La rebelion de los bucaneros
Autres titres: I corsari dell'isola degli squali / Pirates of blood island / Totenkopt auf wiessen segeln / Bukanerosi pirati juznih mora
Real: José Luis Merino
Année: 1972
Origine: Espagne / Italie
Genre: Aventures / Pirates
Durée: 87mn
Acteurs: Carlos Quiney, Stelvio Rosi, Maria Pia Conte, María Dolores Tovar, Isarco Ravaioli, Pasquale Basile, José Marco, Antonio Mayans, Loreta Lovar, José Cardenas, Santiago Rivero...
Résumé: Le capitaine McDonald, ancien pirate amnistié par la couronne d'Angleterre, est chargé par le gouverneur d'empêcher le capitaine Mallory de prendre d'assaut et coloniser l'ile de Hornos, une possession britannique dont les côtes recèlent de nombreuses perles. Lors de sa mission McDonald dont l'amnistie a déplu à beaucoup va devoir faire face à de nombreuses trahisons...
Très actif durant les années 60 et 70 l'espagnol José Luis Merino s'est surtout fait connaitre pour ses quelques westerns-paëlla, ses films d'aventures pour lesquels il fit revivre notamment Zorro et Robin des Bois ainsi qu'une poignée de films d'horreur plus ou moins réussis (Il castello dalle porte di fuoco et La orgia de los muertos). En 1972 c'est au film de pirates qu'il s'attaque en mettant en scène une sympathique petite pellicule marine coproduite avec l'Italie restée inédite sous nos cieux, La rebelion de los bucaneros.
1798 - Le capitaine Mallory est à la tête d'un groupe de pirates qui s'apprête à coloniser l'ile de Hornos située quelque part entre l'Australie et la Nouvelle Guinée, une région où l'empire britannique déporte également ses prisonniers. Alors qu'ils sont sur le point de débarquer sur l'ile le capitaine anglais Martin McDonald, un ancien pirate amnistié par Sa Majesté après qu'il ait accepté de faire de ses hommes de pacifiques colons, se voit confier une mission par le gouverneur Moore. Il doit éviter que le conflit entre les anglais et les pirates ne s'envenime et empêcher Mallory, son ennemi juré depuis son amnistie, de s'emparer de l'ile. Les côtes de Hornos sont également très convoitées pour les perles qu'elles recèlent.
Durant sa mission McDonald va devoir affronter de nombreux traitres dont la belle Mary, une séduisante arriviste, qui ont pour objectif de le renverser pour mieux s'emparer des perles de l'ile surnommée l'ile sanglante puisque ses eaux sont infestées de requins qui gardent les fameuses perles.
A une époque où le film de pirates n'était plus vraiment de mode José Luis Merino nous offre une honnête petite bande océane qui malgré un scénario peu original se laisse visionner d'un bout à l'autre avec grand plaisir. Tous les ingrédients du genre sont au rendez-vous. Il y a d'un coté un officier aussi séduisant qu'il est fourbe et méchant à la tête de boucaniers
déterminés, de l'autre un ancien pirate anglais devenu capitaine dont la mission est d'empêcher son ennemi de s'emparer de perles. Au programme bon nombre de tricheries, de traitrises, de virements de bord qui vont donner lieu à de nombreux duels, bagarres, assauts tant sur terre que sur mer, de jour ou de nuit, scènes sous marines dont la plus fameuse est celle avec les requins qui a donné au film son titre italien, de quoi satisfaire les amateurs de squales malgré d'évidents stock-shots, et quelques douces tortures mais on reste néanmoins dans un spectacle familial, point d'excès donc. Ces réjouissances sont adoucies par un intermède musical inattendu droit sorti d'une vieille comédie musicale dirait-
on (une chanson sirupeuse en plein bagne interprétée par un jeune et ravissant pirate) et quelques scènes romantiques quelque peu mielleuses, l'ensemble judicieusement relevé par une partition musicale efficace amenée par un solide chant marin entêtant.
Il faut reconnaitre que José Luis Merino a su donner au film un petit coté épique non négligeable tout à fait plaisant notamment lors de ses séquences de bataille et surtout d'assaut malgré l'utilisation de maquettes qui font cependant illusion puisque bien intégrées dans les très beaux paysages côtiers et marins du littoral espagnol simulant parfaitement le Pacifique. L'action, omniprésente et bien rythmée, est très correctement mise en scène et ne
laisse que peu de place aux temps morts jusqu'au final qui verra les deux ennemis s'affronter lors d'un duel à l'épée les pieds dans l'eau, joliment filmé sur fond d'un ciel bleu azur, mais qui pourra décevoir dans sa conclusion, chacun préférant épargner l'autre ou comment peut être envisagée une éventuelle séquelle.
L'interprétation est plus que correcte même si on peut regretter le choix de Stelvio Rosi (le Capitaine Mallory), ex-idole des comédies musicales italiennes estampillées années 60, futur mousquetaire (Li chiamavano i tre moschettieri ma invece erano quattro) et futur Scaramouche (Da Scaramouche o se vuoi l'assoluzione baciar devi sto cordone! ) l'année
suivante, toujours aussi blond et séduisant maniant certes très bien l'épée mais Rosi n'a pas vraiment l'étoffe d'un redoutable pirate, un peu trop fade comme d'accoutumée. Un peu plus de poigne dans la peau de ce méchant n'aurait pas été un luxe. Il est facilement supplanté par le solide espagnol Charles Quiney, McDonald son adversaire, qui incarna par trois fois Zorro mais aussi Robin des Bois, plus convaincant dans la peau du bon pirate repenti. On retiendra la prestation de Pasquale Basile (Pasquale) dans un registre comique très
agréable ici notamment lors d'une séquence de duel fort drôle. L'atout féminin est quant à lui représenté par la brune italienne Maria Pia Conte et Maria Dolores Tovar, éphémère starlette du cinéma ibérique, aussi blonde que fourbe et girouette. Cet inversement des stéréotypes est intéressant puisque si la blonde et non pas la brune est cette fois la perverse c'est également le beau capitaine corsaire (blond une fois encore) qui est ici le méchant (Rosi) et le brun barbu plutôt rustre (Quiney) le gentil.
La rebelion de los bucaneros est un petit film de pirates fort honnête, distrayant, un spectacle familial épique aux senteurs iodées comme on les aime que l'amateur prendra plaisir à découvrir.