Le cinéma de genre pleure une des siennes: Franca Stoppi s'en est allée
C'est avec une grande tristesse et beaucoup d'émotion que nous apprenons la disparition de la comédienne Franca Stoppi décédée le jeudi 9 juillet 2011 des suites d'une longue maladie.
Elle avait incarné à l'écran l'austérité, la sévérité, la terreur dans ce qu'elle a de plus glaciale. Sa présence maléfique, son aura méphytique, son regard noir et froid aura marqué toute une génération de bissophiles qui l'avait découverte dans Blue Holocaust en 1979 dans lequel elle incarnait Iris, la gouvernante dévouée et mortifère de Kieran Canter, jeune taxidermiste nécrophile. Si ce personnage, inoubliable, tout comme les suivants, la diabolique mère supérieure de L'autre enfer et Novices libertines et la gardienne chef sadique et lesbienne de Pénitentier de femmes et Révolte au pénitentier des filles, avait fait de Franca une véritable incarnation du Mal, la comédienne, la femme était dans la vie toute autre.
C'est pourtant dans les ordres que Franca avait souhaité faire sa vie lorsqu'elle était enfant afin de suivre les traces de deux de ses tantes avant que sa passion pour le théâtre qu'elle nourrissait depuis toute petite ne l'emporte.
Après avoir été modèle, c'est sur les planches que Franca vivra la plus grande partie de sa carrière à travers toute l'Italie. Elle fondra également sa propre compagnie de théâtre aux cotés de son compagnon, l'acteur Simone Mattioli avant qu'elle se voit offrir quelques rôles pour le grand écran notamment dans Carrière d'une femme de chambre de Dino Risi où elle donne la réplique à Vittorio Gassman. Entre deux pièces, une pleiade de films pour la télévision italienne et une intense activité dans le monde du doublage, elle apparait dés la fin des années 70 dans un petit nombre de films d'exploitation mineurs souvent érotiques tels que La gorilla et l'impensable Bestialità avant de devenir cette figure incontestable et incontesté du cinéma de genre grâce à Joe D'Amato et ses amis Bruno Mattei et Claudio Fragasso.
Si Franca met un terme à sa carrière à la fin des années 80 pour se retirer dans l'anonymat non loin de Rome, à Foligno, c'est pour se donner corps et âme à la protection des animaux, un combat qu'elle a toujours livré depuis sa plus tendre enfance. Elle fut jusqu'à sa mort la directrice régionale de l'UNA , l'équivalent de notre SPA, et gérait avec abnégation un refuge pour chats.
Discrète, réservée, presque timide, Franca était dans la vie l'opposé des personnages qu'elle aimait tant interpréter. Charmante, sensible, le coeur à fleur de peau, elle était un ange qui laisse un grand vide dans le monde du cinéma de genre italien et dans le coeur de ses nombreux admirateurs qui ne l'ont jamais oublié.
Franca est partie rejoindre Dieu à qui un jour elle voulut vouer sa vie. Si elle nous a quitté trop tôt, beaucoup trop tôt, elle restera à jamais dans nos coeurs qui pour elle continuera de battre à jamais.
D'ici la rentrée, Le Maniaco vous offrira l'intégralité de l'interview qu'elle nous avait accordé il y a quelques années, plus d'une heure de souvenirs et d'anecdotes sur cette vie dédiée au 7ème art et au théâtre. Ce sera le plus bel hommage qu'on pouvait lui faire.
Adieu Franca!
La biographie de Franca stoppi