Zambo il dominatore della foresta
Autres titres: Zambo le maitre de la jungle / Zambo le roi de la forêt
Real: Adalberto Albertini
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 93mn
Acteurs: Brad Harris, Gisela Hahn, Raf Baldassarre, Attilio Dottesio, Daniele Vargas, Enrico Chappiafreddo, Mario Dionisi, Oscar Giustini...
Résumé: George Ryon est condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis. En route pour le bagne quelque part en Afrique, il parvient à s'évader en compagnie d'un autre prisonnier qui très vite meurt. Ryon, désormais seul, doit survivre dans la jungle. A bout de force, il est recueilli par une tribu indigène qui va désormais le considérer comme un Dieu. George devient alors Zambo le Dieu de la forêt. Bien des années plus tard, une expédition d'archéologue le retrouve et lui demande de les accompagner dans leur recherche d'un précieux trésor...
Que retenir de la carrière de Adalberto Albertini, invétéré tâcheron du cinéma Bis italien des années 70, ou pour être plus précis, qu'y a t-il à sauver de son parcours cinématographique? Le constat est triste, bien de peu choses sont en effet à garder. On le remerciera d'avoir ouvert en 1974 une des plus célèbres séries érotiques de l'histoire du cinéma d'exploitation italien, celle des Black Emanuelle qui allait donner à Laura Gemser non seulement ses plus beaux rôles mais surtout faire d'elle une des plus grandes stars du genre à travers le monde. On pourra reconnaitre quelques qualités à sa décamérotique Ton diable dans mon enfer, on
le remerciera d'avoir donné au mondo ses derniers soubresauts à l'aube des années 80 en nous offrant les amusants Mondo flash, Nudo e crudele 2 et 3. On préférera par contre oublier la désastreuse séquelle qu'il osa donner au premier volet de Black Emmanuelle (Emmanuelle nera 2) comme on évitera l'insipide Yellow Emmanuelle / L'éveil des sens d'Emy Wong que seule la lumineuse présence de Ilona Staller parvient à rendre intéressant. Le reste de l'oeuvre du cinéaste se compose d'une multitude de petits films d'aventures, de guerre ou de super héros fadasses (sa série des Supermen) qui se classent désespérément Z pour le plus grand plaisir des amateurs de récréations fauchées aussi hilarantes que bêtes. Zambo il dominatore della foresta ne fait pas exception.
Réalisé en 1972 Zambo qui bénéficia d'une sortie française en automne 1974 ne préfigure en rien la future saga des Rambo, ce n'est jamais qu'une sorte de version parfaitement stupide de Tarzan même si celui ci n'est jamais cité durant le métrage. Déjà coupable d'un film de jungle avec une toute jeune Femi Benussi, Che fanno i nostri Supermen tra le vergine della giunglia, Albertini nous plonge de nouveau au coeur de l'Afrique Noire afin de nous y faire partager les aventures épiques d'un homme que les indigènes appellent Zambo, le roi de la forêt dans leur langage, un homme qu'ils prennent pour un être surnaturel qui les aide et les protège. En fait Zambo n'est qu'un bagnard, un prisonnier nommé George Ryon
condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis. Lors de son transfert au bagne, il est parvenu à s'échapper avec son compagnon d'infortune mort empoisonné après avoir mangé une plante non comestible. Désormais seul Zambo a survécu aux dangers de la jungle puisque Dieu de son propre aveu mit sur son chemin une tribu indigène qui le recueillit et le sauva d'une mort certaine. Sa quiétude va cependant être troublée par l'arrivée d'une expédition d'archéologues en quête d'un trésor perdu. Zambo va devenir leur guide et devoir surtout déjouer les pièges que des traitres vont lui tendre afin de s'emparer du précieux butin.
Il faut au moins reconnaitre une chose, le point fort du film, Albertini s'est déplacé en Afrique
pour tourner ce Zambo, planté ses caméras au beau milieu des forêts de Tanzanie et d'Ouganda nous offrant ainsi de superbes images naturelles agrémentées par la présence de véritables indigènes même si quelques acteurs noirs se sont glissés dans la peau de personnages secondaires. Le dépaysement est donc au rendez-vous, ce rêve africain qui transportera le spectateur au coeur de la savane au milieu des animaux sauvages (lions, éléphants, crocodiles, zèbres et rhinocéros sont ici au menu si on excepte un gorille joué le temps d'une brève séquence par un acteur en costume) mais c'est bel et bien là le seul vrai atout du film, la seule chose qu'il pourra apporter si on excepte l'hilarité générale qu'il
déclenchera durant quasiment 90 minutes. D'une bêtise incommensurable Zambo n'est guère par son principal interprète, le vétéran Brad Harris, ex-star du péplum, qui ne semble pas s'être aperçu qu'il a quitté l'empire romain puisque notre Tarzan se promène vêtu d'une petite jupette en peau de bête, jungle oblige, sur un petit slip couleur chair. Piètre comédien bien peu charismatique, Harris promène nonchalamment sa carrure d'athlète entre deux combats chorégraphiés d'une incroyable mollesse. Quelques pirouettes et roulades, deux coups de poing donnés dans le vide par un Zambo trop statique, il doit en effet y avoir un effet surnaturel qui fait voltiger les méchants. Si cet excès de douce violence prononcé peut être
un tantinet préjudiciable, que dire par contre des dialogues qui peuvent sans aucun mal faire partie des pires jamais écrits. On reste souvent bouche-bée face à certaines répliques qui frisent le vide absolu mais une fois l'effet de surprise passé, feront rire à gorge déployée. On n'évitera de parler des invraisemblances et autres incohérences qui truffent cette farce exotique, du temple perdu en carton pâte d'une sidérante pauvreté reconstitué dans les studios de la Paolis ou du fabuleux trésor représenté par une immonde peinture sur papier mâché qu'on doit à un enfant de quatre ans garnie de boules rouge vermillon censées être de précieux rubis.
Zambo est bel et bien à l'image de son initiale, une série Z majuscule d'une insondable
bêtise mais qui cependant se laisse regarder sans mal pas seulement pour son agréable coté exotique mais également pour cet hommage à peine déguisé que Albertini rend aux vieux films de jungle des années 40 et 50. On y retrouve cette atmosphère bon enfant, ludique, jamais très sérieuse avec son lot de gentils, ses méchants très méchants (Albertini édulcore la violence au maximum mais tue un enfant noir d'une balle en plein coeur) et ses traitres, la charmante et crédule journaliste amoureuse de son bel homme de la jungle, une action réduite à son minimum au détriment d'une série de clichés énormes mais toujours
divertissants ainsi qu'une bonne dose de racisme comme seul le cinéma d'exploitation des années 70 pouvait se permettre, une incroyable liberté que plus aucun cinéaste ne pourrait aujourd'hui prendre. Un véritable petit plaisir interdit pour tous les amateurs de répliques cinglantes et déplacées. ("Il est incroyable que nous trouvions encore de nos jours des peuples aussi peu civilisés" s'exclame le professeur tout sourire en assistant à une danse de bienvenue). Ainsi par certains aspects Zambo pourrait se rapprocher du nauséabond mais O combien jouissif Ecorchés vifs de Mario Siciliano. Sympathiques également sont les références qu'on pourra y trouver puisque outre le film de jungle et autres "Tarzaneries" et
le film d'aventures exotiques on songera aux mondos africains alors fort en vogue notamment à travers quelques séquences indigènes durant lesquelles Albertini filme des danses tribales ou rituelles exécutées par des tribus autochtones... ces séquences qui annoncent les futurs mondos du réalisateur. Enfin, il est impossible de ne pas songer aux futurs films de cannibales italiens à l'écoute de la jolie partition musicale.
Pour toutes ces raisons, Zambo aussi nul soit il mérite toute l'attention des inconditionnels de séries Z estampillées années 70. Pourquoi donc bouder notre plaisir et faire la fine bouche devant cette rigolade tropicale d'autant plus qu'aux cotés de Brad Harris, balourd, le cheveu impeccablement bouclé, le muscle saillant, l'air stupide, on retrouvera le jovial Daniele Vargas en bon professeur, Raf Baldassarre dans la peau du méchant, Attilio Dottesio et la toujours aussi blonde Gisela Hahn, jolie plante verte si idiote qu'on pourrait surement caser dans sa boite crânienne toute la forêt amazonienne.