Perversion flash
Autres titres: L'enfer de l'érotisme / Whirlpool ou l'enfer de l'érotisme / Whirlpool // She died with her boots on
Real: José Ramon Larraz
Année: 1970
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Karl Lanchbury, Vivian Neves, Pia Andersson, Johanna Hegger, Andrew Grant, Sibyla Grey, Larry Dann, Edwin Brown, Ernest C. Jennings, Alan Charles, Barry Craines...
Résumé: Tulia est une jeune modèle. Lors d'une séance de photos, elle fait la connaissance de Sarah, une femme étrange qui l'invite à passer le week end dans sa maison de campagne, isolée au milieu des bois. Elle rencontre Theo, le fils adoptif de Sarah, un garçon inquiétant dont le passe-temps est la photo. Tulia va vite découvrir que Sarah et Theo entretiennent une relation incestueuse et ont en commun le vice et la dépravation. Theo adore faire des clichés de femmes qu'ils terrorise ou viole avec un ami avant de les offrir à sa mère pour des ménages à trois très spéciaux. Une des jeunes filles, Rhonda, a disparu. Tulia va malheureusement pour elle découvrir ce qui lui est arrivée...
Considéré comme totalement perdu durant de longues années, Whirlpool / L'enfer de l'érotisme est le tout premier film du cinéaste espagnol José Ramon Larraz qu'il réalisa en Angleterre avec en partie des fonds danois. Au vu du film, L'enfer de l'érotisme porte toutes les stigmates des futurs films du réalisateur dont ce goût prononcé pour les déviances de toutes sortes, un érotisme osé souvent morbide, des thèmes chers au cinéma d'exploitation et une mise en scène souvent très lente.
Mélangeant avec une certaine audace surtout pour l'époque des sujets aussi pointus que l'inceste, le viol, le sadisme, le lesbianisme et la morbidité, il n'est donc guère étonnant que le film connut jadis quelques problèmes avec la censure et en dérangea plus d'un à sa sortie. Il va sans dire que Whirlpool s'inscrit directement dans le riche filon de l'euro-sleaze, ce cinéma d'exploitation malsain et souvent sordide qui allait faire fureur notamment en Italie dés le début des années 70. On en retrouve en effet tous les ingrédients. Une jeune modèle un brin naïve est invitée à passer le week-end à la maison de campagne de Sarah, l'inquiétante mère adoptive d'un tout aussi inquiétant garçon, Theo, un passionné de photographie assez spéciale. Il aime surtout prendre des clichés de jeunes filles qu'il effraie, terrorise ou viole en compagnie d'un ami afin d'immortaliser leur peur sur papier glacé. Theo entretient également une relation incestueuse avec sa mère adoptive qui de son coté couche avec les jeunes filles qu'elle invite chez elle avant d'organiser des séances de ménage à trois durant lesquelles Theo photographie leurs ébats avant d'y participer. Le problème est que l'une d'entre elles a disparu, malencontreusement tuée par Theo et son ami après que celui ci l'ait offerte en pleine forêt à un vieillard lubrique qui abusera d'elle.
Whirlpool est avant tout un film d'atmosphère, lugubre, sombre, maladif à l'image même de l'état mental de ses deux principaux protagonistes, une mère adoptive incestueuse et lesbienne et son fils photographe, sadique, voyeur, pornophile, avec qui il aime organiser des jeux à trois durant lesquels ils se laissent aller à leurs pires perversions sexuelles. Situé en pleine campagne anglaise, dans un cottage perdu au milieu des bois et sa pièce secrète où d'horribles poupons sont épinglés au mur, Whirlpool dégage dés les premières images quelque chose de particulièrement malsain qui d'emblée met mal à l'aise aidée par une partition musicale oppressante, angoissante signée Stelvio Cipriani, une image granuleuse, sale, aux tons tristes et automnaux, un décor naturel lacustre des plus inquiétant. Certes le scénario et les personnages ne sont guère fouillés et Larraz tue tout suspens en dévoilant très vite les tenants et les aboutissants de cette histoire convenue, pas toujours très cohérente et logique, dont il ne nous restera plus qu'à découvrir comment la jeune disparue a trouvé la mort. C'est bel et bien la carte de l'exploitation que joue ici à fond Larraz en se
focalisant essentiellement sur les scènes de sexe et de violence relativement graphiques assez dérangeantes qui contribuent énormément à l'ambiance crasse du film. On retiendra notamment la longue scène de triolisme particulièrement trouble entre le photographe, sa mère adoptive et la jeune modèle à travers laquelle explose toute la perversion et la folie de ce couple très particulier incestueux et psychologiquement dérangé, la longue séquence où on revit le calvaire de la jeune disparue et celle enfin qui clôturera le film, la mort de Tulia, tuée sans sommation après qu'elle ait découvert toute la vérité. Larraz ose même un zeste de nécrophilie lorsque Theo étreint le corps sans vie de Tulia et esquisse un baiser. Filmées à travers un filtre rouge dans un semi ralenti souvent oppressant qui apportent à l'ensemble un coté effroyablement réaliste, ces scènes, à l'instar des inserts des clichés couleur sépia de jeunes femmes hurlantes pris par le photographe, accentue le coté cauchemardesque, suffocant de ce petit film qui met en avant la dépravation d'esprits malades et fera par instant penser à de futures oeuvres nauséabondes telles que Day of the woman de Meir Zarchi.
Il est dommage que Larraz brise un rythme déjà assez lent au départ en s'attardant sur de longues séquences qui auraient gagné à être écourtées (l'interminable partie de strip-poker notamment) afin d'une part de mieux développer ses personnages dont on ne sait quasiment rien au final, d'autre part se focaliser un peu plus sur la cohérence d'un récit approximatif. Maladroit certes mais l'amateurisme dont il fait preuve parachève cependant de donner à Whirlpool ce coté aussi nauséeux que réaliste si délectable dans ce type de films.
Si l'interprétation est correcte on retiendra avant tout la prestation du blond et androgyne Karl Lanchbury, l'acteur fétiche du réalisateur durant toute la première partie de sa carrière. Particulièrement inquiétant, il est parfait dans la peau de ce jeune photographe psychopathe. Sa présence contribue beaucoup à l'ambiance générale du film tout comme celle de la danoise décharnée Pia Andersson qui joue la mère adoptive.
Difficilement visible aujourd'hui si ce n'est dans de très vieilles éditions vidéos pour la plupart étrangères ou une édition DVD Grindhouse américaine devenue assez rare rebaptisée pour l'occasion She died with her boots on, Whirlpool s'est au fil du temps construit une solide réputation auprès des amateurs d'euro-sleaze dont il est un des gentils fleurons. S'il comporte la plupart des défauts d'un premier film réalisé pour un budget de misère, il laissait augurer une bien intéressante carrière de la part d'un cinéaste un peu trop méconnu qui dés son second film réalisé l'année suivante, l'infâme Deviation / Déviation sexuelle allait prendre son envol et se faire une jolie place au soleil dans l'univers du cinéma d'exploitation déviant et malsain ibérique. Whirlpool ou l'enfer de l'érotisme, plus exactement Whirlppol ou le paradis du sadisme, devrait ravir tous les amateurs d'oeuvres glauques qui aiment marier sexe et violence dans un climat de folie et de dépravation absolue.