Kleinhoff hotel
Autres titres: The passionate strangers / Una respetable dama burguesa / Otel Kleinhoff / Insólito Encontro
Réal: Carlo Lizzani
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Drame / érotique
Durée: 89mn
Acteurs: Corinne Clery, Bruce Robinson, Werner Pochath, Katja Rupe, Michele Placido, Rodolfo Dal Pra, Peter Kern, Claudio Lazzaro, Carole Fouanon, Gino Marturano, Marcella Theodoli, Enrico Cesaretti...
Résumé: Pasquale, jeune bourgeoise française est mariée à un architecte. Retenue à Berlin par une grève des aéroports, elle loue une chambre au Kleinhoff Hotel. A travers un jour situé au dessus de la porte communicante de sa chambre, elle observe son voisin, Karl, un jeune terroriste extrêmiste recherché par la police allemande. De plus en plus excitée, prise d'une fascination morbide, elle franchit le pas et va vivre une relation passionnée quitte à se compromettre mais dont l'issue ne pourra être que fatale...
Lors de sa sortie en Italie, le film ne connut guère les faveurs de la critique et ne fut réhabilité que récemment suite à sa sortie en DVD. Lizzani s'éloigne ici de ce cinéma traditionnel auquel il nous avait habitué à travers des oeuvres souvent réalistes aux limites du documentaire, sorte d'investigations sur les réalités de notre société. Cela nous avait donné des films tels que le sordide Storie di vita e malavità, Torino nera / La vengeance du sicilien, Banditi a Milano ou encore Les derniers jours de Mussolini.
Aux grands espaces urbains habituels de ses précédents films se substitue ici un quasi huis-clos étouffant dans une petite chambre d'hôtel berlinoise plongée dans la pénombre. C'est là que les deux protagonistes que tout sépare, une jolie bourgeoise et un jeune terroriste, vont vivre une aventure passionnelle, violente et morbide sous fond politico-historique.
Kleinhoff hotel peut être lu sous plusieurs angles. Le premier c'est l'éternelle attraction que créent les amours interdites, l'excitation qu'engendre le danger notamment chez deux personnes n'ayant rien en commun, ici une épouse frustrée issue de la haute société et un terroriste désillusionné. De plus en plus excitée par ce jeune homme qu'elle observe par un jour situé au dessus de leur porte de chambre communicante, elle se laisse aller à ses pulsions qu'elle ne peut refréner. C'est une attraction morbide qu'elle ressent pour ce bandit dont elle épie les ébats et querelles avec une prostituée héroïnomane, Petra son ex-petite amie. Elle est prête à tout quitter, prête à toutes les humiliations y compris devenir une putain pour une relation qu'elle sait pourtant sans lendemain.
Le voyeurisme est l'élément majeur de la première partie, un des thèmes privilégiés d'un certain cinéma d'exploitation italien d'alors. On y retrouve l'aspect glauque du cinéma de Lizzani, son amour pour les personnages perdus dans une société décadente rongée par le vice et la corruption. Mais aussi différents soient-ils les deux personnages de Kleinhoff hotel ont pour point commun leur errance, leurs désillusions. Karl, désespéré, n'attend plus rien de la société et voit dans le terrorisme sa seule issue. Il incarne cette désorientation politique, la perte des valeurs qui n'était plus propre à l'Italie mais s'étendait doucement à l'Europe, conduisant la jeunesse à la révolte et à la guerre urbaine. Pasquale quant à elle incarne cette bourgeoisie décadente et frustrée que le terrorisme urbain sous certains aspects fascinait, cette bourgeoisie que la perte des valeurs menait à la subversion et à la perversion. Un seul élément finalement relie les deux protagonistes: l'argent. Elle est riche mais malgré ses écarts elle ne quittera pour rien au monde son univers doré, il est prêt à tout pour avoir de l'argent et un jour être riche.
C'est aussi sous un aspect politique qu'on peut voir le film. A travers ces deux protagonistes Lizzani explore de façon objective le terrorisme qui alors prenait une dimension mondiale. Ce sont les flashes radio sur les exactions des Brigades rouges qui relient durant toute la deuxième partie les deux héros au monde extérieur, donnant ainsi une vision de la peur qui envahit nos villes et ne nous fait jamais perdre de vue le contexte de cette aventure.
Malgré son contexte socio-politique Kleinhoff hotel ne s'élève malheureusement jamais guère plus haut qu'un simple film d'exploitation. C'est plus à une pellicule érotique, un softcore, à laquelle on assiste qu'à une dénonciation politique, ce que lui reprocha la critique à sa sortie. En ce sens les scènes érotiques risquent de surprendre car particulièrement osées, parfois même complaisamment gratuites comme la longue séquence de plaisir solitaire de Pasquale ou celle de la fouille intime à la douane. Lizzani semble donc s'être bien plus intéressé à la passion violente et sexuelle que vivent ces deux âmes perdues, une relation amour/haine fulgurante, crasse, par instant sordide qu'au discours politique de l'histoire.
Kleinhoff hotel est d'une évidente froideur, empreint de désespoir à l'image des divers personnages qui le traversent (commissaires sadiques prenant un malin plaisir aux fouilles intimes, prostituée héroïnomane, trafiquant) et du décor (commissariat glauque, la chambre d'hôtel sombre). Pour Lizzani la seule issue pour les plus faibles est la mort alors que les riches restent, cyniques et profiteurs. Karl se suicidera au petit matin en se tailladant les veines après avoir fait une dernière fois l'amour en écoutant le bulletin d'information. Il réalise qu'il n'y a aucun espoir pour une autre vie. Impassible, Pasquale regardera le cadavre avec dédain et quittera comme si de rien n'était la chambre pour retourner à sa vie de bourgeoise frustrée après s'être bien amusée. Cette accablante conclusion résume toute la vision qu'a le réalisateur de notre société.
Quelque soit l'opinion qu'on a de Kleinhoff hotel, pour ses détracteurs un film inutile et raté visant simplement à nourrir les instincts voyeuristes du spectateur à travers son érotisme torride et malsain, un film qui explore le terrorisme à travers le désespoir des classes sociales déterminantes pour ses défenseurs, on ne peut nier que Lizzani rigoureux et objectif comme d'accoutumée livre une fois de plus une vision brute et sans concession de ses opinions. On regrettera surtout et avant tout qu'il manque au film une véritable atmosphère. C'est peut être là son principal défaut.
L'interprétation est dominée par la toujours aussi sexy et impudique Corinne Cléry qui arbore ici la plus vilaine coupe de cheveux de sa carrière (espérons qu'il s'agisse d'une perruque). Peut être que le choix de l'actrice ne fut guère judicieux car trop apparentée au cinéma érotique pour donner une certaine crédibilité à un film engagé. Au départ Liv Ullman et Jennifer O'Neil avaient été approchées pour le rôle mais toutes deux refusèrent à cause des scènes jugées trop érotiques.
Aux cotés de Corinne on notera la performance plus sobre de l'anglais Bruce Robinson, tout aussi impudique. Voilà une étonnante prestation pour cet ex-dandy ultra sexy qu'on put remarquer notamment dans le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli. Il brilla par la suite sur les planches mais également dans des oeuvres plus classiques ainsi que comme scénariste notamment sur l'oscarisé The Killing fields / La déchirure. Pour l'anecdote Bruce était très timide et surtout, contrairement à son personnage, très pudique. Il redoutait les scènes de sexe avec Corinne et exigea de Lizzani qu'il ne filme pas ce que nous appellerons sagement son intimité. Le réalisateur ne tint visiblement pas complètement sa parole puisque lors de l'ultime séquence de sexe entre lui et Corinne celle ci sort son (joli) pénis de son caleçon et le masturbe furtivement face à l'objectif! Mais de nombreuses scènes érotiques furent tout de même retirées du montage final. Pour compléter la distribution, l'incandescente rousse Katja Rupé interprète Petra. On remarquera le toujours filiforme Werner Pochath et Michele Placido, tous deux dans de courts rôles, ceux des complices de Karl.
Aux grands espaces urbains habituels de ses précédents films se substitue ici un quasi huis-clos étouffant dans une petite chambre d'hôtel berlinoise plongée dans la pénombre. C'est là que les deux protagonistes que tout sépare, une jolie bourgeoise et un jeune terroriste, vont vivre une aventure passionnelle, violente et morbide sous fond politico-historique.
Kleinhoff hotel peut être lu sous plusieurs angles. Le premier c'est l'éternelle attraction que créent les amours interdites, l'excitation qu'engendre le danger notamment chez deux personnes n'ayant rien en commun, ici une épouse frustrée issue de la haute société et un terroriste désillusionné. De plus en plus excitée par ce jeune homme qu'elle observe par un jour situé au dessus de leur porte de chambre communicante, elle se laisse aller à ses pulsions qu'elle ne peut refréner. C'est une attraction morbide qu'elle ressent pour ce bandit dont elle épie les ébats et querelles avec une prostituée héroïnomane, Petra son ex-petite amie. Elle est prête à tout quitter, prête à toutes les humiliations y compris devenir une putain pour une relation qu'elle sait pourtant sans lendemain.
Le voyeurisme est l'élément majeur de la première partie, un des thèmes privilégiés d'un certain cinéma d'exploitation italien d'alors. On y retrouve l'aspect glauque du cinéma de Lizzani, son amour pour les personnages perdus dans une société décadente rongée par le vice et la corruption. Mais aussi différents soient-ils les deux personnages de Kleinhoff hotel ont pour point commun leur errance, leurs désillusions. Karl, désespéré, n'attend plus rien de la société et voit dans le terrorisme sa seule issue. Il incarne cette désorientation politique, la perte des valeurs qui n'était plus propre à l'Italie mais s'étendait doucement à l'Europe, conduisant la jeunesse à la révolte et à la guerre urbaine. Pasquale quant à elle incarne cette bourgeoisie décadente et frustrée que le terrorisme urbain sous certains aspects fascinait, cette bourgeoisie que la perte des valeurs menait à la subversion et à la perversion. Un seul élément finalement relie les deux protagonistes: l'argent. Elle est riche mais malgré ses écarts elle ne quittera pour rien au monde son univers doré, il est prêt à tout pour avoir de l'argent et un jour être riche.
C'est aussi sous un aspect politique qu'on peut voir le film. A travers ces deux protagonistes Lizzani explore de façon objective le terrorisme qui alors prenait une dimension mondiale. Ce sont les flashes radio sur les exactions des Brigades rouges qui relient durant toute la deuxième partie les deux héros au monde extérieur, donnant ainsi une vision de la peur qui envahit nos villes et ne nous fait jamais perdre de vue le contexte de cette aventure.
Malgré son contexte socio-politique Kleinhoff hotel ne s'élève malheureusement jamais guère plus haut qu'un simple film d'exploitation. C'est plus à une pellicule érotique, un softcore, à laquelle on assiste qu'à une dénonciation politique, ce que lui reprocha la critique à sa sortie. En ce sens les scènes érotiques risquent de surprendre car particulièrement osées, parfois même complaisamment gratuites comme la longue séquence de plaisir solitaire de Pasquale ou celle de la fouille intime à la douane. Lizzani semble donc s'être bien plus intéressé à la passion violente et sexuelle que vivent ces deux âmes perdues, une relation amour/haine fulgurante, crasse, par instant sordide qu'au discours politique de l'histoire.
Kleinhoff hotel est d'une évidente froideur, empreint de désespoir à l'image des divers personnages qui le traversent (commissaires sadiques prenant un malin plaisir aux fouilles intimes, prostituée héroïnomane, trafiquant) et du décor (commissariat glauque, la chambre d'hôtel sombre). Pour Lizzani la seule issue pour les plus faibles est la mort alors que les riches restent, cyniques et profiteurs. Karl se suicidera au petit matin en se tailladant les veines après avoir fait une dernière fois l'amour en écoutant le bulletin d'information. Il réalise qu'il n'y a aucun espoir pour une autre vie. Impassible, Pasquale regardera le cadavre avec dédain et quittera comme si de rien n'était la chambre pour retourner à sa vie de bourgeoise frustrée après s'être bien amusée. Cette accablante conclusion résume toute la vision qu'a le réalisateur de notre société.
Quelque soit l'opinion qu'on a de Kleinhoff hotel, pour ses détracteurs un film inutile et raté visant simplement à nourrir les instincts voyeuristes du spectateur à travers son érotisme torride et malsain, un film qui explore le terrorisme à travers le désespoir des classes sociales déterminantes pour ses défenseurs, on ne peut nier que Lizzani rigoureux et objectif comme d'accoutumée livre une fois de plus une vision brute et sans concession de ses opinions. On regrettera surtout et avant tout qu'il manque au film une véritable atmosphère. C'est peut être là son principal défaut.
L'interprétation est dominée par la toujours aussi sexy et impudique Corinne Cléry qui arbore ici la plus vilaine coupe de cheveux de sa carrière (espérons qu'il s'agisse d'une perruque). Peut être que le choix de l'actrice ne fut guère judicieux car trop apparentée au cinéma érotique pour donner une certaine crédibilité à un film engagé. Au départ Liv Ullman et Jennifer O'Neil avaient été approchées pour le rôle mais toutes deux refusèrent à cause des scènes jugées trop érotiques.
Aux cotés de Corinne on notera la performance plus sobre de l'anglais Bruce Robinson, tout aussi impudique. Voilà une étonnante prestation pour cet ex-dandy ultra sexy qu'on put remarquer notamment dans le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli. Il brilla par la suite sur les planches mais également dans des oeuvres plus classiques ainsi que comme scénariste notamment sur l'oscarisé The Killing fields / La déchirure. Pour l'anecdote Bruce était très timide et surtout, contrairement à son personnage, très pudique. Il redoutait les scènes de sexe avec Corinne et exigea de Lizzani qu'il ne filme pas ce que nous appellerons sagement son intimité. Le réalisateur ne tint visiblement pas complètement sa parole puisque lors de l'ultime séquence de sexe entre lui et Corinne celle ci sort son (joli) pénis de son caleçon et le masturbe furtivement face à l'objectif! Mais de nombreuses scènes érotiques furent tout de même retirées du montage final. Pour compléter la distribution, l'incandescente rousse Katja Rupé interprète Petra. On remarquera le toujours filiforme Werner Pochath et Michele Placido, tous deux dans de courts rôles, ceux des complices de Karl.