Pensiero d'amore
Autres titres:
Real: Mario Amendola
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Comédie / Musical
Durée: 102mn
Acteurs: Mal, Silvia Dionisio, Angela Luce, Pippo Franco, Francesco Mulè, Carlo Delle Piane, Umberto D'Orsi, Pietro De Vico, i Primitives, Fiammetta Baralla, Stelvio Rosi, Luca Sportelli, Fulvio Mingozzi, Ginni Pulone, Gina Mascetti, Enzo Filippi, Franco Aloisi...
Résumé: Reg, un jeune anglais, fait le tour du monde en stop. Alors qu'il este n Italie une voiture le prend à son bord. C'est la Comtesse Varaldi qui est de suite séduite par le beau globe-trotter qu'elle souhaite revoir. Reg fait la connaissance de la pétillante Paola qui s'éprend de lui. Reg va devoir jouer sur deux tableaux et cacher sa véritable identité. Il est en effet chanteur d'un groupe de rock à la mode. Lorsqu'elle le découvre la comtesse, furieuse, décide de se venger...
Avant toute chose il nous faut parler de Mal, Mal Ryder, de son véritable nom Paul Bradley Couling, Mal le sex-symbol des années 60 venu droit d'Angleterre, son pays natal. S'il débute une carrière de chanteur semi professionnel avec son groupe The Meteors puis avec les Spirits c'est avec les Primitives que sa carrière va décoller le propulsant au firmament des stars. Le groupe ne cesse de tourner aux quatre coins de la planète, déchainant les foules. En 1966 après y avoir donné une série de concerts triomphaux Mal s'installe en Italie où il devient une véritable star. Les italiennes ne rêvent que de lui, s'arrachent ses posters, ses
disques se vendent par millions. Mal devient une sorte de sexy bombe divine et comme toute bombe, surtout lorsque l'époque s'y prête, un film va lui être consacré. Et c'est le metteur en scène-scénariste Mario Amendola qui a déjà derrière lui une longue filmographie à son actif qui s'y colle, Bruno Corbucci au scénario. Nous somme en 1969. La "Malmania" bat son plein alors que les radios italiennes ne cessent de jouer son nouveau tube Pensiero d'amore (dont la version originale n'est autre que le "I've got a message to you" des Bee gees). Le titre du film est trouvé et Corbucci va tout simplement s'inspirer de la chanson pour écrire le scénario. Scénario avez-vous dit? Le mot est un peu exagéré car le résumé du film tient en
quelques lignes.
Reg alias Mal, un jeune et séduisant jeune homme, quitte l'Angleterre pour faire le tour du monde en stop. Nous le retrouvons en Italie au bord d'une route, faisant du pouce. Une jeune femme, la comtesse Stefania Varaldi, le prend à son bord, séduite par ce globe-trotter. Lorsqu'ils se quittent elle lui fait promettre de la revoir. Il lui faut maintenant trouver un boulot. Chose rapidement faite grâce au joyeux Leone avec qui il va cohabiter. Par le biais de Leone Reg fait la connaissance de la jolie Paola (et de son père Domenico) dont il tombe rapidement amoureux. Reg va devoir jongler entre Paola et la comtesse et surtout jouer sur deux identités différentes. Pour Paola Reg n'est pas un globe-trotter mais le chanteur du
groupe I Primitives qui donne un concert à la boite branchée de la ville. Les choses deviennent sérieuses entre Reg et la jeune fille mais elles se compliquent pour Reg aussi car la comtesse a découvert la véritable identité de celui dont elle est éprise. A ses yeux un petit chanteur de rock'n'roll a bien moins d'intérêt qu'un bel aventurier. Elle découvre aussi l'existence de Paola. La comtesse décide de se venger en faisant croire à la jeune fille que son beau fiancé à une femme dans sa vie. Fort heureusement tout se terminera bien. Paola et Reg vont même pouvoir parler mariage.
Le scénario est étriqué, il n'a d'ailleurs guère d'importance, il n'est qu'un prétexte à mettre Mal
en valeur et lui donner l'occasion de chanter quelques uns de ses énormes hits sur fond de romance romaine. Car Pensiero d'amore (Pensées d'amour) comme le titre le laisse supposer est une histoire d'amour, un joli roman-photo pour jeunes filles en fleurs (et pas que...) qui vont se pâmer devant les yeux bleus de Mal, son regard de velours, son irremplaçable frange, son brushing impeccable, son sourire carnassier, sa voix puissante et ses colles pelles à tartes. Car nous sommes en 1969, à l'ère du jerk endiablé et du rock psychédélique, Pensiero d'amore est un roman-photo psychédélique bien ancré dans son temps. Pour ses concerts en boite de nuit où on jerke, ses tenues estampillées fin années
60 et... Silvia Dioniso! On ne rêve pas, c'est bel et bien Silvia Dioniso qui est ici la fiancée de Mal, l'atout du film puisque Silvia transformée en poupée psychédélique n'a jamais été aussi belle et candide, naturelle, loin des Barbies préfabriquées dont le cinéma nous abreuve. En mini-jupe ou maillot de bain, choucroutée ou non, cheveux longs ou perruques en tout genre, Silvia, splendide, sous la pluie ou sur fond de coucher de soleil, incarne toute la beauté de ces folles années peace and love.
Et si Pensiero d'amore ressemble tant à un roman-photo c'est peut-être également parce que Mal sera une des stars du genre durant les 70, ses aventures amoureuses feront
s'évader bien des lectrices qui n'auront plus qu'un seul fantasme en tête: être dans les bras de leur dieu le temps d'une nuit ou même plusieurs. Le film de Amendola est tourné comme une de ses nombreuses histoires papier glacé, multipliant les lieux de rêve (mer, parcs et jardins, piscine...) et les gros plans sur les yeux azur de Mal, sur son visage. Mal est à l'écran du début à la fin et bien sûr il chante, en voiture, en se promenant au bras de Silvia et même au célèbre château de Balsorano où une partie du film a été tournée. On est entre le roman-photo, la comédie musicale et la simple comédie puisque Amendola n'oublie pas d'assaisonner l'ensemble de quelques péripéties loufoques et de gags sympathiques qu'on
doit surtout à Pippo Franco, égal à lui même, drôle et jamais niais, me jovial Francesco Mulé (le père de Silvia) et Umberto D'Orsi. Chacun y met du sien et ça fait plaisir.
Aussi anodin soit-il le film sera cependant un énorme succès en Italie, la renommée de Mal attirant les foules comme une ampoule attire les mouches les soirs d'été. Il reste aujourd'hui une bobine toujours aussi cotée, sollicitée, un incontournable du film musical même s'il faut avouer que si Mal chante bien son jeu d'acteur est assez réduit, aussi réduit que l'est celui d'un comédien de roman-photo. Mal prend la pose, Mal est séduisant, ses chansons variété-rock sont accrocheuses mais ça s'arrête là. Difficile donc pour un français de comprendre le
gigantesque succès de cette bande comme il serait difficile pour un italien de comprendre la réussite explosive au box-office d'une pellicule sur Claude François. A chaque pays ses idoles et ses posters.
Pour le spectateur français, l'amateur de ce type de film Pensiero d'amore se laisse regarder avec un plaisir certain ne serait-ce que pour Pippo Franco, Francesco Mulé, la beauté psychédélique d'une toute jeune et merveilleuse Silvia et les chansons de Mal et des Primitives (Pensiero d'amore, Betty blue la version italienne de Je n'aurais pas le temps, Occhi neri...) qui nous rappelleront au bon vieux temps de cette fin d'années 60 magique si bien retranscrit ici. Léger, divertissant et tellement inoffensif. Et si on a aimé on visionnera la suite tournée l'année suivante toujours par Amendola, avec la même distribution mais avec un scénario plus consistant, Lacrime d'amore (Larmes d'amour).