Prima e dopo l'amore... un grido d'allarme
Autres titres: Plaisirs et dangers du sexe
Réal: Giovanni Crisci
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Sex mondo
Durée: 85mn
Acteurs: Farid Ben Dali, Rosario Borelli, Franco Jamonte, Eleonora Vivaldi, Loredana Mongardini, Graziella Cabras, Fortunato Cecilia, Franca Licastro, Saverio Mosca, Mariella Palmich, Alessandro Perrella, Paolo Pompili, Eduardo Salerno, Maria Valente, Raniero Dorascenzi, Placido Purgatorio, Franco Pace...
Résumé: Un éminent professeur se propose de donner une conférence sur la syphilis avec à l'appui films et diapositives sur le sujet. Comment l'attrape t-on? Quelles en sont les causes, les conséquences? Comment éviter d'être contaminé? Nous saurons tout absolument tout sur cette maladie honteuse!
Seule et unique réalisation de l'obscur Giovanni Crisci qui avant de totalement disparaitre fut le directeur de la photographie de Byleth, les démons sexuels Prima e dopo l'amore... un grido d'allarme joliment retitré Plaisirs et dangers du sexe dont il est aussi le directeur de la photo appartient à la longue liste des sex mondo qui envahirent les écrans dés la fin des années 60. Par sex mondo on entend ces pseudo documentaires choc qui sous couvert pédagogique traitent de sexualité, beaucoup se transformant en cours d'éducation sexuelle pour adultes (et pas seulement) avec démonstration à l'appui des sujets traités. Ce n'est
qu'un moyen sournois de détourner la censure et d'exhiber durant 90 minutes des corps nus, des scènes de sexe plus ou moins explicites afin de satisfaire le coté voyeur du spectateur et d'exciter sa libido.
Crisci a de son coté choisi de traiter d'un seul et unique sujet, une MST qui fait peur, la syphilis. Le film entier lui est consacrée. Il se propose de nous montrer les différentes causes de cette maladie, ses conséquences sur le corps, ses symptômes. Pour nous en parler il a fait appel à un éminent professeur spécialisé sur la question qui devant un tout petit panel de journalistes prêt à lui poser des questions va projeter plusieurs films et
quelques diapositives qu'il va le plus sérieusement du monde commenter, chacun des films illustrant une des raisons pour laquelle un imprudent ou une imprudente peut attraper ce qui autrefois on appelait la "chaude pisse". Le voyage au pays de la syphilis peut donc commencer. Et quel voyage!
Le premier film traite bien sûr de la prostitution. Deux putains aguichent le client au bord d'une route. L'une d'elles repère un jeune et séduisant motard avec qui elle part faire un tour. Le jeune homme va refiler la maladie à sa petite amie, une étudiante qui a séché les cours pour une balade en moto avant de lui faire l'amour dans un cabanon.
Le second segment nous montre un Don Juan sexagénaire qui dans un bar de quartier drague une jeune femme en lui proposant de la ramener chez elle. Bien sûr elle accepte et très vite entame un petit strip-tease tout en jouant à "Touche-touche". Las du jeu le sexagénaire voudrait passer à des choses plus sérieuses. Il arrache le soutient-gorge de la jeune femme qui s'avère être un travesti! Attention! Tout déviant sexuel est un vecteur de syphilis.
Le troisième cercle concerne une prostituée qui vend son corps à deux marins de passage qui vont la contaminer. Malgré son état son proxénète refuse qu'elle arrête de travailler. Elle
se réfugie dans une église pour demander conseil à un prêtre. Dieu lui donnera la force de quitter le métier et surtout son mac.
Le quatrième nous plonge dans l'univers des hippies et des drogués, adeptes de l'amour libre. Un groupe de chevelus fume des joints et commence à faire l'amour dans une vieille et crasseuse maison abandonnée qu'ils squattent. Une descente de police les fait fuir mais ils sont cependant arrêtés. Un d'entre eux a réussi à leur échapper. Il a la syphilis bien sûr. Malade, il erre dans les rues, commet un hold-up, perd la raison. Lorsque la police l'appréhende sur la plage il tue le commissaire et se suicide.
L'ultime histoire est celle d'un époux qui trompe sa femme avec une fille facile qui le contamine. Son épouse tombe enceinte. Lors de l'accouchement il est terrorisé à l'idée que son bébé soit syphilitique.
Plaisirs et dangers du sexe est un vrai petit bonheur coupable tant il est... ridicule, très drôle mais aussi fascinant dans ce qu'il tente de montrer. La syphilis, véritable fléau, est un sujet délicat à prendre au sérieux. Certes notre éminent professeur crédité Prof Claudio Benincori aussi rigide que la baguette qu'il tient à la main (un peu comme ces professeurs d'école du temps de nos grands-parents et arrières grands-parents) est un homme de rigueur, qui ne
plaisante pas avec les choses de la vie. Ses propos sont à son image. D'un autre temps! Lénifiants par moment comme quasiment toujours dans ce type de film. En résumé tout ce qui sort du chemin de la morale et des bonnes moeurs est une porte ouverte à la syphilis. En résumé et pour faire court les prostituées, les travestis, les homosexuels, les déviants, les drogués et les hippies, les étourdis sont de véritables dangers, tous porteurs de la maladie. Une bonne occasion pour le professeur de citer en long et en large la fameuse loi Merlin qui en Italie interdit dés 1958 la prostitution, le proxénétisme et les maisons closes et montrer les ravages que cause la maladie par le biais de diapos bien peu ragoutantes. Ou
le coté choc de ce mondo. Pénis nécrosés, lésions cutanées purulentes, lèvres rongées, ulcérations et une série de photos atroces de bébés atteints par la maladie, très surement le point culminant du film, sont ainsi au programme. Rien ne manque pour venir caresser l'oeil du spectateur avide de sensations fortes qui ne manquera de sourciller devant une des solutions préconisées, la virginité jusqu'au mariage comme l'Eglise le dit si bien, de quoi compenser l'ignorance de notre jeunesse en matière de sexe, le sexe dont le but premier est de fonder une famille!
Les saynètes sont quant à elles bien moins exaltantes et témoignent de la pauvreté des
moyens mais aussi de l'ensemble qui ne s'élève guère plus haut qu'un sexploitation de série Z qui devrait par moment en faire pouffer plus d'un. Mémorable est le segment du travesti dragué par un sexagénaire et le jeu nommé "Touche-touche" auquel ils jouent au son d'un vieux disque ringard. Hilarant! Fou rire garanti. Fascinant aussi par son idiotie mais ce qui vient forcément en tête c'est: qui a pu écrire un tel cercle? Aucune des cinq histoires, guère originales, n'est vraiment convaincante faute à une mise en scène digne de ce nom et à une interprétation médiocre de comédiens pour la plupart génériques parfois interchangeables. Certains jouent en effet divers personnages. Une manière certainement
de faire des économies. Evitons de parler des décors au rabais peu esthétiques+ (exception faite pour les extérieurs hivernaux d'une telle tristesse), encore moins des dialogues trop insipides.
Pourtant malgré ses défauts inhérents à la plupart des mondos reconnaissons le, le film de Giovanni Crisci a un coté curieux, malsain qui le rendrait par instant presque fascinant. L'aspect dramatique du deuxième segment est assez bien rendu. On aurait presque pitié de cette malheureuse putain syphilitique déchirée entre son proxénète et sa prise de conscience qui se réfugie dans une église pour trouver la force de quitter le monde de la
prostitution pour se soigner. Malgré ce sentiment de déjà vu et revu le sketch avec les hippies est un des moments forts de ce mondo. Les joints tournent, les seringues s'enfoncent dans les veines, les esprits se libèrent et les corps se mélangent au cours d'ébats hétérosexuels et saphiques au son d'une excellente chanson rock psychédélique, une balade intitulée "Flowers" entonnée par la voix rauque et puissante de l'italo-ghanéen Mack Sigis Porter. Dommage que le final, risible, vienne gâcher le cercle. Inoubliable et impressionnant (choquant pour les plus sensibles) est le cauchemar que fait le futur père quant au bébé que sa femme s'apprête à mettre au monde. Toutes les images des
nouveaux-nés qui traversent son esprit sont franchement atroces. Monstres mutants, bébés mutilés, ulcérés ou à la peau vérolée, au pénis rongé par la maladie.... c'est bel et bien là le clou du film, absolument jouissif pour tous les amateurs de monstruosité humaine. On vous laisse deviner si l'enfant sera ou non syphilitique en venant au monde. Suspens!
Prima e dopo l'amore... un grido d'allarme ne diffère en rien des autres mondos de ce type. Il possède les mêmes défauts, est tout aussi hypocrite, daté et irritant dans son discours tout en ayant un charme hypnotique sur ceux qui apprécient le genre de par ses audaces et son coté malsain. Parfait pour assouvir nos pulsions voyeuristes, principe même du mondo.
Le film est d'autant plus intéressant aux yeux de l'amateur qu'il est aujourd'hui rarissime. La seule copie visible qui circule sur le net provient de la cinéthèque de Rome. Autrement dit un must que tout collectionneur se réjouira de posséder sur ses étagères. En outre on apprend tout de même certaines choses sur cette fameuse "chaude-pisse". On mourra tout frétillant et en plus moins bête.