I 7 di Marsa Matruh
Autres titres: Les 7 de Marsa Matruh / Les sept de Marsa Matruh / La lunga notte dei disertori / La lunga notte dei disertori - I 7 di Marsa Matruh
Réal: Mario Siciliano
Année: 1969
Origine: Italie / Egypte
Genre: Guerre
Durée: 114mn
Acteurs: Ivan Rassimov, Marcella Michelangeli, Monica Strebel, Kirk Morris, Aldo Bufi Landi, Giuseppe Castellano, Jessy Maxwell, Paola Natale, Attilio Severini, Joanna Sanders, Youssef Chaban
Résumé: Lors de l'invasion allemande en Afrique du nord un détachement de quatre soldats anglais se retrouve coincé dans le désert égyptien. Contraints d'abandonner leur jeep ils doivent continuer à marcher sous un soleil de plomb lorsqu'ils tombent sur un véhicule de l'armée enseveli sous le sable, trois auxiliaires féminines militaires à l'intérieur. Ils les prennent avec eux et poursuivent leur marche. C'est alors qu'ils découvrent au milieu de nulle part une citerne d'eau férocement gardée par deux soldats allemands belliqueux...
Avant de devenir à l'aube des années 80 un des pères de l'âge d'or de la pornographie italienne, Mario Siciliano avait débuté sa carrière en réalisant en 1969 un intéressant western spaghetti, Django ne prie pas avec Gianni Garko, un genre auquel il reviendra dés 1972 avec Sartana fils de... et Dépêche toi Sartana je m'appelle Trinita!. Il signe ensuite deux films de guerre à une époque où ce type de films connaissait un certain succès. Le premier tourné en 1969 à la suite de son Django n'est autre que le fameux Les 7 bérets rouges, un petit classique du genre que l'amateur prendra un malin plaisir à voir ou revoir, le
second est Les 7 de Marsa Matruh (Siciliano semblait aimer le chiffre 7), un nouveau volet qui tire bien plus sur le film d'aventures dans le désert que sur le film de guerre à proprement parler.
1942 - Alors que les troupes allemandes ont envahi le nord de l'Afrique un détachement de quatre soldats anglais est bien décidé à regagner leur ligne. Après une attaque allemande ils se retrouvent coincés dans le désert égyptien. Obligés d'abandonner leur jeep ils marchent dans les immenses étendues de sable lorsqu'ils tombent sur un à demi-enseveli. A l'intérieur il y a trois femmes, trois auxiliaires de l'armée, Liz, Ann et la jolie docteur Martha
Vaughan. Ils acceptent de les prendre avec eux et poursuivent leur marche sous un soleil de plomb. Lorsqu'ils découvrent une citerne d'eau ils pensent être sauvés mais elle est gardée par deux soldats allemands qui acceptent de partager leur eau à la seule condition que ce soit une femme qui viennent la chercher. Ann se dévoue mais elle est à demi violée par un des allemands. Ecoeuré par son attitude son compagnon, Karl, le somme d'arrêter. Ils en viennent aux mains. Ann tire sur son agresseur et le tue. La petite troupe embarque le jeune allemand avec eux. Ils continuent leur route lorsqu'une bande de bédouins menée par Jusuf leur demande leur aide. Le fils de Jusuf souffre d'une grave péritonite, il a besoin de soins
immédiats. Martha parvient à le guérir. Alors que leur périple tire à sa fin les soldats anglais doivent affronter les allemands. Jusuf et son peuple viennent à leur aide au moment où ils allaient tomber entre les mains de l'ennemi.
Avec ses 7 Bérets rouges Siciliano nous emmenait au coeur de l'Afrique, au Congo, afin d'y suivre une mission commando ayant pour but de récupérer des documents tombés aux mains de troupes rebelles. Nous avions droit à un véritable film de mercenaires au relents racistes, un film viril qui sentait bon la poudre et la sueur. Les 7 de Marsa Matruh est une sorte d'hybride entre le film de guerre et le film d'aventures qui prend pour cadre le désert
égyptien. On sent la sueur, il fait très chaud et nos sept héros (et héroïnes) ont très soif puisque sans eau mais on sent un peu moins la poudre. En fait le scénario du film est aussi mince qu'une feuille papier cigarette. Siciliano doit donc ruser pour atteindre non pas 90 minutes mais 100 minutes. Ainsi donc il enchaine les péripéties qui sentent toutes un peu le réchauffé. Durant toute la première partie du film notre petit groupe de soldats au fil de leur marche dans le désert doivent régulièrement subir des attaques aériennes. Pas très imaginatif et surtout un peu répétitif d'autant plus que toutes se ressemblent et ne sont guère spectaculaires. Un coup de sirocco autrement dit une tempête de sable pour un peu
changer mais là encore faute de moyens la séquence dure deux petites minutes, Siciliano ayant recours à une douce ellipse pour passer à autre chose, à savoir la découverte d'une citerne d'eau gardée par deux allemands. On ne se posera aucune question quant à savoir ce que fait cette citerne en plein milieu du désert, on retiendra seulement le semi-viol de la malheureuse Ann qui finit par tomber amoureuse du jeune et beau soldat teuton, il fallait absolument une romance. Puis on va à la rencontre d'une tribu de bédouins dont le chef craint pour la vie de son fils, gravement malade. Voilà l'occasion d'étirer sur presque dix minutes son opération, dix minutes durant lesquelles la caméra filme les doigts et les
mâchoires crispées des soldats et les bédouins impassibles plongés dans un silence de mort. Nous voilà prêts pour l'ultime partie du film, l'affrontement de nos sept anglais et des troupes allemandes, la seule véritable partie qui ramène au film de guerre, avec ses morts, ses héros, ses sacrifices et la l'aide des bédouins lors d'un final où on mitraille, où tout explose, où la jolie Ann mourra par amour aux cotés de son bellâtre allemand... Tous les éléments d'une conclusion que Siciliano voulait énergique sont là jusqu'au moment où, en pleine bataille, apparait un fondu au noir puis plus rien. La scène suivante tout est fini. Le capitaine remercie sur fond de désert rougeoyant le chef des bédouins et nous voilà de
retour à la civilisation pour la remise des médailles. Quelle est donc cette ellipse? Manque de budget? manque d'imagination? Voilà qui est étrange et un peu frustrant car on s'amusait bien.
La petite originalité du film est d'avoir introduit trois femmes dans cet univers de mâles, ces dernières étant le plus souvent absentes de ce type de pellicules ou réduites au rang de simples potiches. L'idée était donc intéressante puisque cette fois elles avaient des rôles à part entière mais très vite on regrette leur présence tant elles sont cruches. Mario Siciliano a choisi trois gourdes à qui il fait réciter des dialogues d'une niaiserie astronomique, trois
têtes de linotte qui viennent plomber l'ambiance tant elles sont bêtes. Si la blonde Marcella Michelangeli, l'ex-épouse de Lou Castel et mère de l'acteur Rocco Quarzell, tire son épingle du jeu avec son sérieux. On n'en dira pas autant de l'énigmatique Joanna Sanders dont ce fut la seule et unique apparition à l'écran (on comprend pourquoi). Quant à la suisse Monica Strebel, la compagne du réalisateur Alex Fallay, elle semble comme perdue, hagarde du début à la fin de la pellicule, comme absente. Monica connaitra une petite carrière par la suite. Elle deviendra un temps l'égérie de Fernando Di Leo pour qui elle tourne Brucia ragazzo brucia puis Les poupées érotiques du Dr Hitchcock dans la peau de l'inoubliable
infirmière lesbienne. Monica marquera surtout les annales du cinéma de genre avec Le altre, un des tout premiers films lesbiens dans lequel elle a de brulantes scènes saphiques avec Jane Garret. Son manque de confiance en elle, ses problèmes existentiels et ses addictions à la drogue écourteront une carrière dont elle n'a jamais vraiment rêvé.
Les 7 de Marsa Matruh n'a rien d'un grand film de "guerre". Ce n'est jamais qu'une petite série B qui pourrait être vite ennuyeuse si on ne se laissait pas charmer par la beauté du décor naturel, le désert égyptien, ses oasis, ses ruines, ses immensités sablonneuses, sublimé par une magnifique photographie de Gino Santini. Le coté exotique fonctionne
toujours et c'est là un gros atout du film. Aussi mince soit-il le scénario tient la route et diffuse suffisamment de plaisir pour qu'on se laisse embarquer dans cette traversée du désert sans vraiment sourciller, soulignée par une jolie partition musicale signée Stelvio Cipriani aux tons martiaux. On appréciera de retrouver Ivan Rassimov (déjà au générique des Bérets rouges) aux commandes de la troupe aux cotés de l'ex-star du péplum Kirk Morris (lui aussi parmi les 7 Bérets rouges), Giuseppe Castellano et Aldo Bufi Landi, une solide équipe de "gueules" qui fait correctement son travail dirigée de façon plutôt plaisante par Siciliano.
Comme Les 7 bérets rouges Les 7 de Marsa Matruh est une petite pellicule d'aventures du guerre plutôt sympathique, un gentil divertissement exotique qu'on prend plaisir à visionner tout en se disant que Mario Siciliano eut un temps, ses débuts, où il pondait des oeuvres distrayantes, de bonnes petites séries B qui aujourd'hui n'ont rien perdu de leur charme. Cela se vérifiera à nouveau l'année suivante avec I leoni di Pietroburgo / Les lions de St Petersbourg.
I 7 di Marsa Matruh est aussi connu sous le titre La lunga notte dei disertori (même s'il n'y a aucun déserteur dans le film, que de braves soldats anglais). Ce titre correspond à celui sous lequel le film est ressorti en Italie.