Il gatto nero
Autres titres: Le chat noir / Il gatto nero - De profundis / Demoni 6 / Demons 6
Real: Luigi Cozzi
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 83mn
Acteurs: Florence Guérin, Urbano Barberini, Caroline Munro, Brett Halsey, Luisa Maneri, Karina Huff, Alessandra Acciai, Giada Cozzi, Michele Marsina, Jasmine Maimone, Antonio Marsina, Maurizio Fardo, Michele Soavi...
Résumé: Un metteur en scène à décider de réaliser une séquelle au film de Dario Argento, Suspiria. Il devrait y mettre en avant Mater Lacrimorum. Toute l'équipe du film est prête à commencer le tournage. C'est alors que surviennent d'étranges incidents.
L'idée même d'avoir voulu faire ce film a fait ressuscité l'abominable sorcière Levana, Incarnation du Mal à l'état pur. Elle est bien décidée à empêcher la réalisation du film. Elle prend lentement possession de l'actrice qui doit jouer son rôle alors que les morts se multiplient...
Le plus remarquable ici ce n'est pas le film lui même mais sa genèse. Si au départ le film devait être une séquelle de Suspiria réalisée sous le titre De profundis, Cozzi alla de déboires en déboires. Alors que le script était déjà écrit, les producteurs exigèrent que le réalisateur mette en scène une histoire inspirée des contes de Poe. Il dut alors récrire le scénario et y inclure un chat noir qui allait traverser nonchalamment le film sans raison précise. Ré-intitulé Demoni 6, il rejoignit alors la liste des fausses suites des films de Lamberto Bava, Démons et Démons 2 et des adaptations plus ou moins farfelues du conte de Poe.
Inédit en salles tant en France qu'en Italie, Il gatto nero, ainsi remanié, est un étonnant patchwork de Démons, de Suspiria et du Chat noir assemblé tant bien que mal par Cozzi dérouté et sans le sou qui tente de dissimuler comme il peut son manque de moyens. L'amateur s'amusera donc à repérer tous les clins d'oeil et emprunts noyés dans un véritable arc-en-ciel de couleurs flashy et criardes. De Démons, Cozzi lui vole ce personnage au visage cloquée et pustuleux, celui de la sorcière zombi Levana qui déverse des flots de vomi pâteux multicolore. Il emprunte à Suspiria sa bande originale, le livre maudit des Trois Mères, Mater Lacrimorum est ici mise en avant, et de façon plus générale les éclairages rouges si cher à l'univers de Argento à la différence près que Cozzi se contente de filmer à travers des filtres de couleur qui transforment vite l'ensemble en une gigantesque boule à facettes. Rouge, orange, jaune, vert, Cozzi ne fait pas dans la sobriété et c'est dans cette débauche de lumières que déambule le fameux greffier noir de Poe qui n'a plus aucune utilité ici. Cozzi assaisonne le tout de dialogues souvent très drôles qui accumulent les références à Suspiria et louent à tout va Argento.
Jamais crédible, Le chat noir n'est pourtant pas désagréable. Une fois les bases acceptées, le film qui rejoint la longue liste des films d'horreur tournés à une époque où le cinéma de genre italien était depuis bien longtemps moribond se laisse gentiment regarder. Certes avare en scènes sanguinolentes (l'explosion d'une malheureuse femme dans la plus pure lignée de Contamination, quelques meurtres d'une gentillesse frustrante et le masque hilarant de la sorcière), Il gatto nero se rattrape surtout sur une avalanche d'effets optiques vieillots et ce fameux déluge de lumières qui cachent la pauvreté des décors notamment un cimetière réduit à deux tombes reconstitué en studio et un recyclage plutôt malvenu de plans issus de Starcrash et Hercules dirait-on (les séquences spatiales entre autres car Cozzi nous plonge dans d'autres dimensions, de là à penser que notre pauvre félin risque d'en perdre son sens de l'orientation...).
Cozzi joue essentiellement sur le suspens, l'alternance entre les scènes de rêve ou plutôt de cauchemar et la réalité dans laquelle la jeune héroïne qui doit jouer le rôle de la sorcière ne parvient plus à discerner. Finalement Il gatto nero n'est jamais qu'un film dans un film qui repose sur une simple histoire de possession diabolique. Bénéficiant d'un rythme plutôt soutenu, de quelques jolies scènes, cette fausse adaptation de Poe et séquelle avortée de Suspiria est une petite série B d'horreur divertissante au final quasi christique que traverse Florence Guérin, sexy starlette française qui eut son heure de gloire en Italie dans les années 80, avec une certaine aisance. Ses admirateurs seront peut être déçus puisque Florence n'a cette fois aucune scène de nu aussi légère soit elle. A ses cotés on retrouvera Urbano Barberini, beau-fils de l'actrice Veronica Zinny et demi-frère de Karl Zinny, droit sorti de Démons, Antonio Marsina et Brett Halsey sans oublier Caroline Munro dont ce sera l'ultime film avant une pause de plus de dix années. Voilà quelques atouts de choc mais aussi de charme à rajouter au crédit de cet amusant petit film d'horreur un brin nostalgique.