L'asesino esta entre los trece
Autres titres: The killer is one of thirteen / The killer is one of 13
Real: Javier Aguirre
Année: 1973
Origine: Espagne
Genre: Giallo
Durée: 90mn
Acteurs: Patty Shepard, Simón Andreu, José María Prada, Trini Alonso, Eduardo Calvo, May Heatherly, Eusebio Poncela, Carmen Maura, Dyanik Zurakowska, Marisol Delgado, Jack Taylor, Blaki, Paul Naschy, Ramiro Oliveiros...
Résumé: Lisa Mandel, une séduisante veuve, a réuni chez elle dans sa villa isolée, treize personnes qui n'ont rien en commun du moins en apparence. Une fois les convives à table elle leur explique la raison de cette invitation. Elle est persuadée que son mari mort deux ans plus tôt a été assassiné par un des invités. Ce séjour a pour but de le démasquer. Alors que les doutes s'emparent de chacun un mystérieux meurtrier commence à les tuer un à un...
Essentiellement connu en France pour son incontournable Bossu de la morgue et le très sympathique El grande amor del conde Dracula le fort prolifique Javier Aguirre réalise en 1973 cette copie conforme des Dix petits nègres de Agatha Christie qui marque sa troisième et ultime collaboration avec Paul Naschy. Ce ne sera malheureusement pas le film dont on retiendra ni du tandem ni même du metteur en scène puisqu'il reste non seulement le plus faible mais surtout le plus inepte.
Treize personnes ont reçu une invitation pour passer quelques jours chez la richissime Lisa
Mandel, jeune et séduisante veuve dont le mari, un industriel, est mort deux ans plutôt lors d'un vol Paris-Londres. Aucun d'eux ne se connaissent vraiment mais tous ont autrefois été plus ou moins proches du défunt. Arrivés à la villa de la veuve, une demeure isolée en pleine campagne, les invités sont réunis à table. Lisa leur dévoile alors la raison pour laquelle elle les a convié chez elle. Lisa est convaincue que son mari a été assassiné d'autant plus que le matin de sa mort une personne a été vue quittant sa chambre d'hôtel puis revenir avec 10000 livres sterling qui n'ont jamais été retrouvés. Pour Lisa le meurtrier est un des invités. Elle espère que durant ces quelques jours il fera une erreur qui lui sera fatale et l'amènera à se
démasquer. Elle est aidée dans sa démarche par son chauffeur qui sabote les voitures afin que personne ne quitte la villa et son majordome, Henry, qui est également son amant secret. Le diner terminé chacun regagne sa chambre et commence à émettre des hypothèses quant à l'identité de l'assassin. Le doute s'installe doucement dans l'esprit des convives. C'est alors qu'un mystérieux tueur ganté de noir se met à éliminer un à un les invités, en priorité ceux qui semblent à savoir un peu trop. Lorsque l'assassin du mari de Lisa est enfin démasqué un dernier rebondissement change la donne.
Tout commençait pourtant bien et laissait entrevoir un agréable petit thriller comme le sont
souvent les adaptations du roman de la célèbre écrivain. C'est plutôt enthousiaste qu'on attendait l'arrivée à la demeure de la ravissante Lisa de nos invités pour un huis-clos tendu en rase campagne. C'est bel et bien avec l'ennui qu'on a malheureusement rendez-vous cette fois puisque durant une heure il ne se passe strictement rien. Le temps pourrait donc paraitre bien long si ce n'était l'organisation du repas durant lequel Lisa va expliquer les raisons qui l'ont poussé à rassembler tout ce beau monde, seul moment qui peut retenir l'attention du spectateur de par la manière assez magistrale dont Aguirre le filme. Une aussi longue séquence aurait en effet vite pu susciter l'ennui si elle n'avait pas été truffée de détails
et d'informations précieuses disséminés dans des dialogues récités avec conviction par la maitresse de maison. A cet instant précis on pense que le film va réellement démarrer et tenir en haleine. Que nenni. Non seulement cet instant de grand intérêt retombe aussi vite qu'un soufflé trop tôt sorti du four mais El asesino esta entre los trece s'enfonce dans une monotonie ronflante tout en accumulant les invraisemblances.
En effet dés que chacun regagne sa chambre le film se perd en bavardages assommants. Plus rien ne se passe si toutefois quelque chose s'était déjà passé auparavant. Chaque protagoniste, la plupart très cliché (un gigolo de quatre sous, un banquier ruiné, un couple
adultère, une fausse petite bourgeoise, un artiste raté...), se soupçonne, met en exergue les défauts, fautes et tares de l'autre, se rejette la culpabilité. On s'enlise dans un océan d'échanges verbaux creux souvent fatigants d'où fusent par moment quelques éclats de rire tant certaines scènes sont improbables. Malgré les circonstances très spéciales de cette réunion personne ne semble prendre au sérieux cette histoire, ne semble s'en inquiéter. Tous préfèrent s'amuser et même pour certains courtiser certaines charmantes invitées quant ce n'est tout simplement pas la domestique, visiblement très légère, qui se laisse draguer par tout ce qui porte pantalon en les entrainant la nuit dans son petit cabanon au
fond du jardin. C'est d'autant plus aberrant que lorsque les meurtres commencent enfin, c'est à dire au bout d'une heure tapante, personne ne s'en soucie, personne n'a peur. Là où il devrait y avoir peur, angoisse, suspens, il n'y a que sourires et consternation. Impossible de croire une seule seconde à cette intrigue vu le comportement de personnages aussi peu crédibles qu'illogiques. Tout s'effondre, le ridicule parvient même à prendre le dessus notamment lorsque la vieille tante aigrie arrache un bouton de la veste du tueur qu'elle garde si fermement serré dans son poing que le meurtrier n'arrive pas à lui reprendre et doit fuir, abandonnant le petit objet dans la main du cadavre. C'est avec aucune difficulté que Lisa
ouvrira la main et trouvera le bouton. Miracle!
Si la dernière partie soit les trente dernières minutes sont un peu plus énergiques puisque Aguirre s'est souvenu qu'il réalisait un thriller, qu'il devait donc organiser quelques jolis meurtres, l'ensemble pue le précipité. Comme il ne lui reste en effet plus beaucoup de temps il les enchaine à la vitesse grand V, si vite que ça en devient presque drôle, presque surréaliste. Un coup de hache par ci, un fil à couper le beurre par là, une noyade... les invités et le personnel de maison tombent comme des mouches. facile donc de trouver le coupable d'autant plus que l'amateur de gialli habitué aux rouages de ce type de film aura vite compris
le pourquoi du comment. Le rebondissement final est certes bien amené mais là encore rien de très original et c'est forcément déçu qu'on regardera le générique de fin défiler.
Malgré son coté fadasse, son peu d'énergie, ses dialogues fastidieux El asesino esta entre los trece n'est pas entièrement raté. Il réussit à garder quelque peu la tête hors de l'eau grâce notamment à sa distribution plutôt classieuse en tête Patty Sheppard dans le rôle de Lisa Mandel presque parfaite en vénéneuse maitresse de maison entourée des solides Eduardo Calvo, Jack Taylor et la gracieuse Carmen Maura. Simon Andreu se glisse naturellement dans la peau du play-boy mais reste malheureusement assez mal utilisé et
son rôle tombe vite à l'eau. Ramon Oliveiros, l'inoubliable docteur fou de El pantano de los cuervos / Swamp of the ravens, est le majordome qui finalement jouera un rôle clé au coeur de l'intrigue. Mais on retiendra surtout le tandem que forment la rigide Trini Alonso (Un vampiro para dos) et Eusebio Poncela (le voisin homosexuel de Cannibal man), celui d'une mère hyper possessive, autoritaire qui traite son fils comme un enfant, un jeune homme totalement soumis, presque attardé qui nourrit en lui une haine destructrice vis à vis de cette femme qui pourtant il aime. Ce duo aurait mérité d'être plus approfondi, mieux soigné d'autant plus qu'il est un des principaux attraits du film même si au final il ne sert à rien dans
la résolution de l'énigme. Quant à Paul Naschy, le chauffeur, il n'occupe cette fois que cinq minutes du métrage pour finalement être tué, sa présence requise au Festival du Rex à Paris pour le Bossu de la morgue expliquant cette apparition fugace.
Toujours au crédit de cette bobine sa jolie photographie et quelques plans assez majestueux mais ces quelques qualités ne suffisent pas à rehausser l'ensemble somme tout décevant, jamais braiment crédible et trop souvent ennuyeux. El asesino esta entre los trece reste un giallo ibérique anecdotique à réserver essentiellement aux collectionneurs et férus du genre, une des adaptations d'Agatha Christie parmi les plus soporifiques.