Diego y Sebastian
Autres titres: Otra pelicola de amor / Another movie of love
Real: Edwin Oyarce
Année: 2011
Origine: Chili
Genre: 103mn
Durée:
Acteurs: Benjamin Prati, Aquiles Poblete, Beba Koenig-Robert, Eyal Mayer, Matilde Plaza, Gabriela Salazar, Mara Solis Obande, Paula Bravo...
Résumé: Sebastian revient dans son village natal pour passer les vacances d’été chez son père. Il retrouve par hasard son ami d’enfance, Diego, passionné de photographie. Diego et Sebastian ne se quittent plus. Troublé par son ami, Diego se sent irrésistiblement attiré par lui. Il le désire de plus en plus mais n'ose pas lui avouer ses sentiments troubles. L’arrivée de Gabriela, une campeuse esseulée, va susciter la jalousie et la colère de Diego le soir où Sebastian, ivre, couche avec elle. Mis en confiance par un rêve dans lequel un bel éphèbe le poussait à accepter et vivre ses tendances homosexuelles, Diego va franchir le pas...
Unique réalisation à ce jour du jeune metteur en scène chilien Edwin Oyarce, Diego y Sebastian se résume très facilement à son titre fort explicite. Le film n'est qu'une énième romance entre deux adolescents qui se cherchent encore, une histoire d'amitié virile qui lentement se transforme en amour, fort et toujours douloureux, lorsque la frontière entre les deux est souvent ambigüe.
Diego retrouve par hasard son ami d'enfance Sebastian en vacances pour l'été chez son père. Ils ne s'étaient plus revus depuis bien des années. Passionné de photographie, Diego passe son temps à prendre des clichés de son ami qu'il a invité chez lui. Les deux adolescents sont inséparables, observent leur corps. Sebastian se remémore sa première fois tandis que Diego avoue être toujours vierge même s'il fréquentait une jeune fille, Natalia, qui est désormais dans le coma suite à un accident de voiture. Le jeune homme est de plus en plus troublé et attiré par Sebastian qu'il désire. Une nuit, après avoir trop bu, il esquisse une caresse sur les fesses de son ami endormi puis se rapproche, effrayé à l'idée qu'il se réveille. Tout deux partent à la mer. Diego, trop apeuré par ses sentiments, hésite à faire part à Sebastian de ce qu'il ressent pour lui. Il devient irritable et susceptible. Lorsqu'une jeune campeuse les rejoint, la délicate relation des deux garçons explose le jour où Sebastian, ivre, couche avec elle. Jaloux, blessé, Diego repousse Sebastian mais lors d'un bain de mer, Diego franchira enfin le pas et embrassera son ami qui contre toute attente se laissera faire.
Il n'y a pas à proprement parler de véritable scénario ce que certains pourront reprocher au film. Il n'y a ni intrigue ni rebondissement, on suit tout simplement l'évolution de la relation de Diego et Sebastian au fil des jours, en simples témoins ou observateurs. Reste à attendre et voir comment Diego exprimera ses sentiments, quelle sera la réaction de Sebastian et espérer qu'ils concrétisent cette histoire d'amour pleine d'ambiguïté. Oyarce opte pour la simplicité. Aucun effet spécial, aucune métaphore, aucun artifice de mise en scène ou d'une quelconque recherche visuelle, il semble vouloir tout bêtement nous faire pénétrer de la
façon la plus simple possible l'univers de ces deux adolescents complices, quasiment les seuls protagonistes du film avec la mère de Diego, comme si nous étions nous aussi leurs amis. Le coté parfois amateur de la réalisation vient renforcer l'aspect intimiste que tente de donner Oyarce à l'ensemble. On pourrait s'ennuyer s'il ne parvenait à donner au film une fraicheur salvatrice étayée par la spontanéité étonnante des deux jeunes acteurs, naturels et si séduisants tant et si bien qu'il semblent réciter et vivre le film de leur propre vie. C'est bel et bien là le secret de la réussite de Diego y Sebastian sans lequel le film serait assez fade.
Ce tout petit budget directement tourné pour la vidéo est un petit film gay discret qui une fois de plus raconte les premiers émois sexuels d'un adolescent pour son ami retrouvé, l'initiation amoureuse particulièrement sincère d'un jeune garçon en quête de son identité sexuelle qui ne parvient pas encore à faire la part entre ses attirances et ses réels désirs. En découle une oeuvrette pleine de sensibilité, fragile, jamais complaisante mais pleine de charme à l'image de ses deux protagonistes dont l'amitié, la complicité mais également la beauté physique en feront rêver plus d'un. Oyarce a parfaitement su imager la fine frontière souvent très floue qui sépare l'amitié et l'amour, recréer la magie d'un instant, ce bonheur intense qu'on partage à deux, traduire l'angoisse, la peur d'être découvert et voir ses
véritables sentiments être mis à nu. Beaucoup se reconnaitront en Diego pour avoir vécu ses précieux moments, pour avoir tremblé à l'idée d'enlacer l'autre alors qu'il dort à nos cotés, fermé les yeux et serré les dents pour avoir enfin osé le geste interdit durant son sommeil, frustré de ne pouvoir aller plus loin. Ces séquences sont peut être les plus belles et les plus intenses du film qui joue énormément sur l'ambiguïté de Sebastian, hétérosexuel en toute apparence mais qui cependant se prête au jeu de manière souvent insolente, attisant ainsi le désir de Diego. Il est son modèle, pose pour lui, se laisse lécher en toute circonstance par l'objectif de l'appareil qui ne quitte pas le garçon, dort et se douche avec lui sans pour autant n'avoir jamais eu de son coté un geste ou une attitude équivoque.
De quoi troubler non seulement Diego mais aussi le spectateur. Qu'il accepte et apprécie le baiser de son ami en fin de film ne sera donc point étonnant. Oyarce se refuse pourtant à une conclusion trop facile et lui préfère un final ouvert qui laisse quelques questions en suspend. Un choix qu'on aimera ou non. Sebastian disparaitra au petit matin, Diego, blessé par ce départ impromptu ou déçu de cette expérience, retournera vers Catalia miraculeusement sortie du coma. L'imagination fera le reste.
On regrettera peut être l'échec des séquences de rêves durant lesquelles Oyarce ne parvient pas à réellement instaurer une véritable atmosphère onirique. L'effet tombe à l'eau ou plutôt
ici à la mer et devient même un tantinet risible lorsqu'un supposé bellâtre droit sorti d'une bande de Chippendale convainc Diego de vivre sans peur ni honte ses attirances masculines.
Comment résister à la beauté du fascinant Aquiles Poblete qui endosse la peau du si désirable Sebastian. Véritable petite bombe sexuelle latino, bel éphèbe au regard candide, au corps parfait, généreusement velu, moulé dans de petits slips blancs propre aux fantasmes les plus débridés qui laissent deviner une si renversante virilité, Aquiles est avant tout un comédien de théâtre, jeune photographe, aujourd'hui marié à la comédienne Jabiera Creus. Plus ordinaire mais tout aussi talentueux est Benjamin Prati qui s'il crève un peu
moins l'écran n'en est pas moins charmant, formant avec Aquiles un bien joli petit couple. Si Oyarce évite cette fois les longs travellings sur les corps de ses jeunes acteurs, s'il ne les détaille pas avec insistance comme très souvent dans ce type de productions (mais qui s'en plaindrait?), il en fait tout de même profiter le spectateur, tout émoustillé, lors de quelques séquences souvent très belles, voire très homo-érotiques (les scènes au bord de la mer, les positions inconsciemment aguicheuses de Sebastian, quasiment nu, lorsqu'il dort aux cotés de Diego ou s'allonge près de lui, ses petites fesses gourmandes et rebondies toujours très bien mises en valeur...). Il est certain que nos deux amants en perte d'innocence en étourdiront plus d'un.
Tout discret soit il, Sebastian y Diego confirme toute la beauté et la richesse du cinéma gay sud-américain déjà fort bien représenté par des oeuvres puissantes telles que Glue et ses adolescents dépravés, Sin destino et autre Vagon fumador. .