Suggestionata
Autres titres: Sugestionada / Suggestione
Real: Alfredo Rizzo
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 83 mn
Acteurs: Gioia Scola, Eleonora Giorgi, Gabriele Ferzetti, Roberto Gifi, Giampiero Albertini, Patrizia Rizzo, Luca Marsili, Piero Gerlini, Sandra Dobrigna, Mimma Pistoni...
Résumé: Rachel a 17 ans. Elle vit avec ses parents à la campagne. Ils ont pour voisins une famille qui ont trois enfants. Rachel est une adolescente étrange qui partage sa vie entre ses innocents jeux de petite fille et ses pulsions meurtrières. Ses pulsions morbides vont la mener à assassiner froidement les trois enfants de ses voisins...
Acteur réalisateur, Alfredo Rizzo avait déjà à son actif deux autres gialli ou plus exactement sexy gialli plutôt inégaux, Carnalità / Obsessions charnelles et La sanguesuga conducce la danza / Insatiable Samantha. Il récidive en 1978 avec le méconnu Suggestionata qui est peut être le plus intéressant sinon intriguant des trois.
Dieu seul sait comme l'Italie adora dans les années 70 mettre en scène la perversité de l'adolescence par le biais de jeunes filles troubles et troublantes, ambiguës et sexuellement précoces, coeur de l'intrigue de Suggestionata sorti alors que la déferlante de films maudits tels que La gamine, L'immoralità mais également La svergognata et La sbandata battait son plein.
Suggestionata a pour héroïne la jeune Rachel, 17 ans, fille unique d'un père à la moralité douteuse et d'une mère fort compréhensive. Recluse dans son monde, elle est restée une sorte d'enfant qui joue à la poupée. mais ces jeux innocents elle les partage avec d'autres beaucoup plus morbides et surtout meurtriers. Rachel semble fascinée par la mort et les trois enfants de ses voisins en seront ses malheureuses victimes.
Sur ce scénario fort intéressant, Rizzo réalise un film à l'ambiance poisse et surtout malsaine où la perversité de l'adolescence se mêle à la plus douce des innocences. Malheureusement, le film n'est pas à la hauteur de son scénario car Rizzo fait fi de toute psychologie pour s'en tenir aux faits eux mêmes.
Ainsi, le personnage de Rachel, mal défini, manque cruellement d'épaisseur même s'il reste fascinant. Il est bien dommage que Rizzo n'ait pas cru bon de plus le développer. Rien n'explique réellement le comportement homicide de l'adolescente, sa folie encore moins sa fascination pour la mort et plus particulièrement celle des enfants, ses principales victimes.
L'enquête policière est quant à elle quasi inexistante. Il est bien difficile de croire qu'aprés trois disparitions successives, la famille ne semble pas vouloir découvrir ce qui s'est réellement passé et n'entreprend aucune recherche. Ces lacunes viennent un peu gâcher cet étrange giallo qui se rattrape sur d'autres points qui deviennent alors ses principaux atouts.
Il émane tout d'abord du film une atmosphère à la fois pesante et particulièrement malsaine qui provient principalement du contraste des merveilleux paysages forestiers et de la cruauté dont fait preuve Rachel dans ce cadre idyllique, appuyé par la superbe partition musicale de Carlo Savina, entêtante et angoissante, et la comptine que chante Rachel à la fin de chacune de ses abominations.
La présence de Rachel entretient également cette atmosphère trouble. Entre élans de tendresse et pulsions morbides, l'adolescente, le visage fermé, a quelque chose d'angoissant et de terrifiant tant lors des meurtres qu'elle commet, impassible, que des moments où elle joue avec une poupée, lui cassant les bras ou lui donnant le sein.
Sont dispersés ça et là également de trés belles scènes où Rizzo profite de la nudité de sa jeune héroïne notamment celle, magnifique, où elle se baigne nue dans le lac., le lac de Brividi pour information. Rizzo nous fait alors profiter de ses courbes encore nubiles, presque femme.
Troisième et dernier point qui fait de ce giallo psychologique une oeuvre plutôt singulière est son final totalement inattendu qui devrait en étonner plus d'un, ultimes images particulièrement amères où le Destin mettra un terme à la folie irréversible de la jeune fille par un brutal et cynique coup du sort.
On retiendra le jeu de la jeune Gioia Scola qui à tout juste 17 ans se montre fort convaincante pour son premier rôle à l'écran et fort à l'aise dans les scènes de nu. A ses cotés on retrouvera Eleonora Giorgi que Rizzo déshabille obligatoirement et un trés bon Gabriele Ferzetti.
Sans être une pièce maîtresse du giallo psychologique et malgré ses défauts, Suggestionata mérite l'attention de l'amateur ne serait ce que pour son ambiance vénéneuse, la présence inquiètante de Rachel et la beauté de ses décors naturels portée par la musique de Savina.