Mondo pazzo... gente matta
Autres titres: Crazy world... crazy people
Réal: Renato Polselli
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Comédie musicale
Durée: 78mn
Acteurs: Silvana Pampanini, Alberto Bonucci, Franca Polesello, Franco Latini, Thea Fleming, Livio Lorenzon, Germana Dominici, Aldo Bufi Landi, Rita Klein, Giorgio Braccesi, Dante Posani, Enzo Cerusico, Anna Maria Panaro, Vittorio Casella, Marco Mariani, Ivan Basta, Carla Calò, Maria Virginia Onorato, Renato Lupi, Pietro Tordi, Aldo Sala, Antonio Acqua...
Résumé: Un groupe d'étudiants passionnés de rock ont composé une chanson qui est à la base d'une nouvelle danse mais aucune maison de disques ne veut les signer. Ils doivent aussi affronter l'incompréhension de l'ancienne génération...
Lorsqu'on évoque Renato polselli on pense essentiellement à ces oeuvres délirantes qui ont au fil du temps fait sa renommée. Si certains voient en lui un véritable génie, un visionnaire incompris d'autres le considèrent comme un vulgaire tâcheron qui derrière des propos pseudo philosophiques sans queue ni tête cache le néant absolu de ses films. Si le débat est loin d'être clos (le sera t-il un jour?) on oublie fréquemment qu'avant d'être le réalisateur décrié qu'on connait Polselli a tourné dans les années 60 quelques films bien plus traditionnels comme ses deux bandes d'épouvante gothique (La maitresse du vampire
et L'orgie du vampire), un film de guerre (Aux mains des SS) et deux musicarelli, les comédies musicales à l'italienne, le psychotronique Io ti amo qu'il a écrit mais qui fut réalisé par Antonio Margheriti et Mondo pazzo... gente matta qui malgré son titre n'est en rien un mondo.
Résumer ce film tourné fin 1965 est un peu difficile puisqu'il n'y a pas réellement d'intrigue. Pour donner un aperçu de ce qui attend le spectateur on dira simplement qu'on suit les aventures de cinq jeunes musiciens passionnés de jazz et de rock, les musiques alors à la mode, qui ont écrit un morceau qui en plus d'être entêtant a donné naissance à une nouvelle
danse. Etrangement aucune maison de disques ne veut les signer. Ils doivent en plus faire face aux plus anciens qui détestent cette jeunesse et leur musique de fou. Parallèlement on suit les histoires d'amour de chacun. Cette trame narrative ultra simpliste n'est en fait qu'un prétexte pour suivre I romans, un groupe né à Rome qui connut une très longue carrière, des années 50 aux années 70, mais n'ont pourtant jamais vraiment connu le succès si ce n'est avec quelques chansons de variété mielleuses. Tout tourne donc autour d'eux et de quelques autres personnages peu crédibles notamment celui de Franco interprété par le futur fameux doubleur Franco Latini et celui de Silvana Pampanini qui joue une étudiante
allemande (et pour se faire elle adopte un accent teuton improbable mais amusant durant tout le film). Peu crédibles car tout deux sont déjà trop âgés pour incarner de jeunes étudiants! Le film est donc composé de saynètes où on chante, on danse, mais l'ensemble reste confus, sans véritable lien qui les assemble. A vrai dire à aucun moment Mondo pazzo... gente matta ne passionne véritablement. Ce n'est pas qu'on s'ennuie mais c'est distrait qu'on suit cette comédie chantante démodée. Et ce ne sont pas les chansons écrites pour le film qui apporteront un peu d'intérêt. Si Polselli a composé lui même les mélodies qu'interprètent I Romans elles sont fades, monotones plus irritantes qu'entrainantes. A
aucun moment elles ne donnent envie de battre du pied ou mieux de se lever. On doit surtout subir le thème principal du film "Break, break, break" qui revient régulièrement tout au long du métrage et tape vite sur les nerfs et la balade "Ballata di un cuore" qui n'eut même pas l'opportunité de sortir en single à l'époque. Elle fut discrètement reléguée en face B du 45t "Guariro".
Pour ceux qui auront tenu bon et survécu à la bande originale ainsi qu'à l'humour d'un autre temps dont usent les protagonistes (si on peut cela de l'humour car il faut avoir le rire ultra facile pour esquisser ne serait-ce qu'un sourire face à ce qui ressemble parfois à ces
"Histoires sans paroles", ces programmes télévisés courts des années 60) il leur faudra aussi supporter d'interminables dialogues notamment sur Bach à la manière déjà polsellienne, des dialogues sans queue ni tête, délirants qui vont une fois encore raviver le débat sur Polselli du moins quand les personnages parlent car par moment ils s'expriment par onomatopés. Quant au final il est purement hallucinant, du Polselli à 100%. S'agit-il en fait d'un vrai final ou Polselli n'avait-il tout simplement plus d'idée? Réel coup de génie ou totale nullité? Là encore le débat est ouvert. Quoiqu'il en soit quelques minutes avant la fin du film tous les acteurs se retrouvent en slip dans un abattoir, jouent en peau de bête puis
se rejoignent sur le plateau avec l'équipe technique pour discuter et se lamenter, tous pensant qu'il y avait encore beaucoup de choses à dire, à faire et à tourner. De notre coté il est permis de douter mais une chose est certaine, Mondo pazzo... gente matta est un pur Polselli et un des musicarello les plus atypiques qui soit. Il va à l'encontre de tout ceux qui furent tournés alors que le genre était à la mode. C'est peut-être la seule qualité qu'on peut trouver au film qui a pour unique intérêt d'annoncer à sa façon ce que sera quelques petites années plus tard la délirante carrière du réalisateur.