OSS 77 operazione fior di loto
Autres titres: Tonnerre sur Pékin / OSS 77 Pékin-Rome / Piège pour un espion
Réal: Bruno Paolinelli
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Spy movie
Durée: 98mn
Acteurs: Sandro Moretti, Dominique Boschero, Gaia Germani, Roy Moore, Jean-Louis Tristan, Don Marshal, Paule Albert, Tsao Yong Tsing, Wu Cheo Tsing-Po, Wu Pak Chiu, Hirosci Nakaema...
Résumé: A Pékin, un savant atomiste chinois s'est enfoui avec l'aide d'un complice de la centrale où il travaillait. Il a des informations vitales à transmettre aux Etats-Unis. L'avion dans lequel il a pris bord est abattu par les migs chinois quelque part aux abords de Rome. L'agent Robert Kent est chargé de le retrouver et d'assurer sa sécurité. Dés son arrivée à Rome il est la cible des chinois, des américains et d'un groupe de néo-nazis qui veulent tous retrouver le professeur et les informations qu'il détient...
Le succès mondial de James Bond allait faire naitre dés le milieu des années 60 une pléthore d'agents secrets notamment en Italie qui en profita pour créer un sous genre du cinéma d'exploitation, le spy movie. Pendant cinq bonnes années les émules de l'agent 007 allaient faire les beaux jours des salles obscures. Parmi eux on peut notamment citer l'agent S 077, Super 7, Super 008, l'agent S3S, l'agent Upperseven... et l'agent Robert Kent, celui qui aujourd'hui nous intéresse puisqu'il est le principal protagoniste de ce spy movie réalisé en 1965 par Bruno Paolinelli, metteur en scène-scénariste peu connu qui tourna très peu, cinq films étalés sur vingt ans.
Le professeur Fou Tcheou, un grand savant atomiste chinois, s'enfuit de la centrale où il travaille. Alors que de grandioses cérémonies folkloriques de la Chine communiste se déroulent au pied de l'estrade de Mao Tsé Toung il quitte Pékin à bord d'un petit avion clandestin avec l'aide d'un complice américain. Le scientifique a de très importantes informations à communiquer d'urgence au gouvernement américain. Son pays possède en effet depuis peu la bombe atomique et envisage de la faire exploser. Le monde est en grand danger. Fou Tcheou et son complice s'envolent pour l'Italie mais leur avion pris en chasse par les migs chinois s'écrase non loin de Rome. Le professeur est blessé. Son complice
parvient à l'emmener dans une clinique privée connue sous le nom de code OSS 77 appartenant aux services secrets américains. Robert Kent, un agent de la CIA, est chargé de le retrouver, d'assurer sa sécurité et de le ramener sain et sauf en Amérique. Kent part donc pour Rome. Ce qui devait être selon son patron une mission (nommée Opération Fleur de lotus) plus que tranquille s'avère être bien plus mouvementée que prévue. Le professeur est en effet la cible des chinois qui veulent le récupérer, d'une organisation néo-nazie qui veut le tuer et s'emparer des informations qu'il détient et des services américains prêt à tout pour le mettre en sécurité. Après bien des aventures Kent parvient à le retrouver et le tirer des griffes
de ceux qui le pourchassent. Mais il est trop tard. Les journaux annoncent que la Chine vient tout juste d'utiliser la bombe atomique. Fou Tcheou se fait hara-kiri. Kent roucoule avec la belle Eva
Bien souvent dans le spy movie nos agents secrets doivent combattre un vilain toujours très vilain qui souhaite devenir le maitre du monde grâce à une invention diabolique, diabolique rimant très régulièrement avec atomique. Cette fois pas de méchant, pas d'organisation secrète seulement un pays qui vient tout juste d'acquérir l'arme atomique dont il veut se servir. Et ce pays n'est pas n'importe quel pays, il s'agit ni plus ni moins que de la Chine communiste, celle de Mao. On peut dire que le scénario partait d'un point de départ plutôt
ambitieux. L'ouverture elle même est des plus fastueuses puisqu'elle nous immerge directement au coeur de manifestations folkloriques et patriotiques grandioses au pied de l'estrade de ce bon Mao. Il s'agit fort évidemment d'images de récupération (fort bien intégrées puisque l'illusion est parfaite), le maigre budget de Paolinelli n'ayant pas pu lui permettre de se payer un voyage en Chine pour filmer ces cérémonies fantastiques. Le film aussi asiatique soit-il se déroule entièrement aux abords de Rome et de la bombe atomique il ne reste pas grand chose si ce n'est une simple évocation.
En fait Tonnerre sur Pékin est un délirant spy movie tant son intrigue est absurde et si peu
probable. Paolinelli n'a que faire ni de la logique ni de la cohérence, il accumule les invraisemblances avec un tel entrain (et un tel humour) que cette petite bande en devient vite jouissive. Pas d'agent secret à la 007 cette fois juste un simple agent de la CIA choisi uniquement car ce même 007 est indisponible car occupé par la mission Goldfinger (il fallait oser). Robert Kent doit donc se rendre à Rome retrouver et assurer la protection du savant chinois. Aucun gadget, d'arme farfelue et délirante cette fois Tonnerre sur Pékin est plus un film d'action et d'espionnage qui enchaine bagarres, courses-poursuites, tentatives d'enlèvement et d'assassinat et trahisons à gogo. Chinois, américains et même une bande de néo-nazis sont à la recherche du professeur caché dans une clinique privée répondant
au nom de code OSS 77 (Operazione Silus Sabaudia 77). Il ne s'agissait donc pas du nom de notre agent, cross over entre OSS 117 et James Bond 007. Tout le monde traque tout le monde dans la joie et la bonne humeur même si on ne sait pas toujours pourquoi mais vu l'improbabilité de l'intrigue on ferme les yeux. Comment pourrait-on faire autrement lorsqu'on ose faire s'envoler un atomiste à bord d'un simple petit avion de tourisme censé l'emmener de Chine à Rome, ce qu'il fait en trois coups de cuillers à pot seulement avant que des migs l'abattent (des images d'archive cette fois bien visibles). Magique! On se demande à quoi sert Concorde!
Ce petit spy movie farfelu est une véritable série B dotée d'un certain sens narratif, plutôt alerte, qui vaut essentiellement outre son non sérieux (espérons le voulu) pour son coté divertissant, léger, le soin apporté à la photographie qui met en valeur de superbes décors très colorés aux limbes parfois d'un psychédélisme naissant (le club où chante Dominique Boschero est absolument sublime), une certaine misogynie jouissive à la Lenzi (Kent séduit les femmes mais s'il en mat souvent dans son lit il en couche aussi pas mal sur son lit ou au sol d'un revers de la main ou d'une retentissante gifle) et l'audace de certaines scènes qui devrait ravir les amateurs de sadisme bon enfant. On retiendra la presse dans
laquelle un agent américain est littéralement broyé et surtout la très inattendue scène où une voiture écrase la gorge de la cruelle Paule Albert en lui roulant dessus, d'autant plus inattendu et surprenant que nous sommes en 1965! Voilà qui dut faire hurler Dame censure à l'époque mais ravir les amateurs de gore croustillant.
Très appréciable est également la distribution puisqu'elle nous permet de retrouver une jolie brochette d'actrices toutes plus sexy les unes que les autres. La française Dominique Boschero n'a jamais été aussi belle et séduisante, si ensorcelante lorsqu'elle chante de manière lascive "Voglio un uomo, solo un uomo, un vero uomo, si, solo un uomo". Elle nous
offre même un léger nu affriolant tout en suggéré. La japonaise Yoko Tani est tout aussi superbe tout comme la Gaia Germani (Hercule contre les vampires, Le château des morts-vivants). Plus étonnant est le choix de l'acteur qui interprète Robert Kent. A des années lumières des sous Sean Connery italiens ou américains généralement utilisés dans le spy movie à l'italienne Paolinelli a fait ici appel à un jeune bellâtre au charme quasi angélique, Sandro Moretti très connu en Italie non pas pour ses talents d'acteurs mais pour avoir vanté les mérites des apéritifs Cinzanino, des glaces Motta et des bonbons caramel
dans moult spots publicitaires! Il fut également la star de nombreux romans-photos et fit essentiellement carrière à la télévision. Sandro est jeune, beau, divinement beau mais son jeu est un peu limité. On a du mal à l'imaginer dans la peau d'un super agent secret mais qu'importe! Le plaisir de l'oeil prend le dessus.
Emmené par une agréable partition musicale signée Luis Bacalov OSS 77 operazione fior di loto est un divertissant petit spy movie à l'italienne qui se laisse gentiment visionner pour peu qu'on ne soit pas trop exigeant niveau scénaristique. Son coté farfelu, ludique, son
rythme enlevé, ses décors colorés feront oublier ces faiblesses.
Paolinelli tournera l'année suivante un second opus, Le retour des loups / Borman, toujours avec Sandro Moretti dans le rôle de Robert Kent, élevé cette fois au rang de colonel, qui va combattre cette fois un vilain très vilain qui veut redonner vie au mouvement nazi afin de dominer le monde.