La tua presenza nuda
Autres titres: Les émotions d'un jeune voyeur / L'enfant de la nuit / Diabolica malicia / What the peeper saw / Night child / Child of the night / Night hair child
Real: Andrea Bianchi / James Kelley
Année: 1972
Origine: Espagne / Italie / Angleterre / Allemagne
Genre: Giallo psychologique
Durée: 96mn
Acteurs: Britt Ekland, Mark Lester, Hardy Krüger, Lilli Palmer, Harry Andrews, Conchita Montes, Colette Giacobine...
Résumé: Elise vient d'épouser Paul, veuf depuis deux ans. Il vit dans une immense propriété avec son fils de 13 ans qu'Elle va découvrir. Trés vite, la jeune femme note le comportement étrange de l'enfant qu'elle soupçonne d'avoir tué sa mère. Petit à petit, elle va tenter de découvrir la vérité tandis qu'une sorte de jeu pervers s'instaure entre l'enfant et la jeune femme. De plus en plus inquiète, Elise va faire avouer à l'enfant le meurtre après qu'il ait exigé d'elle un odieux chantage. Malheureusement personne ne veut la croire et Elise sombre petit à petit dans la folie...
Réalisé en 1972 par Andrea Bianchi même s'il semblerait que l'anglais James Kelley se soit beaucoup plus investi dans sa mise en scène, La tua presenza nuda connu sous de multiples titres dont Diabolica malicia se rattache au courant du pur giallo psychologique à tendance érotico-morbide. Au coeur de l'intrigue, un enfant de 13 ans soupçonné d'avoir tué sa mère. Remarié depuis peu, son père le chérit et le protège tandis que sa jeune et ravissante belle-mère s'inquiète de plus en plus du comportement étrange de l'adolescent.
Sur cette base de scénario Bianchi réalise une oeuvre inquiétante, assez lente et dénuée de tout meurtre dont le principal objectif, mode oblige, est avant toute chose de
mettre le spectateur dans l'inconfort et l'embarras face à des situations érotiques plutôt graveleuses. Ainsi retiendra t-on une des scènes les plus audacieuses du film, celle où l'enfant, imperturbable, oblige Elise à se mettre nue face à lui afin qu'il avoue le meurtre de sa mère. Le séquence fut d'ailleurs jadis censurée, jugée trop immorale afin d'être réintégrée au métrage. Cet érotisme morbide caractérisé par la relation ambiguë si ce n'est interdite qui existe entre l'adolescent et la jeune femme est présent tout au long du film par petites touches souvent insidieuses. C'est certainement là un des gros atouts de ce thriller qui parvient à faire naître le trouble voire un certain malaise chez le spectateur qui tente de percer l'énigme de cet enfant diabolique. Et Dieu seul sait combien la perversité chez l'enfant a été le sujet O combien passionnant de bon nombre de films. La tua presenza nuda joue
plutôt bien sur ce thème même s'il n'apporte rien de réellement neuf au genre mais on remerciera Bianchi d'avoir su avec seulement en tout et pour tout trois protagonistes entretenir un agréable suspens malgré un début assez lent.
S'il ne délivre guère de grosses surprises, on se laisse prendre au jeu quant à savoir qui de l'enfant ou d'Elise aura raison de l'autre. On sera séduit également par la complexité de cet adolescent perturbé et voyeur à la fois fragile et maléfique jusqu'à douter de la sincérité d'Elise ce qui conduira à la partie certainement la plus intéressante du film, son final, l'affrontement implacable entre Elise et la psychiatre. Ceci mène aux ultimes images aussi cruelles qu'ambigües, laissant planer une ombre inquiétante de suspicion.
On regrettera cependant la lenteur du récit durant sa première partie et le peu d'intérêt que Bianchi semble apporter au père de l'enfant qui aurait peut être mérité d'être un peu plus approfondi.
Mené par une trés belle partition musicale signée Stelvio Cipriani, La tua presenza nuda qu'on pourra rapprocher du Tour d'écrou vaut également pour l'interprétation de la blonde Britt Ekland, superbe, dans le rôle d'Elise et l'enfant star des années 60 Mark Lester, fort crédible dans la peau de ce bambin psychologiquement malade. On notera la brève mais très efficace et surtout inquiétante prestation de Lilli Palmer en psychiatre.
Tourné en anglais, La tua presenza nuda sans être une oeuvre majeure est un bel exemple de thriller psychologique qui s'il ne révolutionne pas le genre n'en demeure pas moins un film d'exploitation morbide et sournoisement dérangeant comme on aimait en produire. L'amateur devrait apprécier!