Neumonia erotica y pasota
Autres titres:
Réal: Jaime Bayarri
Année: 1981
Origine: Espagne
Genre: Comédie / Erotique / Fantastique
Durée: 82mn
Acteurs: Eva Lyberten, Pep Corominas, Joaquin Gomez, Andrea Albani, José Gras, Barbara Ben, Victor Israel, Emy Matias, Jorge Termes, Maite Llenas, Marta Flores, Sofia Fernandez, Miguel Cusi, Julia caballero, Josep Lluis Folop, Carlos Martos...
Résumé: Après avoir ingurgité un dérivé d'huile de colza Cristina se transforme en un horrible monstre géant rouge chaque fois qu'elle fait l'amour avec un autre homme que son petit ami Andres. Ensemble ils vont tenter de trouver un moyen pour que ces désastreux effets s'arrêtent...
Essentiellement connu comme assistant réalisateur le barcelonais Jaime Bayarri a notamment co-dirigé de nombreux westerns-paëlla mais également ce monument de série Z qu'est l'inénarrable 4,3,2,1 objectif lune et quelques gialli réputés (La corruption di Chris Miller, La encadenada, Plus venimeux que le cobra). En tant que metteur en scène il ne tourna par contre que trois films dont la séquelle de El libro de buen amor et cet étrange comédie érotico-fantastique qu'est Neumonia erotica y pasota, une sorte de délire coquin ensoleillé complètement grotesque et farfelu.
L'Espagne traverse une grave crise aussi inattendue que surprenante. Le pays connait en effet une pénurie d'huile de colza inédite! Et malheureusement le colza a des effets secondaires très particuliers et terrifiants sur la pauvre Cristina. Après avoir pris une douche avec un dérivé de cette huile (!) elle constate avec horreur que dés qu'elle fait l'amour avec un homme autre que son petit ami Andres, lorsqu'elle est sur le point d'atteindre l'orgasme, elle se transforme en un horrible monstre géant à la peau rouge, une sorte d'incroyable Hulk féminin. Les amis de Cristina, un groupe de jeunes qui tourne un film pour de riches bourgeois, Damian et sa maitresse, tentent de l'aider mais rien n'y fait. Dés qu'un homme
l'aborde et l'envoie au septième ciel Cristina malgré ses efforts pour se contrôler devient une créature monstrueuse. Elle tente une séance avec une psychanalyste qui la drague et la touche pour lui faire prendre conscience que le problème vient surtout des hommes eux mêmes mais le rendez-vous est un désastre. Cristina se transforme à nouveau et attaque la pauvre femme. Cristina et Andres sous les conseils de leurs amis vont alors consulter une médium qui finalement conseille à la jeune fille l'abstinence. Cristina tente ensuite de se laisser séduire par le mari amnésique et impuissant de la maitresse de Damian mais l'expérience est un échec. C'est alors que Cristina se réveille. Tout cela n'était qu'un rêve.
Soulagée elle fait follement l'amour avec Andres.
S'il n'a tourné que très peu de films Jaime Bayarri aura cependant été l'auteur d'une des comédies espagnoles les plus grotesques des années 80. Neumonia erotica y pasota est un délire érotique complètement farfelu qui n'est jamais qu'une parodie de L'incroyable Hulk. Et il n'y en guère eu dans le cinéma Bis avouons le, pas même du coté de nos amis italiens. Si le Dr Banner avait été soumis à une pluie radioactive c'est ici l'ingurgitation d'un substitut d'huile de colza qui est responsable des malheurs de la pauvre Cristina. Rien que le propos de base est hallucinant. Sous l'effet de la colère le Dr Banner se transformait en un hideux
géant vert. Cristina devient quant à elle un monstre demesuré à la peau rouge et aux sourcils broussailleux chaque fois qu'elle est sur le point d'atteindre un orgasme. Voilà qui lui complique bien la vie car si Cristina a un petit ami elle se laisse cependant draguer par d'autres hommes dont un moniteur d'auto école, un baigneur bedonnant et sa psychanalyste qui tous le regretteront. L'intrigue n'approfondit jamais plus ce scénario foufou qui au final n'est qu'un prétexte pour enchainer des scènes de galipettes avec ou sans Cristina car tous les protagonistes, jeunes et beaux, aiment s'ébattre au soleil, sur la plage, dans l'eau, sous une tente ou dans une chambre, un canapé dans une belle villa.
Neumonia erotica y pasota oscille entre comédie fantastique et comédie adolescente maritime sur fond de mer bleue et de plage ensoleillée, une véritable carte postale barcelonaise rythmée par les transformations de Cristina.
Ce sont bien évidemment elles qui donnent au film son principal intérêt et ce sont elles qu'attend également le spectateur. Tourné avec un budget dérisoire il ne faut pas espérer du film de Jaime Bayarri des effets spectaculaires. Lorsque Cristina commence sa mutation ses yeux se fixent sur l'objectif avant que le maquilleur ne lui mette deux superbes lentilles à mi chemin entre l'oeil de chat et la spirale hypnotique. Ses sourcils s'épaississent, deux
broussailles collées sur sa peau qui rougit (une simple crème écarlate dont on l'a enduite). Puis arrive le clou de la transformation: elle gonfle tel un bonhomme Michelin et devient une Hulkette géante rouge qui grogne et serre du poing avec pour seul vêtement un mini pagne noir lorsqu'elle n'est pas toute nue. Et c'est inlassablement la même séquence qui revient à chacune des mutations. L'effet de surprise passé il n'y a plus guère d'intérêt mais ça reste drôle tout de même. Le charme demeure, un charme propre à toute série Z, autrement dit un petit péché mignon pour tout amateur de bêtises pelliculaires.
Et il y a l'érotisme et si Neumonia erotica y pasota est un pastiche de Hulk ça reste avant
tout une comédie érotique qui se range dans la catégorie "S", ces fameux films érotiques espagnols qui tout en étant très osés ne franchissent cependant jamais la limite de la pornographie. Et dans le titre il y a erotica. Il ne fallait donc pas qu'il y ait tromperie sur le produit. Les scènes de sexe s'enchainent, soft certes, souvent drôles, jamais vulgaires, toujours très belles et suffisamment explicites pour combler tous nos espoirs. On reste dans la légèreté et l'humour. Les acteurs qui ont tous l'air de beaucoup s'amuser (un plus) sont très souvent nus, en slip ou en maillot de bain. Quoi de plus normal au bord de la mer où une bonne partie de l'histoire se déroule. Parmi eux quelques uns des noms
incontournables de l'érotisme espagnol et des films classés "S", un autre atout de cette farce fantastico-sablonneuse. Ainsi donc retrouve t-on Eva Lyberten dans le rôle de Cristina, Andrea Albani, la sculpturale Barbara Ben et Julia Caballero. Quant à la gente masculine elle est fort bien représentée par Jorge Gras (Depravacion), Joaquin Gomez (Perversion en el paraiso) et surtout le jeune et toujours aussi séduisant Pep Corominas (Andres), l'égérie gay ibérique, qui fit les beaux jours du cinéma rose espagnol et nous fera tourner de l'oeil ici avec son mini short échancré, ses maillots de bain hyper moulants lorsqu'il n'est pas tout simplement nu tant de dos que de face! C'est à Pep que reviennent les scènes de sexe les
plus étourdissantes et c'est sur lui que se figera l'image finale après que Eva Lyberten ait baissé son slip pour de bouillants ébats filmés en accéléré.
La créature est interprétée par la générique Emy Matiasqu'on reverra notamment chez Bigas Luna (Angoisse). On notera l'apparition éclair de Victor Israel en prêtre qui ne sert strictement à rien dans l'intrigue puisqu'il disparait aussi vite qu'il est apparu, son temps d'image étant en tout et pour tout de deux ou trois minutes.
Totalement inédit en France mais est-ce étonnant, tristement oublié des éditeurs DVD (et BR) Neumonia erotica y pasota est une très agréable découverte, un délire pelliculaire maritime qui devrait faire l'unanimité auprès des amateurs de parodies, d'érotisme salace et bien sûr de films "S". On sourit, on rit, on s'amuse la main dans le pantalon. Quant à la beauté de Pep Corominas elle devrait quant à elle en étourdir plus d'un qui se prendront à rêver qu'ils batifolent nus avec le bel Apollon dans un immense champ de colza sans jamais avoir peur de ... la bête. Bien au contraire! En somme un sans faute pour cette "pneumonie érotique".