Nathalie après l'amour
Autres titres:
Real: Boris Szulzinger
Année: 1969
Origine: France / Italie /Belgique
Genre: Drame
Durée: 83mn
Acteurs: Nathalie Nell, William Hawk, Peter Doren, Guy Souquet, Karin Spring, Alain Nancey, Gigi Smond...
Résumé: Nathalie a 18 ans. Fille de bonne famille, elle se consacre avec sérieux à ses études et ne s'intéresse que trés peu au sexe. Un jour elle rencontre Stephen, un artiste-peintre plus vieux qu'elle dont elle tombe amoureuse. Ses parents acceptent mal cette relation d'autant plus qu'un artiste est pour eux synonyme de dépravation. Nathalie délaisse ses études et O malheur a des relations sexuelles avec Stephen. Ce qu'elle ignore c'est que le garçon est volage et a souvent recours aux services de prostituées. Pour son malheur, Nathalie attrape une MST. Elle doit l'avouer à ses parents et aller consulter un gynécologue...
Voilà bien un film issu d'un autre âge! Réalisé par Boris Szulzinger à qui on devra par la suite l'intéressant et brutal Les tueurs fous / Le sexe de la violence et surtout Tarzoon la honte de la jungle, Nathalie après l'amour est une petite curiosité fort drôle qui marque les débuts encore timides de l'érotico-porno en France. Et timide le film l'est car pour ceux qui penseraient voir les réactions à chaud d'une jeune fille découvrant la sexualité ils risquent d'être fort déçus.
Nathalie après l'amour est en fait un gentil petit film érotique déguisé en une sorte de documentaire sur l'éducation sexuelle et les dangers des maladies vénériennes. Rien que ça!
Le film est scindé en deux parties. La première est une fiction où on découvre la jeune Nathalie, étudiante modèle issue d'une famille bourgeoise. Nathalie est vierge bien entendu comme tout fille de bonne famille se doit de l'être et ne s'intéresse cela va de soi qu'à ses études. Mais le destin a mis sur son chemin le beau Stephen, un artiste-peintre plus vieux qu'elle, dont elle tombe amoureuse. Cela n'est pas pour plaire à ses parents qui évidemment considère le garçon comme un anarchiste et un dépravé d'autant plus qu'il est artiste. On retrouve tous les préjugés sociaux et moraux d'une époque où, qui plus est, on ne parlait pas de sexe.
Nathalie malgré les recommandations de ses parents va donc avoir des relations sexuelles avec Stephen mais ce qu'elle ignore c'est que le garçon est volage et commet également le péché d'aller voir des prostituées, fléau de notre monde moderne nous annonce un bel encarté en pré-générique. La vie de Nathalie qui avait délaissé ses études s'écroule donc d'autant plus qu'elle apprend qu'elle a attrapé une MST.
Commence alors la deuxième partie du film, un long et trés amusant exposé particulièrement mièvre sur ce type de maladies honteuses. Nathalie après l'amour comme l'avait déjà fait Pierre Chevalier l'année précédente avec Nathalie l'amour s'éveille prend vite des airs de cours d'éducation sexuelle à l'ancienne donnés par un docteur moult dessins et croquis à l'appui. Et de mettre en garde la jeunesse contre la prostitution, source de toutes les maladies vénériennes. Les docteurs sont donc là pour mettre en garde cette jeunesse inexpérimentée et ignorante et combattre cet effroyable problème parait-il insoluble. Au vu d'une dénonciation si féroce on reste aussi étonné qu'hilare avouons le!
C'est pour dire que le film de Szulzinger particulièrement hypocrite et pernicieux se veut aussi pédagogique qu'éducatif. Hypocrite car derrière son aspect préventif sournoisNathalie après l'amour n'est jamais qu'un petit film érotique qui certes ne montre rien mais suggère et laisse sous entendre beaucoup. Ainsi sous couvert informatif, Szulzinger, bienveillant, profite de l'occasion pour nous entraîner chez un gynécologue qui examine la malheureuse Nathalie laissant au spectateur imaginer ces choses que la caméra évite bien hypocritement de montrer même si lors d'une fête étudiante endiablée qui se terminera en strip-tease, elle aime virevolter sous les jupes des filles et dévoiler leur petite culotte!
Nathalie après l'amour est avant tout une vision de la société du début des années 70, bloquée, coincée et bourrée de préjugés, une époque où on faisait encore croire que les enfants se concevaient dans les choux ou les roses mais qui derrière ce puritanisme cachait bien des perversions. C'est un temps où on ne parlait ni de contraception ni de préservatifs mais où on guérissait les écarts de nos supposées prudes jeunes filles à grands coups d'antibiotiques. C'est peut être l'aspect le plus intéressant du film.
Pour le reste Nathalie après l'amour est un grands éclat de rire désuet, d'un autre âge, celui de nos grands-parents, qui pourra paraître bien ennuyeux aux yeux de beaucoup. Qu'on se rassure, Nathalie guérira vite de sa maladie honteuse et, rentrée dans le droit chemin, reprendra consciencieusement ses études qu'elle avait délaissé pour ce peintre frivole, incarnation du vice et de la dépravation. On doit toujours écouter ses parents!
Malgré le coté faussement pédagogique que Szulzinger donna à son film, la censure fut tout de même ébranlée par une oeuvre jugée particulièrement sulfureuse et la taxa d'une belle interdiction aux moins de 18 ans! On se passera de tout commentaire. Nathalie n'a pas dû s'en remettre!