novita Rully, Youstine Rais, Michael Kelly, Ragga Takengon...
Résumé: Quatre jeunes éthnologues partent dans la forêt amazonienne afin d'y étudier les tribus indigènes. Après avoir fait naufrage en pleine jungle, ils sont fait prisonniers par une tribu de cannibales...
Réalisé en 1978 par l'indonésien Sisworo Gautama Putra caché sous le pseudonyme de Sam Gardner, l'ile de l'enfer cannibale est en fait un plat démarquage du Dernier monde cannibale de Deodato dont il reprend des plans complets.
Putra entraine le spectateur au coeur de la forêt amazonienne pour y suivre les aventures de quatre jeunes ethnologues partis visiter les tribus d'indigènes qu'elle abrite. Dés l'ouverture, on reste dubitatif face à cette plongée dans l'univers du cinéma Bis indonésien.
En guise de cannibales féroces, Putra nous propose en fait une tribu d'indiens perruqués revêtus d'appâts de fêtes multicolores entrain d'effectuer quelques danses rituelles, les bras levés au ciel sur une musique planante qui rappelle Jean Michel Jarre (Oxygène), Kraftwerk et Mike Oldfield, sous les yeux étonnés de l'héroïne bien peu rassurée! On peut la comprendre.
Mais le pire reste à venir quand le radeau de nos piètres ethnologues fait naufrage en pleine jungle. Le héros aura eu entre temps l'occasion de changer quatre fois de T.Shirt allant du jeune fluo à l'orange fluo en passant au bleu électrique alors qu'il n'a même pas de sac de voyage mais nos aventuriers sont désormais seuls dans cet enfer vert. Inutile de dire que Putra ne ménage aucun suspens. Ses cannibales sont partout mais seuls nos ethnologues semblent ne jamais les voir. Et quand l'héroïne se met enfin à hurler pendant qu'elle se déshabille subrepticement observée par un cannibale lubrique qui sourit de toute sa bouche édentée, ce n'est que pour signaler un minuscule scorpion! On semble rêver!
Exempt de tout véritable effet gore, Putra s'acharne par contre à provoquer le dégoût à tout prix en filmant en gros plans des plaies purulentes infestées de vers qu'on lèche pour s'en débarrasser, des blessures putrescentes et repoussantes séquences de vomi. Tout cela reste pourtant aussi inoffensif que ces cannibales de pacotille, à savoir quelques acteurs autochtones en perruques savamment édentés et une poignée d'actrices aussi impeccablement sales que maquillées dont le jeu consiste à hurler de façon simiesque tout en sautillant sur place. Le plus hilarant reste le chef de la tribu incarné par un comédien rachitique affublé d'un dentier ignoble qui le fait ressembler à un clown.
Epoque et film de genre obligent, on massacre allégrement quelques animaux dont un crocodile et un orang-outang!
Nos héros sont ensuite amenés et retenus prisonniers dans une caverne. Putra reprend quasiment plan par plan, le talent en moins, les sévices endurés par le pauvre Massimo Foschi dans Le dernier monde cannibale. Quant à l'héroïne, pudeur et cinéma asiatique obligent, elle ne sera que très peu dévêtue et gardera même son éternel ruban d'oeuf de Pâques dans les cheveux lors de son supplice.
Plus étrangement, Putra devance d'une année Cannibal holocaust lors de la scène de l'accouchement dans la boue, peu spectaculaire et surtout fort drôle tant elle est ratée.
La conclusion est entièrement calquée sur celle du Dernier monde cannibale. On y retrouve en effet l'arrivée inattendue de l'ami perdu qui délivre les captifs, la fuite le long du fleuve agrémentée de dialogues digne d'un roman rose avant l'hilarante poursuite finale. Le jeune héros en slip tente d'imiter une fois de plus Massimo Foschi. Tel Bruce Lee, il combat les indigènes avant d'affronter leur chef à qui il tranchera le front à l'aide d'un silex boomerang lors d'un ralenti inoubliable.
Les acteurs sont pour la plupart catastrophiques en priorité Enny Haryono qui n'en finit pas de surjouer. A ses cotés, on retrouvera celui qui était en passe de devenir une des stars du cinéma d'action indonésien, Barry Prima que ses admirateurs prendront plaisir à revoir ici à ses tout débuts.
Honteux plagiat (avant l'heure) sans aucune once d'originalité du film de Deodato, L'île de l'enfer cannibale, véritable série Z indonésienne qui surfe sur le succès des films de cannibales transalpins, terni par une photographie hideuse et des couleurs fort sombres finit par être une comédie de jungle qui à force d'être drôle ne l'est plus vraiment. Elle devient par contre assez vite lassante.