Assigment skybolt
Autres titres: Kataskopoi ston saroniko
Réal: Gregg. G. Tallas
Année: 1968
Origine: Grèce
Genre: Eurospy
Durée: 99mn
Acteurs: Nikos Kourkoulos, Anna Brazzou, Sonia Zoidou, Elena Nathanail, Vera Krouska, Paris Alexander, Anestis Vlahos, Artemis Matsas, Giorgos Forgas, Arthur Brenter, E. Vichenpack, Tom Klunis...
Résumé: L'agent secret Dan Holland est envoyé en Grèce. Il a pour mission de retrouver une bombe à hydrogène dérobée dans une base de recherches turque. Si elle venait à être activée elle pourrait déclencher la 3ème guerre mondiale. Holland est d'autant plus impliqué que son frère déclaré mort il y a bien des années pourrait être en vie et faire partie des voleurs...
Le succès de James Bond allait très vite engendrer chez nos amis italiens toute une vague de films d'espionnage, les "eurospy", mettant en scène une pléthore d'agents secrets dont parmi eux l'agent 777, 077, 3S3, Upperseven... . L'Italie ne fut pas la seule à créer ses propres agents. Cette nouvelle branche du cinéma d'exploitation allait aussi contaminer l'Allemagne, l'Espagne et la Grèce. Et c'est justement de Grèce que nous vient Assignment skybolt / Kataskopoi ston saroniko réalisé en 1968 par Gregg G. Tallas, un eurospy hellénique qui narre les aventures de l'agent Dan Holland à la recherche d'une bombe à hydrogène quelque part au Pirée.
Un agent secret américain est assassiné au port du Pirée. A coté de son corps est retrouvée une ancienne pièce de monnaie qui appartenait à Jack Holland, un agent secret déclaré mort durant la seconde guerre mondiale. Les services secrets américains demandent à son frère Dan, lui même agent secret, d'enquêter sur cette mort d'autant plus que l'agent tué était à la recherche d'une dangereuse bombe à hydrogène dérobée dans une base de recherches turque. Si des gens malveillants devaient l'activer pour atteindre l'armée grecque cela pourrait provoquer la troisième guerre mondiale. Durant cette mission Dan Holland doit également enquêter sur la disparition de son frère soupçonné d'être impliqué dans ce vol et
donc vivant. C'est dans un cabaret, le Mermaid, qu'il va trouver des éléments de réponses auprès de certaines des chanteuses dont une qui est très vite abattue alors qu'elle s'apprêtait à lui révéler de précieuses informations. Avec l'aide de Carla, une des chanteuses du Mermaid, Holland poursuit à ses risques et périls ses investigations et finit par retrouver son frère, bel et bien en vie mais aveugle. Holland grâce à ce que lui apprend Jack découvre que la bombe est cachée dans un bateau au large de la Grèce mais il est fait prisonnier par Carla, en fait une traitresse à la solde des méchants. Il parvient à la tuer mais arrivera t-il à trouver et désamorcer la bombe avant qu'elle n'explose...
Parmi les très nombreux eurospy qui furent tournés Assignment skybolt ne fait très certainement pas partie des meilleurs. Tallas à qui on doit déjà 077 espionnage à Tanger ne semble pas vraiment inspiré par cette histoire de bombe à hydrogène qui entre de mauvaises mains pourrait déclencher la 3ème guerre mondiale pas plus que James Bond ne l'inspire vraiment. En effet, aucun gadget cette fois, d'arme ultra secrète si ce n'est une bague qui lance du gaz. Notre agent secret américain qui n'a aucun numéro se contente de ses poings et de ses mains pour quelques bagarres et prises de karaté et autres confrontations qui viennent agrémenter ce petit tour de Grèce. Voilà le problème.
Assignment skybolt ressemble plus à une petite visite d'Athènes et du Pirée où le film a été tourné qu'à un vrai film d'action. Dés la séquence d'ouverture terminée, l'assassinat de l'agent américain sur un air très décalé de douce musique grecque, le film a du mal à démarrer. Tallas passe plus de temps au Mermaid, un club cabaret où se produisent des jeunes femmes peu vêtues (ou simplement de ballons), à filmer de longues scènes chantées ou dansées. Il nous offre même une leçon de sirtakis et nous ballade aux abords d'Athènes, nous amène à l'Acropole... tout cela au détriment de l'action et de l'histoire elle même car de cette fameuse bombe il n'en parle que peu finalement et semble l'oublier pour
s'en souvenir en fin de métrage lors des trente dernières minutes qu'on devine aisément. En outre la réalisation n'est pas très énergique, le rythme pas très alerte ce qui donne un coté légèrement ronflant à l'ensemble ce qui ne signifie pas forcément que cet eurospy hellène soit ennuyant.
En fait ses défauts peuvent être des qualités. On peut si on est un tant soit peu indulgent se laisser prendre au jeu et prendre plaisir à ces chants grecs, ses numéros de cabaret légèrement osés pour l'époque, nous sommes en 1968, et son érotisme suggéré. Les actrices se déshabillent facilement, cachent sans vraiment cacher. Tallas ose même une
fellation suggérée bien sûr et une scène de sadomasochisme à peine déguisée lorsque pour la faire parler Holland fouette Carla avec sa ceinture avant de lui faire l'amour, chaque coup attisant visiblement le désir de la jeune femme. Comme tout bon agent secret qui se respecte Holland est un séducteur viril à qui aucune femme ne résiste. Aussi doux qu'il peut être brutal et misogyne (il faut voir comme il dégomme la gente féminine), l'oeil de velours, le costume et la frange impeccables il sait leur parler et les faire parler, il sait se battre et mettre K.O ses ennemis même si les bagarres ne sont guère spectaculaires, un peu trop chorégraphiées. L'ensemble baigne dans un humour constant, bon enfant, qui fait qu'on a
souvent du mal à croire au récit, un sentiment renforcé par le fait que les acteurs récitent leurs dialogues en anglais avec un accent par moment rigolo.
La distribution fait correctement son travail. Le séduisant Nikos Kourkoulos avec son petit quelque chose à la Dave Gahan qu'on reverra dans Rome comme Chicago la même année a physiquement tout ce qu'il faut pour être un agent secret crédible. Il est entouré d'un essaim de jolies femmes même si elles n'ont pas la classe et l'élégance des eurospy italiens, en tête la rousse Anna Brazzou l'actrice fétiche de Tallas, Sonia Zoidou, Elena Nathanail et Vera Krouska.
Eurospy discret visiblement tourné sans grands moyens et peu original, Assignment skybolt n'en est pas moins une gentille petite curiosité grecque qui se laisse voir avec un certain plaisir ne serait-ce que pour son coté érotique si désuet, son humour et ses sympathiques personnages, ses paysages auxquels s'ajoute un coté bon enfant finalement agréable. Certes on ne s'affole pas mais on se divertit plaisamment et de surcroit avec le sourire. Alors, pourquoi se priver?