L'insegnante
Autres titres: La prof donne des leçons particulières
Real: Nando Cicero
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 89mn
Acteurs: Edwige Fenech, Mario Carotenuto, Vittorio Caprioli, Alfredo Pea, Enzo Cannavale, Gianfranco D'Angelo, Carlo delle Piane, Alvaro Vitali, Michele Soavi, Francesca Romana Coluzzi, Stefano Amato, Giovanni Di Vita, Dada Gallotti, Patrizia Laricchio, Ugo Fangareggi...
Résumé: Délaissé par un père trop occupé par son travail, surprotégé par sa mère qui le trouve trop introverti et timide envers les filles, le jeune Franco est pourtant obsédé par la gent féminine. Il n'a qu'une idée en tête: se faire dépuceler. Si au lycée ses tentatives sont toutes des échecs, la chance va lui sourire lorsque son père afin qu'il ne redouble pas lui offre les services d'une jolie professeur élevée chez les Soeurs, Giovanna, afin qu'elle lui donne des leçons particulières à domicile. Franco n'a désormais d'yeux que pour elle, bien décidé à coucher avec elle même si elle est la fiancée du professeur de sport. Il décide de se faire passer pour un homosexuel afin de brouiller les pistes et pouvoir mieux l'approcher...
L'insegnante plus connu sous le titre La prof donne des leçons particulières est présente un certain intérêt essentiellement à deux niveaux. Le film de Nando Cicero est d'une part une des toutes premières sexy comédies, un sous filon du cinéma populaire érotico-burlesque à avoir vu le jour en Italie, d'autre part il marque les débuts de Edwige Fenech, une des reines incontestées du genre, dans une série de films qui s'étirera jusqu'au milieu des années 80 puisqu'il faut bien admettre que L'insegnante fait malheureusement partie des films les moins explosifs de cette interminable liste.
Point de départ des Profs qui se déclineront également en Toubibs, Infirmières et autres Flics, La prof donne des leçons particulières ne luit guère par son scénario qui sera en fait quasiment le même à chaque film, seules certaines situations changeront au rythme de gags souvent récurrents. Le lieu de l'action principal de la série des Profs est toujours un lycée de cancres où traine l'adolescent soit benêt soit obsédé par les femmes qui ne rêve que de se faire dépuceler. Arrive une jolie professeur peu farouche et très ouverte aux courbes étourdissants, centre d'intérêt de l'adolescent issu d'une famille bigote ou dépravée qui finira toujours après moult déboires par se faire déniaiser par ce splendide membre du corps
corps enseignant bouleversant ainsi les interdits moraux. L'insegnante ne fait donc pas exception. C'est ici le jeune Franco, un fils de très bonne famille, délaissé par un père beaucoup trop occupé par ses affaires comme il délaisse son épouse d'ailleurs, surprotégé par une mère qui le croyant trop introverti panique à l'idée qu'il devienne homosexuel comme un de ses oncles. Franco est en fait obsédé par la gente féminine et ne rate aucune occasion avec ses deux nigauds de camarades de classe d'aller draguer sans succès tout ce qui porte soutient gorge et petite culotte. Las d'être toujours puceau, Franco jette son dévolu sur une jeune et prude professeur élevée chez les Ursulines nommée Giovanna venue lui donner des cours particuliers. Pour mieux l'approcher et la séduire, il se fait passer pour homosexuel mais elle découvre le pot aux roses. Furieuse dans un premier temps elle va se laisser attendrir par l'adolescent puis en tombe amoureuse. Il finira par lui voler sa virginité.
La faiblesse du film ne vient pas du scénario en lui même ni de sa mise en scène approximative ni des diverses erreurs de montage mais bel et bien de l'insipidité de ses gags assez mal agencés, tous prévisibles et surtout bien peu drôles. Si on excepte un ou deux effets comiques assez réussis ou plus exactement qui fonctionnent toujours (le concours de flammes anales avouons le impressionnant ici), le film de Cicero ne décolle jamais vraiment tant il lui manque cette folie, cette énergie, ce plaisir que prennent les acteurs à jouer les idiots tout en s'amusant réellement, parvenant à transmettre au spectateur leur bonheur et leur bonne humeur. L'ensemble serait même triste s'il n'y avait la
présence de Gianfranco d'Angelo hystérique en prof de sport hitlérien ébouriffé et la toujours excellente et gargantuesque Francesca Romana Coluzzi. C'est pour dire que cette Prof ronronne au rythme des monstrueuses grimaces de Alvaro Vitali, peu inspiré cette fois, presque décevant, et de l'insupportable Stefano Amato, le rouquin obèse de la sexy comédie qui passa son adolescence et les premières années de sa vie d'adulte à jouer les puceaux de second plan ou le bon copain girond du héros. Reste Edwige que ses admirateurs seront heureux de retrouver mais pas avant la seconde moitié du film même si à leur grand désespoir elle n'a quasiment aucune scène de nu, se contentant de dévoiler ça et là un sein ou d'arborer un déhanché à faire perdre la tête à un régiment de moines.
Plus énervant est le discours que semble tenir Cicero même s'il est assez habituel dans le cinéma italien d'alors sur l'homosexualité qu'il traite ouvertement de maladie et de véritable honte. Voilà qui n'est guère surprenant pour qui connait le cinéma de genre transalpin mais c'est ici la manière de le dire qui est un tantinet irritant. Plus hallucinant encore est le fait que la mère de Franco confonde bisexualité et transsexualité. Pour le reste on a droit à l'image traditionnelle de l'homosexuel, celle d'une folasse au déhanché affolant qui coud des napperons et ne jure que par son maquillage. Signalons que si la plupart du temps les classes de nos cancres sont mixtes c'est ici à une classe de garçons uniquement à laquelle appartiennent nos lourdauds, un groupe de jeunes chevelus hilares à la beauté typiquement 70s dont Cicero ne profite même pas puisqu'ils ne servent que de fond de décor... un comble pour un film qui durant sa deuxième partie traite d'homosexualité.
Au crédit du film, outre Edwige et la prestation de Gianfranco D'Angelo, reste la présence du jeune Alfredo Pea, atout majeur du film, qui cette fois semble lui aussi bien éteint. se contentant gentiment de faire comme ses partenaires ce qu'on lui demande. C'est d'autant plus regrettable que Alfredo, découvert dans le difficile rôle de Zino, le fils handicapé de Dada Gallotti dans le violentissime Quelli che contano suivi du sulfureux et incestueux Cugini carnali / L'initiatrice, est un talentueux comédien qui avait déjà partagé l'affiche avec Edwige dans La toubib du régiment. Surnommé le Dustin Hoffman italien par une Edwige qui ne tarit pas d'éloges à son sujet, Alfredo n'a malheureusement pas eu la carrière cinématographique qu'il méritait tant et si bien qu'il se tourna vers la télévision dont il est aujourd'hui une des vedettes. Malgré son manque d'entrain, on admirera une fois de plus Alfredo, toujours aussi séduisant, tout émoustillé lorsqu'à plusieurs reprises il fait virevolter son slip afin de montrer son sexe à la domestique simiesque. Notre imagination fera le reste!
Aux cotés de Edwige et Alfredo, on retrouvera l'incontournable Mario Carotenuto, Vittorio Caprioli, Enzo Cannavale quelques années avant que Pupi Avati n'en fasse son acteur fétiche et lui offre enfin la chance de percer à l'écran ainsi qu'un tout jeune Michele Soavi.
La prof donne des leçons particulières n'est certes pas un chef d'oeuvre de la sexy comédie qui connaitra bien d'autres petites bandes impolies beaucoup plus joyeuses et farfelues. Si elle n'est pas exempte de grivoiseries elle est surtout à conseiller pour les inconditionnels d'un genre qu'elle venait de faire naitre où bon nombre d'adolescents obsédés sexuels ou non se feront dépuceler par leur professeur, une infirmière ou une toubib que ce soit dans le corps médical, enseignant ou militaire. Ou comment le cinéma populaire italien allait transgresser par le biais du rire un tabou social, celui des relations sexuelles entre adolescents et adultes.