Scorticateli vivi
Réal: Mario Siciliano
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Aventures
Durée: 93mn
Acteurs: Bryan Rostron, Charles Borromel, Karin Well, Giuseppe Castellano, Pier Luigi Giorgio, Ettore Pecorari, Antonio Dania, Stefano Cedrati, Jean Emile, Giulio Lucatelli, Aurelio Saba...
Résumé: Un petit malfrat recherché par ses anciens complices est obligé de partir pour l'Afrique pour y retrouver son frère qui possède un lot de diamants. Ceux ci lui permettraient de rembourser ses dettes. Il retrouve son frère en pleine révolution gouvernementale où il mène une lutte sans pitié au peuple noir. Son arrivée n'est pas la bienvenue...
Réalisateur de quelques polissonneries soft dans les années 70 telles que La zia svedese et de quelques hardcore bas de gamme comme Orgasmo esotico Mario Siciliano a en fin de carrière mis en scène une poignée de petits films d'aventures dont fait partie Ecorchés vifs. Avant toute chose jouons cartes sur table. Scorticateli vivi n'est plus ni moins qu'un pur film de récupération fabriqué à partir d'un autre film du cinéaste, Les 7 bérets rouges / Sette baschi rossi qu'il réalisa en 1969. Une bonne moitié du film reprend en effet des scènes complètes des 7 bérets rouges auxquelles Siciliano a méticuleusement et tout simplement rajouté de nouvelles séquences tournées avec de nouveaux acteurs. Ainsi la plupart des scènes de bataille, les scènes extérieures tournées en Afrique et de très nombreux plans proviennent de ce petit film de guerre, un procédé qu'avait déjà utilisé Luigi Batzella pour Holocaust nazi fabriqué à partir de son vieux film de guerre Quando suona la campana / La dernière grenade.
La trame de ce nouveau film est simple: un petit malfrat part en Afrique afin de retrouver son demi-frère qui possède un lot de diamants qui lui permettrait de régler ses dettes. C'est parmi un groupe d'implacables mercenaires qu'il le retrouve en pleine révolution gouvernementale alors qu'il tente d'écraser le peuple noir. Si sur papier on pouvait s'attendre à une intéressante petite série B, il n'en va pas de même sur l'écran. Non pas que Scorticateli vivi, titre mensonger inspiré du Mangiati vivi de Umberto Lenzi, soit plus médiocre qu'une autre série de ce genre mais Siciliano semble ne s'être intéressé qu'à un seul et unique aspect du scénario: le racisme. Il trouve là un prétexte à accumuler les scènes de tortures et alimenter la haine du public vis à vis des Noirs. But plutôt douteux que chacun jugera comme il le veut comme chacun jugera à sa guise cette accumulation d'insultes et de propos à caractères particulièrement racistes dont les dialogues sont truffés, des dialogues aujourd'hui impensables comme l'Italie aimait en écrire dans les années 70 et 80 qui ont ce coté jouissif pour tout amateur de Bis tant ils sont parfois surréalistes.
L'homme noir est comme d'habitude représenté comme un être primitif et sauvage qui ne mérite que la mort. La femme noire quant à elle n'est qu'un objet sexuel qui doit assouvir les désirs de l'Homme blanc. Si aux yeux de Siciliano les occidentaux dit civilisés peuvent toujours justifier leurs actes, l'indigène quoi qu'il fasse n'est quant à lui jamais excusable. Le Blanc a tous les droits, le Noir a tous les torts. Le Blanc fait, le Noir subit. Ecorchés vifs se base sur cette idéologie nauséabonde d'un bout à l'autre du métrage jusqu'au final, la fameuse attaque du train, un nouveau prétexte pour massacrer encore quelques dizaines d'indigènes.
Si on pense par instant à deux autres monuments de racisme pelliculaire, Emmanuelle bianca e nera et Mandinga le film de Siciliano se rapproche aussi beaucoup des mondos des années 70 d'autant plus que le cinéaste accumule les scènes de violence gratuite avec un plaisir et une complaisance non dissimulés. On a ainsi droit entre autres réjouissances à un visage brulé au chalumeau, un adolescent qui explose sur une grenade, une lame qui transperce les reins d'une victime tandis qu'une jeune captive noire interprétée par l'épouse de l'acteur-producteur Tony Askin est violée puis tuée dans un wagon à bestiaux. Le malaise est accru par le plaisir malsain que Siciliano prend à montrer la vie s'en aller du visage de ses victimes léchées par un splendide soleil. De ce contraste nait un sentiment étrange, trouble. Il ferait presque de la mort, de l'abomination humaine une sorte de poème macabre, quelque chose de beau.
Banal film d'aventures exotiques relativement sage au niveau des effets sanguinolents, Ecorchés vifs outre un scénario peu crédible fort drôle et l'absence de tout budget souffre de la paresse de sa réalisation. Si on excepte le final, l'attaque du train, le film semble trop souvent tourner au ralenti. Très à l'aise dans la complaisance et les sous entendus racistes, Siciliano l'est par contre beaucoup moins dans les séquences d'action qui manquent sérieusement d'énergie. Le réalisateur ne fait preuve d'aucune imagination et se contente de reprendre tous les poncifs les plus éculés du film de guerre et d'aventures accompagnés ici d'une joyeuse partition musicale disco totalement décalée signée Stelvio Cipriani.
L'interprétation pataude et le total manque de conviction des acteurs alourdit encore plus cette gaudriole d'action réactionnaire et raciste qui enchaine les séquences risibles. Si tous les protagonistes ne sont que de pures stéréotypes qui surjouent et passent leur temps à grimacer, la palme de l'acteur le plus inexpressif revient ici à l'américain Bryan Rostron, le héros bellâtre futur journaliste et surtout romancier à succès, qu'on avait découvert dans La via della della prostituzione. Aux cotés du monolithique Bryan Rostron, on retrouve trois incontournables gueules du cinéma Bis, les vétérans Charles Borromel, Giuseppe Castellano et Mario Novelli. La blonde sexy starlette de l'érotisme transalpin Karin Well
est reléguée au simple rôle de fiancée potiche qui attend le retour de son bel
héros à l'autre bout du monde. Sa présence apporte cette petite touche d'érotisme indispensable à tout bon Bis qui se respecte. Ses admirateurs pourront ainsi
l'admirer en petite tenue le temps de rapides scènes d'amour avec Bryan.
Voilà qui est toujours bon à prendre.
Tourné majoritairement en studio et dans quelques décors naturels italiens censés représenter l'Afrique noire Scorticateli vivi est un exemple type de cinéma d'exploitation complaisant fabriqué à partir de stock-shots dont le seul but est d'attiser les vils instincts du spectateur. Siciliano, plus à l'aise dans la friponnerie légère, aurait pu dénoncer et accuser, il a préféré la complaisance et l'outrance. Un choix qui ravira les plus voyeurs mais déplaira fortement aux moralistes et autres bonnes âmes même si l'idiotie de l'ensemble et son manque total de sérieux rabaissent très souvent Ecorchés vifs au simple rang de gentille série Z patchwork rigolote pour soirées détente entre amis. De quoi ravir le bissophile qui y trouvera ce qu'il veut!