Le spie uccidono in silenzio
Autres titres: Ombres sur le Liban / Spies strike silently / Los espias matan en silencio
Réal: Mario Caiano
Année: 1966
Origine: Italie / Espagne
Genre: Spy movie
Durée: 84mn
Acteurs: Lang Jeffries, Emma Danieli, Andrea Bosic, Erika Blanc, José Bódalo, Mario Lanfranchi, José Marco, Gaetano Quartararo, Enzo Consoli, María Badmajew, José Villasante, Jesus Tordesillas, Alfonso Giganti, Umberto Ceriani, Ennio Balbo...
Résumé: La fille du pacifiste professeur Freeman est assassinée dans son hôtel à Beyrouth. L'agent des services secrets britanniques Michael Drum est envoyé en mission pour mener l'enquête. Le professeur lui apprend que lui et sa fille avaient déjà été menacés s'ils n'arrêtaient pas leurs recherches pour la paix universelle. Après l'assassinat du professeur, Drum met à jour un complot international dirigé par un homme qui envisage de lobotomiser les êtres humains pour devenir maitre du monde...
Après avoir débuté dans le péplum puis réalisé dès le milieu des années 60 toute une série de westerns spaghettis le toujours excellent Mario Caiano s'est offert deux parenthèses, une dans l'épouvante gothique en signant une référence du genre, Les amants d'outre tombe, l'autre dans un genre alors très en vogue né du succès interplanétaire des James Bond, le Spy movie ou europsy. Il est ainsi aux commandes de Le spie uccidono in silenzio devenu pour sa sortie française en janvier 1967 Ombres sur le Liban.
Une jeune fille est assassinée dans la piscine de l'hôtel où elle réside. Il s'agit de Jane
Freeman, la fille de l'éminent Professeur Freeman. Son assassinat suscite bien des questions et pose problème à Michael Drum, l'agent des services secrets britanniques en charge de l'enquête. Pourquoi l'a t-on assassiné? Drum après avoir découvert que sa chambre d'hôtel est sous écoute rencontre le professeur qui lui avoue qu'il avait reçu quelques temps plus tôt des menaces écrites. S'il n'arrêtait pas immédiatement ses recherches pour que la paix règne définitivement sur la planète sa fille serait tuée. C'est la raison pour laquelle tout deux s'étaient réfugiés à Beyrouth pensant être tranquilles. Drum fait la connaissance de Rashid, le fiancé de Jane et homme de confiance de son père, et de la
brune Pamela Kohler dont le fiancé, Edward, est retrouvé pendu quelque temps plus tard. Puis c'est au tour du professeur d'être retrouvé mort dans son bureau. Drum est victime d'une tentative d'assassinat à son hôtel par deux hommes qui semblent agir comme des robots. Il tue ses assaillants mais il est arrêté par la police libanaise. Il réussit à s'échapper mais de retour à Londres il est capturé par une bande de brigands. Il se réveille dans une étrange salle, les mains liées lorsque le responsable de sa capture se montre enfin. Il s'agit de Rashid. Il est aux commandes d'un complot international. Dans sa folie il souhaite robotiser les humains à l'aide d'une drogue afin que l'humanité entière soit à ses pieds. Pamela
Kohler n'est autre que sa complice. C'est au tour de Drum d'être lobotomisé. Il aura pour mission de tuer le chef d'Interpol. Après avoir feint sa lobotomie grâce à un antidote caché dans le talon de sa botte Drum s'évade mais il est rattrapé par Brooke, son meilleur ami et assistant, à la solde de Rashid. Drum devra son salut grâce à la belle journaliste Grace Holt. Ensemble ils vont tenter d'éliminer Rashid et sauver notre planète de sa folie.
Créer une armée de robots humains, des êtres lobotomisés par un savant fou qui veut dominer le monde n'est pas un thème très original dans ce type de films et ce n'est pas Caiano qui avec Le spie uccidono in silenzio va bouleverser l'ordre des choses. Le scénario
est d'une extrême simplicité, son seul et véritable intérêt étant de deviner quelle est l'identité de celui qui se cache derrière ce complot science-fictionnesque. Là encore Caiano n'entretient aucun réel mystère. Il est très facile de rapidement découvrir qui cherche à dominer notre monde. Ombres sur le Liban est d'une linéarité exemplaire. Aussi simple que soit l'intrigue ce petit spy movie n'est cependant pas déplaisant. Il se laisse même regarder avec un certain plaisir grâce d'une part à sa mise en scène professionnelle, ses scènes d'action d'autre part qui interviennent à intervalles réguliers. Il faut reconnaitre en effet qu'on ne s'ennuie jamais vraiment durant ces 90 minutes. Mario Caiano a un certain sens du
rythme même si l'ensemble manque parfois de pêche, de dynamisme. Un peu de d'énergie, de punch durant les bagarres, les poursuites n'aurait pas été un mal. Le metteur en scène reste également assez voire très sobre quant aux gadgets, très peu présents. Un détecteur radio, un antidote caché dans le talon d'une botte et c'est à peu près tout. Michael Drum n'est pas un agent secret très équipé mais il est efficace et séduisant avec ses faux airs à la Sean Connery. Malgré tout l'ensemble est suffisamment bien ficelé pour que le spectateur suive gentiment les aventures de ce sous 007 tourné en partie au Liban, un pays qu'affectionnaient apparemment les réalisateurs puisque bon nombre de spy movies y furent réalisés à cette
même époque. Voilà un autre atout du film, ses très beaux décors naturels qui apportent une touche exotique toujours bienvenue magnifiée par une photographie soignée.
L'interprétation sans être exceptionnelle est en tout cas tout à fait professionnelle, en tête de distribution le canadien et très viril Lang Jeffries, un habitué du spy movie puisque après quelques péplums il endossa à plusieurs reprises le costume du parfait agent secret. Il affronte ici Andrea Bosic qui prend les traits du méchant Rashid. Erika Blanc est notre Dark lady, malheureusement trop peu présente. Dissimulée sous une perruque brune Erika fait plus fonction de potiche, son rôle étant réduit au strict minimum, ce qui est fort regrettable
pour une Dark lady. Emma Danieli, vue la même année dans Des fleurs pour un espion, est notre "Michael Drum's girl", la jolie journaliste qui lui sauvera la vie.
Coproduction italo-espagnole joliment accompagnée d'une solide partition musicale signée Francesco De Masi Le spie uccidono in silenzio n'est certes pas le meilleur des spy movies italiens encore moins le meilleur film de son auteur, toujours consciencieux, mais il reste néanmoins une pellicule divertissante, un sous James Bond à l'italienne discret, tout simple, qu'on aurait surtout aimé un peu plus vitaminé, un peu plus fou comme son scénario pouvait le laisser présager. En l'état on le savoure comme un sympathique apéritif.