Onore e guapparia
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Réal: Tiziano Longo
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Drame / Noir
Durée: 90mn
Acteurs: Pino Mauro, Laura Grey, Mario Garbetta, Patrizia Pellegrino, Giulio Lenzetti, Gabriella Di Luzio, Nunzia Greton, Massimo Deda, Franco Marino, Emi Salvador, Francesco Gioielli, Vincenzo Falanga...
Résumé: Don Gennaro est le roi de la contrebande de cigarettes à Naples. Il représente la vieille Camorra. A son retour de Milan Don Giggino, incarnation de la nouvelle génération mafieuse, souhaite s'associer à lui dans le trafic de drogue et étendre son marché le plus possible. Don Gennaro refuse. Vexé Don Giggino déclenche les hostilités entre lui et son désormais rival...
Plus connu pour ses comédies érotiques adolescentes et autres drames érotiques Tiziano Longo s'aventure pour la seule et unique fois de sa carrière de metteur en scène dans l'univers du film noir napolitain en signant un film dans la droite lignée de ceux du trio Mario Merola - Alfonso Brescia - Ciro Ippolito, les rois du genre. Mais n'est pas Mario Merola qui veut encore moins le fade Pino Mauro qui faisait ici ses débuts à l'écran en tant qu'acteur. On a donc bel et bien un petit film noir qui se déroule à Naples sur fond de contrebande et de drame familial mais qui surtout baigne dans l'ennui ce qui fut rarement le cas avec
Merola qui a toujours su donner une certaine âme aux oeuvres dans lesquelles il jouait.
Don Gennaro Esposito règne sur le monde de la contrebande de cigarettes à Naples. Homme de coeur et d'honneur marié à Concetta il représente surtout la Mafia d'hier qui désormais doit se battre contre la nouvelle Camorra, celle du trafic de drogues qu'elle souhaite étendre de plus en plus. A son retour de Milan Don Giggino O'Barone entend bien développer ce marché avec l'aide des nouvelles organisations criminelles du Nord de l'Italie. Il demande à Don Gennaro de se joindre à lui mais ce dernier refuse. Offusqué par son refus Don Giggino déclare la guerre à Don Gennaro. Pour l'atteindre il va se servir de
Concetta pour qui il avait un coup de coeur quelques années avant qu'elle épouse Don Gennaro. Il trouve aussi de l'aide auprès de la belle soeur de Gennaro qui ne lui a jamais pardonné d'avoir laissé son frère croupir en prison pour le punir d'avoir volé sa famille. Furieux Don Gennaro et Don Giggino règlent leurs comptes lors d'un duel au couteau.
Plus qu'un film noir Onore e guapparia est avant tout un mélodrame. Ceux qui espéraient quelques bons échanges de coups de feu, des traquenards entre bandes rivales et autres règlements de comptes vont être très déçus puisque d'action il n'y en a pas sur les 90 minutes que dure cette petit bande qu'on pourrait qualifier de roman-photo napolitain. Les
intentions de départ de Longo étaient pourtant bonnes. A travers une guerre des clans, celle de la vieille Mafia et de la nouvelle, il souhaitait mettre en avant les valeurs sacrées de la famille, celles de l'honneur et de la liberté représentées par Don Gennaro un Boss au coeur d'or qui prend la défense du peuple quitte à se mettre en péril. Malheureusement Tiziano Longo nous offre plus une douce confiserie qu'une pellicule mafieuse en faisant passer l'aspect mélodramatique et les histoires d'amour avant le coté noir, le coté polar mafieux simplement relégué en arrière-plan. Privé de violence et de toute idéologie réactionnaire, dénué de toute méchanceté Onore e guapparia est tellement naïf et improbable (donc
involontairement drôle) qu'il flirte par instant avec le lacrima movie, ses moments pathétiques et ses bons sentiments vendus ici au kilo. Bien plus que la guerre entre les deux Boss c'est surtout sur le bonheur et les déboires familiaux d'un Don Gennaro devenu has-been qu'on s'attarde, les souvenirs de sa rencontre avec son épouse et leur relation aujourd'hui idyllique, celle plus haineuse qu'il entretient avec sa belle-soeur, la traitresse jalouse, sa mésentente avec Assunta sa fille modèle qui accepte mal que son père soit un mafieux, la relation de cette dernière avec son meilleur ami et futur gendre idéal aux yeux de Don Gennaro... Le public familial aime comme les italiens aiment Pino Mauro, le grand
spécialiste du théâtre chantant qui joue ici (comme Merola chez Brescia) le brave mafieux qui se fait justice lui même au nom de la famille. Mais Mauro n'a pas l'envergure de Merola. Son personnage n'est pas crédible malgré ses discours sur l'honneur. Son Don Gennaro fait plutôt sourire tant par moments il semble donner dans la parodie. Quant à son look il le faut le voir pour le croire. Avec son blouson de cuir noir (ou beige), ses rouflaquettes et sa coupe de cheveux improbable à mi chemin entre celle de Peter Lawton (le chanteur du Uriah heep pour les connaisseurs) et celle de Gene Simmons version années 80 bien difficile de l'imaginer roi de la Camorra. Mais comme Merola Pino Mauro chante et nous offre deux
chansons napolitaines ("Nun' t'aggia perdere" et "Onore e guapparia") dont une en plein milieu d'une réunion entre mafieux!
Les situations sont aussi peu crédibles tant elles sont par instant abracabresques et prêtent à sourire jusqu'au final et son duel au couteau en pleine ruelle. Difficile de prendre au sérieux cette histoire pleine de bons sentiments imaginée par Piero Regnoli même si Longo lui donne un petit air politique via le personnage du meilleur ami d'Assunta, Enrico, membre d'un groupe étudiant qui lutte pour les droits du peuple et érige le citoyen comme son défenseur. Il admire donc Don Gennaro qui à ses yeux incarne l'idéologie du groupe. On
ne va pas bien loin, on reste dans le cliché mais cela donne un petit air sérieux à cette bluette mafieuse.
On ne peut guère dire que l'interprétation fait des étincelles. Autour d'un Pino Mauro et son look délirant le fadasse au brushing impeccable Mario Garbetta plus habitué à la comédie est un Don Giggino tout aussi peu crédible que son ennemi mais encore plus drôle tant il force parfois le trait. La prestation de Laura Gray (l'épouse) dont ce fut le seul film est aussi oubliable que celle d'une toute jeune Patrizia Pelligrino qui fera par la suite carrière surtout à la télévision. Et si on trouve fort séduisant son meilleur ami, Giulio Lenzetti, qu'on l'admire
ici car ce fut pour lui aussi sa seule apparition à l'écran. Notons la présence du petit Massimo Deda, le fils du générique Mario Deda, qui un temps fut un habitué des rôles de petit Gavroche napolitain.
Onore e guapparia, chant du cygne de son auteur, n'est pas un mauvais film si toutefois on sait à quoi s'attendre. Bien plus qu'un noir c'est simplement une jolie histoire napolitaine pleine de bons sentiments sur fond de mafia, un film tout à fait oubliable à réserver exclusivement aux inconditionnels du genre, aux amoureux de bandes napolitaines et collectionneurs assidus. Outre le look de Pino Mauro qui à lui seul vaut son visionnage (il arborera le même style dans son film suivant, le piètre I figli non si toccano) Onore e guapparia a l'avantage de nous plonger dans une Naples qui aujourd'hui n'existe plus, ses rues, ses ruelles, sa vie, son quotidien, un bonus non négligeable pour tous les nostalgiques.