David Prowse n'est plus: Au revoir Seigneur Vador!
Il était une fois dans un temps lointain... celui de notre enfance, de notre adolescence, un temps où Internet n'existait pas encore, où le seul moyen pour assouvir notre curiosité de cinéphile en herbe était la presse écrite, nos chères revues et chers journaux d'époque. En ce temps là la presse n'était pourtant pas encore ce qu'elle est aujourd'hui, disponible. Nos petits yeux avides de découvertes devaient le plus souvent se contenter des éditions françaises souvent limitées. Les plus débrouillards parvenaient à se procurer des revues étrangères pour y trouver l'information tant recherchée sur tel film, tel acteur. Ah ces acteurs qui nous faisaient rêver, ces noms qui sonnaient si mystérieux! Celui de David Prowse en faisait partie. Nous étions en 1977. Nous étions encore jeunes et innocents. La France, fébrile, découvrait l'univers Star wars, avec lui la folie qui l'accompagnait toute imprégnée de
cette Force mystique, qu'elle soit bienveillante ou maléfique. Du fin fond de l'univers son souffle rauque, sa voix sépulcrale, son imposante silhouette noire surmontée d'un casque qui dissimulait à jamais son visage se sont vite imposés. Dark Vador, sombre héros qui marqua à jamais nos esprits jusqu'à devenir notre vénéré Dieu. Avec lui un nom: David Prowse. Qui n'a pas étant enfant en cette fin de décennie magique voulu découvrir qui se cachait sous cette ténébreuse armure, savoir à quoi pouvait ressembler cet énigmatique David Prowse. Enfant, le Maniaco n'en dormait plus la nuit, hanté par ce nom. Mais impossible d'en connaitre plus ici dans notre Hexagone étriqué. Têtu, obstiné c'est vers papa Maniaco qu'il a fallu se tourner et quémander de l'argent pour se procurer aux USA quelques revues spécialisées qui mettaient des mois à parvenir ici.
C'était aussi le temps où à force de recherches quelques photos de David dans ses autres films arrivèrent entre les mains d'un Maniaco encore puceau mais une fois encore des photos où il apparaissait grimé: Frankenstein et le monstre de l'enfer (fabuleusement simiesque), Les horreurs de Frankenstein. Puis O extase! est arrivé Orange mécanique avec un David enfin nature uniquement vêtu d'un slip rouge. Un visage, des lunettes, un corps de body builder. Dark Vador prenait forme humaine. Vint enfin le Graal, droit de Los Angeles. une revue consacrée à Star wars en noir et blanc avec à l'intérieur une photo de tournage où Dark Vador sans son casque se tenait aux cotés de Carrie Fisher et Peter Cushing, un cliché qui m'accompagna une bonne partie de ma vie... David n'avait plus de secret. Dark Vador avait un visage. Dark Vador, seigneur noir des Sith était bel et bien un homme comme vous et moi.
Les années ont passé, les moyens d'information ont évolué et la technologie a fait le reste. David Prowse/Dark Vador, Dark Vador/David Prowse. L'un est indissociable de l'autre. L'un comme l'autre font partie de notre culte galactique. La disparition de David (encore plus que celle de Peter Mayhew) c'est toute une partie de notre vie qui part avec lui mais c'est aussi toute une foule de souvenirs qui ressurgissent car beaucoup ont du vivre ce que le petit Maniaco que je fus a vécu. Cette insolente, incandescente curiosité à vouloir savoir qui étaient ces héros masqués qui faisaient battre nos coeurs.
Emporté par le coronavirus David, handicapé depuis de longues années déjà suite à une opération du genou, nous a quitté ce 28 novembre 2020 à l'âge de 85 ans. Cet ex-Monsieur
univers d'origine anglaise était tout simplement un homme adorable, d'une gentillesse extrême, bourré d'humour y compris sur ce redoutable vilain aujourd'hui culte qu'il interpréta durant toute la première trilogie (la seule, l'unique, l'incomparable) malgré des regrets et quelques amertumes de ne pas avoir eu la reconnaissance qu'il aurait aimé avoir, lésé par un George Lucas parfois mesquin.
David Prowse s'en est allé mais son nom comme celui du seigneur des forces obscures qu'il personnifia lui survivront durant encore de nombreuses générations. Pour nous fans invétérés de la première heure Dark Vador est éternel, un Jedi ne meurt pas, il survit. David également. Ce n'est pas un au revoir encore moins un adieu car il est toujours là. C'est
simplement notre jeunesse qui s'enfuit comme le chantait Yves Simon il y a bien des années.
Exceptionnellement en hommage au seigneur Vador décédé le jour de l'anniversaire de votre dévoué serviteur et maitre des lieux cette nécrologie restera quelques temps en tête de site. Un personnage aussi immense méritait amplement une chronique différente des autres nécrologies, bien plus personnelle, plus singulière, plus intime, ce seigneur en lequel le Maniaco aimerait se réincarner si jamais la réincarnation existait, si le choix entre Dark Vador, pardon Darth Vader, et un des quatre dignitaires bourreaux de Salo et les 120 journées de sodome était possible. Insoluble dilemme.
Que le coté le plus obscur de la Force soit avec toi, avec vous, à jamais!