Maniaco Deprebis

Tourné au printemps 1981 Orgasmo non stop est le septième film porno produit et dirigé par Mario Siciliano après La zia svedese, Sesso allegro, Porno lui erotica lei, Orgasmo esotico, Attenti... a quelle due ninfomani et Carnalita morbosa. Si le terme non stop est un peu exagéré il faut avouer que les scènes de sexe s'enchainent assez vite et servent avant tout de remplissage à un scénario embryonnaire dira t-on. L'histoire tourne autour de Marina, une très séduisante femme qui se fait passer pour une professeur d'anglais. Elle donne des cours à domicile à un couple plutôt singulier, Luigi qui souhaite devenir acteur hollywoodien

d'où les cours d'anglais, et sa femme, une sainte selon ses dires, qui n'ose même pas imaginer quelle serait sa réaction si son époux la trompait. Arrive Prune, une femme de couleur spécialiste du vol de porte-feuille mais franchement malchanceuse. Marina l'invite à la villa du couple qui se libère sexuellement grâce à la jeune femme. C'est alors que Marina a eu une idée. Faire jouer Luigi et sa femme dans une histoire qu'elle aurait écrite. Elle met en scène une orgie romaine à la villa. C'est alors que débarquent deux ambulanciers. Marina n'a jamais été professeur. Elle s'est échappée d'un asile psychiatrique. Ils viennent la chercher

Ainsi résumé le scénario peut paraitre consistant mais ce ne sont et ça ne reste que les grandes lignes d'une histoire qui reste au stade d'esquisse. Ce qui est une habitude récurrente dans le hardcore. Après tout on est là avant tout pour des scènes de sexe. Ne perdons donc pas de temps. Au bout de deux minutes tapante la première arrive. Marina, visiblement très en colère, marche le long d'un sentier de campagne, croise la route d'un jeune et séduisant jeune cycliste qui l'invite à monter sur sa selle et c'est dans une cabane de pierres qu'ils vont faire intimement connaissance. Et la campagne est bel et bien le décor principal du film, une veine pour celui qui aime les parties de jambes en l'air au milieu des

champs sous le soleil printanier. En fait on pourrait voir Orgasmo non stop comme une comédie porno campagnarde, bucolique. Certes la comédie hardcore n'a jamais volé très haut, les tentatives sont souvent désastreuses d'autant plus que les acteurs X n'ont guère l'étoffe ni de comiques ni de comédiens. Reste le plus souvent un ton enlevé, guilleret, léger, des bandes où les acteurs s'amusent visiblement. C'est le cas ici. Orgasmo non stop sent bon le printemps, la nature, les arbres en fleur, les petits chemins forestiers. Le soleil brille et Marina Frajese, encore fraiche et naturelle, est comme d'accoutumée radieuse. Elle s'en donne à coeur joie, aime le sexe et rien que pour sa lumineuse présence et sa soif de

plaisirs charnels Orgasmo non stop mérite un visionnage. Quant à Sonia Bennett, la plus italienne des jamaïcaines, la femme noire du X italien de la première heure, elle est moins vulgaire que d'habitude, donne elle aussi dans la comédie en interprétant une femme sans le sou et malchanceuse qui a toujours une astuce pour dérober un peu d'argent mais se fait sans cesse avoir. Elle finit donc toujours en pleurs, trépignant et tapant du poing lorsqu'elle n'est pas tout bonnement humiliée comme lorsque le patron d'un restaurant refuse ses avances mais lui ordonne de faire la vaisselle pour payer sa note! Désespérée on la retrouve un peu plus tard assise au sommet d'un arbre quand Marina l'aperçoit et lui demande si elle

est un fruit! C'est ainsi qu'elle va la prénommer Prune. Marina adore les fruits! Voilà qui résume Orgasmo non stop. Les scènes de sexe quant à elles sont plutôt classiques mais Siciliano aime les godes, c'est un fait. A deux ou à trois mais on termine obligatoirement par une orgie. Et c'est là le second intérêt du film après son coté champêtre. Très bien filmée, visuellement bizarre, décadente, rythmée par une bande son rock jazzy aux sonorités par instant inquiétantes elle nous offre de somptueux passages dont une séquence homosex assez étonnante agrémentée de doigtages entre Fernando Arcangeli et un partenaire chevelu non identifié. Voilà qui est plutôt rare dans le cinéma X italien pour être signalé. Le

retournement de situation final totalement inattendu apporte une petite note d'émotion à l'ensemble. On se sentirait presque triste pour Marina. Quant à Sonia c'est surement le meilleur rôle de sa courte carrière. Le plan final sur son visage en larmes est l'image qu'on gardera de sa courte carrière.
Aux cotés de Marina et Sonia on retrouve les noms indissociables de cette première vague porno transalpin, le toujours vigoureux Paolo Gramignano, Luigi Tripodi, Bruno Romagnoli dans le rôle de l'époux qui donne bien du plaisir à Marina dans un pommier entre deux joggings autour de la villa, Mary Ramunno est la servante qui butine toutes les corolles et

tous les pistils et Sandy Samuel qui débarque pour la partouze finale sans oublier Fernando Arcangeli en danseuse travestie. La présence de Carla Calo et Giuseppe Cardone, les parents de Paolo Gramignano, de bons ruraux caricaturaux, apportent une note d'humour supplémentaires.
Bercé par les musiques allègres de Stelvio Cipriani mais aussi celles de Nico Fidenco, un joli recyclage on s'en doute, Orgasmo non stop est un agréable petit hardcore printanier, campagnard, ensoleillé, qui tente comme il peut de mêler comédie, humour, émotion et

pornographie avec les limites qu'on imagine, un mélange qui fonctionne cependant et fera passer un excellent moment à l'amateur pornocrate. Il reste un des meilleurs X de son auteur.
Pour l'anecdote deux scènes du film seront réutilisées l'année suivante pour L'amica di Sonia, un X composite né d'un assemblage de scènes prises dans diverses X du réalisateur auxquelles il en rajouta de nouvelles.