La furia dei Kyber
Autres titres: La furie des Kyber / La furie de Kyber / El tigre del Kyber
Real: José Luis Merino
Année: 1970
Origine: Italie / Espagne
Genre: Aventures
Durée: 90mn
Acteurs: Peter Lee Lawrence, Sergio Ciani, Antonio Mayans, Carina Monti, Mariano Vidal Molina, Nello Pazzafini, Pasquale Basile, Pasquale Simeoni, Luis Marín, Carlos Quiney, Beatriz Savón...
Résumé: Au nord-ouest des Indes un détachement militaire britannique commandé par le capitaine Miller, un homme raciste et cruel, s'inquiète d'une fort possible soulèvement des indigènes qui protestent contre la tyrannie exercée par les colons anglais. Un groupe d'indiens dirigé par le vénéré Tantya se préparent à attaquer les troupes de Miller lors de leur passage au col de Kyber...
Surtout connu pour ses petits western paella et ses adaptations de Zorro l'espagnol José Luis Merino commis en 1970 juste après la réalisation d'une bande d'horreur gothique joliment ratée mais plutôt ludique, Il castello dalle porte di fuoco / Le monstre du château, ce Furia dei Kyber, un film aujourd'hui bien oublié. Mais est ce un mal?
A la frontière nord-ouest des Indes un détachement militaire anglais dirigé par le capitaine Miller, un homme raciste et sans pitié, et son second, le brave sergent métis Cullen, s'inquiète des rumeurs d'un possible soulèvement du peuple indien qui pour protester contre
la tyrannie britannique volent et tuent les sujets de sa Majesté. Les deux hommes ont des avis divergent sur la manière d'écraser les rebelles. Miller préconise la manière forte, massacrer, tandis que Cullen plus humain et compréhensif dû en partie à ses origines est davantage axé sur le dialogue. Alors qu'ils se disputent sur les meilleures tactiques à adopter un groupe d'indiens rebelles mené par le puissant Tantya, un homme considéré comme un véritable dieu par le peuple, organise la révolte. L'affrontement entre les militaires appelés par les indigènes les vestes rouges ou plus vulgairement Les culs blancs et les indiens va avoir lieu au col de Khyber dans la caverne qui leur sert de refuge après que Miller
soit parvenu à capturer Tantya. C'est alors que Timul, le fidèle serviteur de Cullen, trahit son maitre et se range du coté de ses compatriotes.
Avec cette coproduction italo-espagnole le réalisateur José Luis Merino tente de faire revivre un genre à la mode dans les années 60, le film d'aventures. On pense bien entendu à Sandokan, aux films de Umberto Lenzi tels que Le temple de l'éléphant blanc, tous ces sympathiques petites séries B qui fleuraient bon l'exotisme sur fond d'Histoire. Avec La furia dei Kyber Merino prend pour toile de fond le colonialisme pour mieux plonger le spectateur au coeur d'une Inde sous contrôle des armées britanniques. Le sujet a été maintes fois traité
dans ce type de cinéma mais avouons le de façon bien plus crédible et surtout énergique que ces rebelles indiens qui ne risquent guère d'inquiéter sa Majesté! Le problème majeur du film hormis un scénario quasi inexistant est sans nul doute son indolence. A aucun moment Merino ne parvient à lui insuffler ce souffle épique propre à ces productions, cet élan d'énergie qui transporte le spectateur au coeur de la bataille. D'aventures il n'y en a pour ainsi dire pas. Tout tourne au ralenti écrasé par des dialogues trop creux pour faire mouche et c'est en vain qu'on attend qu'il se passe quelque chose notamment durant toute la première partie. Merino se contente d'aligner les lieux communs, d'utiliser comme il peut, sans
originalité ni inventivité les ingrédients du genre. La cruauté et le racisme des colons si régulièrement bien dépeints à travers moult productions deviennent ici d'irrésistibles petits moments d'hilarité tant on manque de sérieux. Un des plus bel exemple est cette partie de tauromachie où les indigènes remplacent le taureau. Munis d'un foulard qu'ils agitent mollement ils doivent éviter les lances des colons montés à cheval qui se font un plaisir de les harponner tout aussi mollement après les avoir fait un peu courir sous le regard réjoui du capitaine amorphe. Quelques rites religieux indiens, une amourette restée à l'état embryonnaire entre une indienne et Cullen complètent ces aventures qui ne décollent jamais
vraiment. Prévisible, téléphoné, routinier La furie des Kyber ne se rattrape guère plus sur ses scènes d'action maladroitement et paresseusement mises en scène par un Merino larvaire. Duels à l'épée, poursuites à cheval et autres combats ne sont jamais très spectaculaires et trahissent un évident manque de budget ce qui n'aurait pas empêché un peu plus de nerf et pourquoi pas d'effets sanglants.
En fait il faut attendre les vingt dernières minutes pour enfin pouvoir sortir de sa douce léthargie, un peu comme si Merino avait réserver son peu d'argent pour offrir une conclusion digne d'intérêt. Tout est certes joué d'avance mais on se laisse néanmoins gentiment
séduire par ce doux carnage final, toutes proportions gardées bien entendu. Mais c'est surtout la grotte des indigènes dont on se souviendra le plus, magnifique, irradiant de mille couleurs, noyée dans les vapeurs d'eau des impressionnantes cascades près desquelles se déroulent les combats. On penserait presque à Mario Bava par instant de par le traitement de la photographie.
Autre gros atout du film ses superbes décors naturels fort bien mis en valeur qui flattent l'oeil et empêchent justement de sombrer. Entièrement tourné dans les plaines et montagnes espagnoles notamment à Saragosse il lui manque peut être le coté exotique, difficile en effet
de faire passer l'Espagne pour les Indes, mais la beauté des paysages, leur palette de couleurs fait assez vite oublier le leurre et séduit d'emblée.
L'interprétation est malheureusement à l'image du film, médiocre, d'une extrême fadeur malgré quelques solides noms du cinéma de genre tant italien qu'ibérique. Peter Lee Lawrence (Cullen), transparent, trouve certainement là son rôle le plus anodin, ni convaincant ni convaincu à l'image de son partenaire Sergio Ciani, ex-star du peplum, bien terne dans la peau du méchant capitaine. Antonio Mayans (Timul), Mariano Molina Vidal et
Carlos Quiney offrent le minimum syndical mais tirent leur épingle du jeu sans jamais se surpasser.
Discrètement distribué en France durant l'hiver 1973 La fureur des Kyber ne possède en rien la fureur de son titre. Petit film d'aventures oubliable, dispensable, il fait assez pâle figure comparé à d'autres fleurons du genre et ne doit finalement son salut qu'à ses qualités esthétiques et visuelles ainsi qu'à son intéressant et mouvementé final.