La discoteca
Autres titres: The disco
Réal: Mariano Laurenti
Année: 1984
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 83mn
Acteurs: Nino D'Angelo, Roberta Olivieri, Cinzia Bonfantini, Bombolo, Enzo Cannavale, Maurizio Boni, Marco Mastantuono, Walter D'Amore, Antonio Zequila...
Résumé: Nino doit quitter Naples et sa petite amie Maria pour aller travailler dans un hôtel dans les montagnes enneigées de Passo Stelvio durant toute la saison d'hiver. A son arrivée il fait la connaissance de Romy, la fille du directeur de l'hôtel, qui de suite tombe sous son charme. Ils passent leurs soirée en discothèque. Romy ne cesse de lui faire des avances que Nino repousse. Il pense à Maria. Il ignore qu'à Naples son meilleur ami manigance pour sortir avec elle et fait tout pour qu'elle l'oublie...
Suite au succès de Sapore di mare de Carlo Vanzina une nouvelle branche de la comédie adolescente, la comédie maritime, vit le jour au début des années 80. Elle mettait en scène le plus souvent les aventures amoureuses, sentimentales, les boires et déboires de coeur et familiaux d'adolescents, d'étudiants, en vacances d'été à la mer. En 1983 avec Un jeans e una maglietta Mariano Laurenti, grand spécialiste de la comédie coquine, s'essayait sans grande inspiration à ce nouveau filon. Plus qu'une comédie maritime Un jeans e una maglietta était surtout un film écrit pour Nino D'Angelo, l'ange au casque blond napolitain
adulé par toute l'Italie. Nino D'Angelo est une star depuis ses vingt ans, une sorte de Dieu qui pourrait être notre Frédéric François version napolitain. Entre deux ritournelles et de gros hits au pays de Dante D'angelo a tourné pour le cinéma et fut au centre de toute une série de films adolescents vaporeux, de jolies histoires d'amour façon roman-photo qui remplirent les caisses des cinéma. Autant dire que si on n'aime pas D'Angelo Un jeans et una maglietta n'avait aucun intérêt. Il en va de même pour La discoteca tourné l'année suivante avec quasiment la même équipe mais cette fois Laurenti réussit encore à baisser
d'un (deux, trois?) cran(s) le niveau général. Un exploit!
Nino doit quitter le soleil et les plages de Naples mais surtout Maria, sa petite amie, pour aller travailler comme plongeur dans un hôtel d'une station de ski pour toute la saison d'hiver. A peine arrivé il fait la connaissance de Romy, une jeune allemande dont il tombe sous le charme. Pour l'éblouir il lui dit qu'il est ingénieur mais le soir même elle débarque à l'hôtel où il travaille. Elle n'est autre que la fille du directeur. Amoureuse de Nino elle lui pardonne et chaque soir ils vont danser à la discothèque locale à la grande colère de son ex-petit ami. Mais Nino n'arrive pas à coucher avec elle car il pense à Maria qui de son coté
n'a aucune nouvelle de lui. Et pour cause, Carlo, le meilleur ami de Nino, intercepte les appels afin de lui faire croire qu'il l'a oublié et pouvoir sortir avec elle. Trop triste de voir Nino sans cesse repousser ses avances Romy fait une tentative de suicide en s'égarant volontairement dans une tempête neige. Elle est sauvée in extremis par Nono qui lui explique les raisons de son refus. A son retour à Naples Nino et Maria découvrent les manigances de Carlo. Ils peuvent reprendre leur belle histoire d'amour.
Avec ce nouveau film Laurenti fait un stupéfiant amalgame de genres. La discoteca c'est un peu comme si on avait mixé La boum, La fièvre du samedi soir et Les bronzés font du ski
pour créer une pellicule bubble gum faite sur mesure pour Nino D'Angelo. Le mélange était en soi plutôt original. Le résultat est une véritable catastrophe. La discoteca est surement un des plus mauvais films de son auteur. D'intrigue il n'y en a point, l'histoire ayant pourtant été écrite à six mains (Laurenti, Mario Calabrese et Piero Regnoli). Difficile de faire plus simple, plus misérable, plus vide et cela vaut également pour les personnages qui n'existent tout simplement pas. En fait tout a été mis en oeuvre pour mettre en avant D'Angelo qui s'en donne à coeur joie entre deux de ses chansons. Malheureusement D'Angelo n'a jamais été un grand acteur. Il est ici crispant, jamais crédible, parfaitement
ridicule et de surcroit bien peu mis en valeur physiquement parlant. Encore plus grave, le film n'a aucune valeur comique. Il faut chercher et encore chercher une scène susceptible de faire rire, une tâche bien difficile tant les gags archi usés et les situations sont d'une royale bêtise. De Un jeans e una maglietta Laurenti reprend le duo Bombolo / Enzo Cannavale mais encore plus que dans le premier film leur numéro fait partie des plus faibles de leur carrière. Il faut voir le pauvre Bombolo déguisé en chat courir dans la neige. On se croirait à un enterrement de vie de garçon au sommet de Courchevel. Quant à Cannavale en faire un directeur d'hôtel allemand au look tyrolien avec la moustache et la gestuelle de notre cher
Adolf Hitler était une idée sympathique. Cela reste peut-être le seul bon point du film. A noter que Cannavale joue aussi le rôle du directeur de la pizzeria où travaille Nino de retour à Naples! Ou comment économiser un acteur.
Quant aux scènes en discothèque qui donnent au film son titre on pouvait s'attendre à quelques somptueux tours de piste et autres époustouflants concours de danse à la Travolta. Que nenni. Rarement avait-on vu une telle pauvreté scénique. Hormis le fait que la fameuse discothèque est au trois quart vide (!!!) les fameuses séquences de danse se résument à une seule et unique chorégraphie exécutée par une poignée de figurants sur
une piste désertée au milieu de laquelle trône Nino D'Angelo gesticulant comme un diable dans un bénitier. Est-il possédé? Est-il pris d'une crise d'épilepsie? Son numéro restera en tout cas dans les annales. Est-ce volontaire? Si oui pourquoi un tel ridicule? Entre le robot, l'éméché du samedi soir, l'homme préhistorique et l'abruti de service D'Angelo aura gagné la palme du plus mauvais danseur de tous les temps. Une raison de voir le film faut-il bien avouer. Absolument culte aujourd'hui! Pour les plans où soudainement il s'emballe et danse comme un professionnel sans qu'on voit sa tête il est cette fois doublé. Plus drôle encore pour ceux où on le voit en entier impossible de ne pas sourire face à cette doublure coiffée
d'une perruque façon Mireille Mathieu! On oubliera l'interprétation. Autour de Nino D'Angelo on retrouve la transparente Roberta Olivieri qui fut sa partenaire dans quatre films avant de quitter le monde du cinéma. L'éphémère Cinzia Bonfantini (L'ultimo guerriero)pourrait se voir décerner le trophée de la plus mauvaise actrice tant elle est inexpressive et peu convaincante.
Visuellement laid (Laurenti n'a même pas su mettre en valeur ni le soleil de Naples et les plages de Positano ni les paysages enneigés de la station de Passo Stelvio en Lombardie), d'une pauvreté sidérante, rien ne vient sauver cette Discothèque de l'ennui profond dans
lequel elle nous plonge si ce n'est son coté involontairement trash provenant du numéro de tyrolien nazi de Cannavale et l'hystérie de D'Angelo lorsqu'il danse. Ne trouvera grâce aux yeux et surtout aux oreilles du spectateur que le thème musical principal franchement entrainant et obsédant, (il inspira le hit national "Napoli Napoli", la chanson thème de Quel ragazzo della Curva B que tournera D'Angelo en 1987) qui revient régulièrement tout au long du métrage. De quoi le faire se lever de son divan et esquisser quelques pas de danse. De quoi au moins éviter la léthargie totale!
Nino est en Italie une idole, une sorte de Dieu. Rien que pour lui le film connut un joli succès et la fameuse scène où il danse est un grand moment d'extase aux yeux de nos amis italiens. Allez comprendre mes enfants!